548 - La résurrection de Lazare (mardi 25 décembre 29)

Evangiles

Date

Mardi 25 décembre 29

Lieu : 

Béthanie

 

Vision de Maria Valtorta :

548.1 Jésus arrive à Béthanie par Ensémès. Ils doivent s’être épuisés en se hâtant par les sentiers casse-cou des monts Hadomim. A bout de souffle, les apôtres ont du mal à suivre Jésus qui avance à grands pas, comme si l’amour l’emportait sur ses ailes de feu. Jésus marche devant, la tête droite sous les tièdes rayons du soleil de midi, souriant radieusement

Avant qu’ils ne parviennent aux premières maisons de Béthanie, ils sont aperçus par un petit garçon déchaussé qui se rend à la fontaine près du village avec un broc de cuivre vide. Il pousse un cri, pose le broc par terre et file au pas de course, de toute la vitesse de ses petites jambes, vers le village.

« Il va sûrement prévenir que tu arrives » remarque Jude après avoir souri, comme tous les autres, de la décision… énergique du gamin, qui a même abandonné son récipient à la merci du premier venu.

548.2 La petite ville, vue ainsi d’auprès de la fontaine, qui est un peu plus haute, paraît tranquille, comme déserte. Seule la fumée grise qui s’élève des cheminées indique que, dans les maisons, les femmes sont occupées à préparer le repas de midi. Quelque grosse voix masculine parmi les oliviers et les vergers vastes et silencieux avertit que les hommes sont au travail. Malgré cela, Jésus préfère prendre un chemin qui contourne le village pour arriver chez Lazare sans attirer l’attention.

Ils sont presque à mi-parcours quand ils entendent derrière eux le jeune garçon de tout à l’heure, qui les dépasse en courant puis s’arrête au milieu du chemin pour regarder Jésus d’un air pensif…

« Paix à toi, petit Marc, tu as eu peur de moi, pour t’être enfui ainsi ? demande Jésus en lui faisant une caresse.

– Oh ! non, Seigneur, je n’ai pas eu peur. Mais, comme pendant plusieurs jours Marthe et Marie ont envoyé des serviteurs sur nos routes pour voir si tu venais, maintenant que je t’ai vu, j’ai couru leur annoncer ton arrivée…

– Tu as bien fait. Les sœurs vont se préparer le cœur à me voir.

– Non, Seigneur. Les sœurs ne vont rien se préparer, car elles ne savent rien. Ils n’ont pas voulu me laisser leur parler. On m’a attrapé quand j’ai dit, en entrant dans le jardin : “ Le Rabbi est là ”, et j’ai été chassé avec ces mots : “ Tu es un menteur ou un sot. Désormais, il ne viendra plus ; nous savons maintenant qu’il ne peut pas accomplir ce miracle. ” Et comme j’affirmais que c’était bien toi, on m’a donné deux gifles comme je n’en avais encore jamais reçu… Regarde ici mes joues rouges. Elles me brûlent ! Et on m’a poussé dehors en ajoutant : “ Voilà pour te purifier d’avoir regardé un démon ! ” Et je t’observais pour voir si tu étais devenu un démon. Mais je ne le vois pas. Tu es toujours mon Jésus, beau comme les anges, dont parle maman. »

Jésus se penche pour embrasser ses petites joues souffletées :

« Cela va faire passer la démangeaison. Je suis peiné que tu aies souffert pour moi…

– Moi pas, Seigneur, puisque ces gifles m’ont valu deux baisers de toi »

Et il s’attache aux jambes de Jésus dans l’espoir d’en obtenir d’autres.

« Dis un peu, Marc, qui t’a chassé ? Les serviteurs de Lazare ? demande Jude.

– Oh ! Non !… Les juifs ! Ils viennent pour le deuil tous les jours. Il y en a tant ! Ils sont dans la maison et dans le jardin. Ils viennent tôt, et repartent tard. Ils se donnent des allures de maîtres de maison. Ils maltraitent tout le monde. Tu remarques qu’il n’y a personne dans les rues ? Les premiers jours, on venait pour voir… mais ensuite… Maintenant, il n’y a que nous, les enfants, qui tourniquons pour… Oh ! mon broc ! Maman qui attend l’eau… Elle va me battre, elle aussi !… »

Tous sourient de son air désolé devant la perspective d’autres claques, et Jésus lui dit :

« Alors dépêche-toi…

– C’est que… je voulais entrer avec toi et te voir accomplir le miracle… » Et il achève : « …et voir la tête qu’ils vont faire… pour me venger des gifles…

– Non, tu ne dois pas désirer la vengeance. Tu dois être bon et pardonner… Mais ta mère attend l’eau…

– J’y vais moi-même, Maître. Je sais où habite Marc. J’expliquerai à la femme, puis je te rejoindrai… » propose Jacques, fils de Zébédée.

