Dans le dialogue de Platon intitulé « Phèdre » (édition Budé p. 88 et sv = 274d-277) Socrate évoque un mythe venu d’Égypte où l’on voit le dieu Teuth vanter devant le roi de Thèbe la valeur de ses inventions : calcul, géométrie, astronomie, jeux et enfin l’écriture.
Sur cette dernière « technique », le roi lui fait remarquer que l’inventeur n’est pas forcément le mieux placé pour évaluer les conséquences heureuses ou maléfiques qu’il apporte ainsi à l’humanité ; Le Roi de Thèbes doute fort que l’écriture soit une médecine pour améliorer la mémoire et la culture d’un peuple :
Après avoir parlé par la médiation d’un mythe qu’il invente peut-être (telle est en tout cas l’impression de son disciple, Phèdre) Socrate poursuit sa réflexion.
Il insiste sur le rôle potentiellement positif de l’écrit, si on parvient à lui garder sa fonction d’aide-mémoire. L’homme de culture donc a raison d’utiliser l’écriture car « il thésaurise ainsi pour lui des aide-mémoire en prévision de l’oublieuse vieillesse si jamais il y parvient ». Mais qu’il fasse bien attention ! Cette parole-là, ce « logos » mis par écrit, n’est que « le simulacre d’une autre, celle qui s’écrit dans la « psychê » de celui qui apprend, parole vivante », seule capable de jouer le jeu d’une authentique relation entre les hommes.
Que se passe-t-il entre l’émetteur et le récepteur si la communication ne fonctionne que par la médiation de l’écrit ?
Socrate compare ici les paroles écrites à des peintures représentant des hommes : ils me semblent vivants… Mais, si je leur pose une question, pleins de dignité, ils se taisent !