Pratiquer les vertus avec Sainte Marie (St Louis-Marie et St Jean de la Croix)

Pratiquer les vertus avec Sainte Marie (St Louis-Marie et St Jean de la Croix)

« La vraie dévotion à la Vierge est , c'est-à-dire qu'elle porte une âme à éviter le péché et imiter les vertus de la Très Vierge, particulièrement son humilité profonde, sa foi vive, son obéissance aveugle, son oraison continuelle, sa mortification universelle, sa pureté divine, sa charité ardente, sa patience héroïque, sa douceur angélique et sa sagesse divine.

Ce sont les dix principales vertus de la Très Vierge. »[1]

Nous sommes fidèles à saint Louis-Marie de Montfort en puisant les explications chez saint Jean de la croix, qui, avec Thérèse d'Avila, réforma le Carmel : en effet, Montfort hérite de Bérulle qui introduisit le Carmel en France : c'est la même veine de spiritualité.

L'humilité profonde :

L’humilité est une valeur.

L’humilité rend libre : libre du désir d’être approuvé humainement, libre du désir d’être honoré sur la terre etc.

L’humilité fait avancer, parce qu’on n’a pas peur, pas peur d’être mis de côté, pas peur d’être calomnié, etc.

L’humilité personnalise, parce qu’on a compris que chacun a un appel unique, une forme unique de sainteté.

L’humilité rend disponible à la grâce : ce que je ne peux pas faire, la grâce le fera en moi.

L'humilité, c'est aussi ne pas se glorifier : ces biens dont nous voudrions nous glorifier, « nous ne savons même pas si les possédons. »[2]

Saint Jean de la Croix dit aussi : « Aimez à être inconnu de vous et des autres, et ne vous occupez jamais du bien et du mal d'autrui. » [3]

La foi vive :

« La foi est le plus sûr refuge de l'âme, car l'Esprit Saint est alors sa lumière. Plus une âme est pure et enrichie par la perfection d'une foi vive, plus elle possède la charité infuse de Dieu, et plus elle reçoit en abondance les lumières et les dons surnaturels. » [4]

« L'âme qui s'appuie sur sa propre sagesse, sur ses goûts ou ses sentiments ne voit pas que tous ces moyens sont sans valeur et sans proportion avec un tel but ; aussi elle s'égare facilement ou s'arrête en chemin, parce qu'elle ne s'appuie pas aveuglément sur la foi seule qui est son vrai guide. » [5]

L'obéissance :

« Que vous sert de donner à Dieu une chose, s'il vous en demande une autre ? Considérez ce que Dieu veut et faites-le. Par là, vous donnerez plus de satisfaction à votre cœur qu'en suivant votre propre inclination. » [6]

« Le Christ n'a pas dit dans son Evangile : 'Je serai là où sera un seul home, mais là où seront au moins deux ensemble', pour nous faire entendre que personne ne peut par lui-même avoir la foi ou s'affermir dans les choses qu'il regarde comme venant de Dieu, mais que chacun soit se régler d'après le conseil et la direction de la Eglise et de ses ministres. » [7]

N.B. Marie a une obéissance « aveugle », capable de traverser la nuit obscure de la foi, jusqu'à la nuit de Pâques.

Le New age n'enseigne pas l'obéissance au Dieu vivant ; il imagine que l'homme est son propre dieu, et, en réalité, enferme les gens dans leur sensibilité (mouvante) et leur ferme la voie de la vie spirituelle. Les gourous aliènent la liberté des gens, ces gourous n'obéissent pas à Dieu et ne sont vérifiés par aucune collégialité.

L'oraison continuelle :

« Dans toutes nos nécessités, épreuves ou difficultés, il n'est point pour nous de secours meilleur et plus sûr que l'oraison et l'espérance que Dieu daignera pourvoir à tout par des moyens de son choix. » [8]

« Entrez dans votre intérieur, et travaillez en présence de l'Epoux divin, qui est toujours là à vous faire du bien. » [9]

« Ayez toujours soin d'avoir Dieu présent à votre esprit et de conserver en vous la pureté qu'il vous enseigne. » [10]

« Quand l'oraison a lieu dans une pure et simple intelligence de Dieu, elle semble très courte à l'âme, alors même qu'elle serait de longue durée ; c'est là l'oraison courte dont il est dit qu'elle pénètre les cieux. » [11]

La mortification universelle :

« Qu'un oiseau soit retenu par un lien de fer ou le fil le plus léger et le plus délicat, il ne pourra prendre son vol ; il reste prisonnier et captif tant que l'un ou l'autre n'aura pas été rompu. Ainsi l'âme qui est retenu par son affection aux choses humaines, si minimes qu'elles soient, ne pourra jamais, avant de briser ce lien, prendre son essor vers Dieu. » [12]

Ce lien est par exemple : des propriétés, un travail, un honneur ; un attachement désordonné à ce que l'on voit, entend, respire, goûte, touche ; cela peut-être un attachement à une qualité intellectuelle ou à une belle manière ; cela peut-être un orgueil tiré de nos bonnes actions ; cela peut aussi être un attachement à des biens spirituels ou à un charisme reçu de Dieu.