Et il s’éloigne au pas de course.

Ils se remettent en marche lentement, et Jésus tient par la main l’enfant ravi…

548.3 Les voilà parvenus à la grille du jardin. De nombreuses montures y sont attachées, surveillées par les serviteurs de chaque propriétaire. Les discussions des apôtres attirent l’attention de quelques juifs qui se tournent vers le portail ouvert, juste au moment où Jésus franchit la limite du jardin.

« Le Maître ! » s’exclament les premiers à l’apercevoir.

Ce mot court comme le bruissement du vent d’un groupe à l’autre, se propage, passe comme une vague venue de loin se briser sur la rive, parvient aux murs de la maison et y pénètre, répété certainement par de nombreux juifs présents ou par quelques pharisiens, rabbis, scribes ou sadducéens disséminés ça et là.

Jésus y entre très lentement tandis que les uns accourent de tous côtés, et que les autres s’écartent du sentier où il se trouve. Et comme personne ne le salue, lui non plus ne salue personne, comme s’il ne connaissait même pas un grand nombre des individus rassemblés là pour l’observer. La plupart ont les yeux flambants de colère, sinon même de haine, hormis un petit nombre d’hommes qui sont secrètement ses disciples ou qui, du moins, ont le cœur droit et qui, s’ils ne l’aiment pas comme disciples, le respectent comme juste. A ce groupe appartiennent Joseph, Nicodème, Jean, Eléazar, un autre scribe appelé Jean lui aussi, vu à la multiplication des pains, et un troisième Jean qui a rassasié la foule à la descente du mont des Béatitudes, Gamaliel accompagné de son fils, Josué, Joachim. Il y a aussi Manahen, le scribe Joël d’Abia rencontré au Jourdain dans l’épisode de Sabéa, Joseph Barnabé — un disciple de Gamaliel — et Kouza, qui regarde Jésus de loin, un peu intimidé de le revoir après sa méprise, ou peut-être retenu par le respect humain et n’osant pas s’avancer comme ami. Il est certain qu’il n’est salué ni par ses amis, ni par ceux qui l’observent sans hargne, ni par ses ennemis. Et puisque, en retour, Jésus ne salue pas, il s’est contenté d’esquisser une vague inclination en posant le pied dans l’allée. Puis il a continué tout droit comme s’il était étranger à l’assistance nombreuse qui l’entoure. Le jeune garçon marche toujours à ses côtés, dans ses vêtements de petit paysan, avec ses pieds nus d’enfant pauvre, mais il a l’air en fête, le visage lumineux, avec ses petits yeux noirs, vifs, bien ouverts pour tout voir… et pour défier la foule…

548.4 Marthe sort de la maison au milieu d’un groupe de juifs venus rendre visite, au nombre desquels se trouvent Elchias et Sadoq. De la main, elle protège ses yeux las de pleurer, gênés par la lumière, pour voir où est Jésus. A peine le voit-elle, elle se détache de ceux qui l’accompagnent et court vers son Maître, à quelques pas du bassin rendu tout brillant par les rayons du soleil. Après s’être inclinée, elle se jette aux pieds de Jésus et les baise puis, éclatant en sanglots, elle dit :

« Paix à toi, Maître ! »

Jésus aussi, dès qu’il l’a vue près de lui, lui a dit : « Paix à toi ! » et il a levé une main pour la bénir, en lâchant celle de l’enfant, que Barthélemy attire un peu en retrait.

Marthe poursuit :

« Mais ta servante ne connaît plus la paix. »

Toujours agenouillée, elle lève la tête vers Jésus. Et, dans un cri de douleur, que l’on entend parfaitement dans le silence qui s’est fait, elle s’écrie :

« Lazare est mort ! Si tu avais été ici, il ne serait pas mort. Pourquoi n’es-tu pas venu plus tôt, Maître ? »

Elle prend un ton involontaire de critique. Puis elle revient au ton accablé de quelqu’un qui n’a plus la force de faire des reproches et dont l’unique réconfort est de rappeler les dernières actions et les derniers désirs d’un parent dont on a cherché à satisfaire les désirs et pour qui on n’a pas de remords dans le cœur :