La pureté :

« Beaucoup d'âmes n'ont pas le désir la vertu, parce que leurs affections ne sont pas pures et qu'elles veulent autre chose que Dieu. » [13]

« De même que la terre doit être travaillée pour porter des fruits, sans quoi elle ne produirait que de mauvaises herbes, de même nos tendances désordonnées doivent être mortifiées pour que notre âme soit pure. » [14]

Marie a une pureté divine parce qu'elle est comme une terre travaillée qui a porté un fruit excellent, Jésus, que l'on appelle le Verbe de vie, et le pain de vie.

La charité ardente :

La charité envers le prochain vient de la pureté du cœur. Quand le cœur s'est détaché des biens naturels, il ne dit pas que telle personne est moins éduquée ; quand le cœur s'est détaché des biens sensibles, il ne dit pas que telle personne est moins belle ou sent mauvais ; un cœur pur ne dit pas comme le pharisien qu'il vaut mieux que le reste des hommes, etc... La pureté du cœur rend libre pour aimer tous les hommes.

Le cœur pur aime les vertus qui sont dans le prochain. Le cœur pur aime le prochain pour Dieu. Plus l'âme se souvient du prochain et plus elle se souvient de Dieu et le désire.

La Vierge Marie avait une charité de cette qualité.

La patience :

La patience est liée à l'amour... « Au milieu de la joie ou de l'adversité, ne manquez jamais de reposer votre cœur dans les entrailles de l'amour, afin de souffrir tout ce qui pourra se présenter. » [15]

« La voie de la souffrance est plus sûre et même plus profitable que celle de la jouissance et de l'action. D'abord notre âme reçoit dans la souffrance une participation à la force de Dieu, tandis que dans l'action et la jouissance elle exerce ses faiblesses et ses imperfections.

De plus, la souffrance lui fait exercer la vertu ; elle la purifie, et la rend plus sage et plus prudente. » [16]

La douceur :

« Dans le passereau solitaire nous remarquons cinq choses : la première, qu'il s'élève très haut ; la seconde, qu'il ne souffre point auprès de lui de compagnon, même de son espèce ; la troisième, qu'il tourne son bec du côté du vent ; la quatrième, qu'il n'a pas de couleur déterminée ; la cinquième, que son chant est plein de douceur.

Or telle doit être l'âme contemplative.

Il faut d'abord qu'elle s'élève au-dessus de toutes les choses passagères, et n'en fasse pas plus de cas que si elles n'existaient point.

Puis elle doit tant aimer la solitude et le silence qu'elle ne souffre la compagnie d'aucune autre créature.

Elle doit se tourner du côté du Saint Esprit, afin de correspondre à ses inspirations et ses désirs et se rendre par là plus digne de sa compagnie.

Elle ne doit point avoir de couleur précise, car elle ne se détermine qu'à ce qui est le plus conforme à la volonté de Dieu.

Enfin son chant doit être plein de douceur dans la contemplation et l'amour de son divin Epoux. » [17]

La sagesse :

« La sagesse entre en nous par l'amour, le silence et la mortification. C'est une grande sagesse que se savoir se taire et souffrir, sans se préoccuper des discours et de la vie du prochain. » [18]

« L'âme qui n'est pas éprouvée et exercée par les tentations et les souffrances ne saurait élever son sens intérieur vers la sagesse, car, ainsi qu'il est dit au livre de l'Ecclésiastique, celui qui n'est pas tenté, que sait-il ? » [19]

« Plus la souffrance est pure, et plus elle porte et amène avec elle une intelligence pure. » [20]

La Vierge Marie a une telle sagesse.


[1] Saint Louis Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion, § 107-108.

[2] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 327

[3] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 331

[4] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 102

[5] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 104

[6] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 69

[7] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 227

[8] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 246

[9] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 247

[10] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 248

[11] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 251

[12] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 207

[13] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 203

[14] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 205

[15] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 294

[16] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 298

[17] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 283

[18] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 178

[19] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 299

[20] Saint Jean de la Croix, Avis et Maximes 300


Synthèse Françoise Breynaert