« Lazare, notre frère, t’a tant appelé !… Maintenant, vois ! Je suis inconsolable et Marie pleure sans pouvoir trouver la moindre paix. Et lui n’est plus ici. Tu sais combien nous l’aimions ! Nous espérions tout de toi !… »

Un murmure de compassion pour la femme et de blâme à l’adresse de Jésus, un assentiment à la pensée sous-entendue : « tu aurais pu nous exaucer, nous le méritions en raison de l’amour que nous avons pour toi, or tu nous as déçues » courent de groupe en groupe, accompagnés de hochements de tête ou de regards ironiques. Seuls quelques disciples secrets, disséminés dans la foule, éprouvent visiblement de la compassion pour Jésus, qui écoute, très pâle et affligé, la femme éplorée qui s’adresse à lui. Gamaliel, les bras croisés dans son ample et riche vêtement de laine très fine, orné de nœuds bleus, se tient un peu à l’écart dans le groupe de jeunes où se trouvent son fils et Joseph Barnabé, et observe intensément Jésus, sans haine, mais sans amour.

Marthe, après s’être essuyé le visage, reprend :

« Mais j’espère encore, car je sais que tout ce que tu demanderas à ton Père te sera accordé. »

Par cette douloureuse et héroïque profession de foi, prononcée d’une voix que les larmes font trembler, avec un regard qui tremble d’angoisse, elle exprime l’ultime espérance qui tremble dans son cœur.

« Ton frère ressuscitera. Lève-toi, Marthe. »

Marthe obéit tout en restant courbée en vénération devant Jésus, à qui elle répond :

« Je le sais, Maître. Il ressuscitera au dernier jour.

– Je suis la Résurrection et la Vie. Quiconque croit en moi, même s’il est mort, vivra. Et celui qui croit et vit en moi ne mourra pas éternellement. En es-tu convaincue ? »

Jésus, qui d’abord avait parlé à mi-voix et uniquement à Marthe, hausse le ton pour dire ces phrases où il proclame sa puissance divine, et son timbre parfait résonne comme une trompette d’or dans le vaste jardin. Une sorte de frémissement d’épouvante secoue l’assistance. Mais ensuite certains ironisent en hochant la tête.

Marthe, à qui Jésus semble vouloir transmettre une espérance de plus en plus forte en tenant la main appuyée sur son épaule, lève la tête, qu’elle gardait penchée. Elle la tourne vers Jésus, plonge un regard affligé dans les lumineuses pupilles du Christ et, les mains serrées sur son cœur, elle répond avec une angoisse différente :

« Oui, Seigneur. Je le crois. Je crois que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, venu dans le monde. Et que tu peux tout ce que tu veux. Je le crois. 548.5 Maintenant, je cours prévenir Marie. »

Elle s’éloigne rapidement puis disparaît à l’intérieur de la maison.

Jésus reste à sa place, ou, plus exactement, il fait quelques pas et s’approche du parterre qui entoure le bassin. Ce parterre est tout éclairé de ce côté par la fine poussière du jet d’eau qu’un vent léger éparpille comme avec un plumet d’argent. Jésus paraît se perdre dans la contemplation du frétillement des poissons sous le voile de l’eau limpide, et de leurs jeux qui mettent des virgules d’argent et des reflets d’or dans le cristal des eaux frappées par le soleil.

Les juifs l’observent. Ils se sont involontairement séparés en groupes bien distincts. D’un côté, en face de Jésus, tous ceux qui lui sont hostiles : habituellement divisés par esprit sectaire, les voilà maintenant d’accord pour s’opposer à Jésus. A côté de lui, derrière les apôtres, que Jacques, fils de Zébédée a rejoints, se tiennent Joseph, Nicodème et les autres à l’esprit bienveillant. Plus loin, Gamaliel, toujours à sa place et dans la même attitude, est seul, car son fils et ses disciples se sont séparés de lui pour se répartir entre les deux groupes principaux afin d’être plus proches de Jésus.

548.6 Poussant son cri habituel : « Rabbouni ! », Marie sort de la maison en courant, les bras tendus vers Jésus. Elle se jette à ses pieds, qu’elle baise en sanglotant. Plusieurs juifs, qui étaient dans la maison avec elle et l’ont accompagnée, unissent à ses larmes les leurs… d’une sincérité douteuse. Maximin, Marcelle, Sarah et Noémie ont suivi Marie ainsi que tous ses serviteurs, et de grandes lamentations s’élèvent. Je crois qu’il n’est resté personne dans la maison. Marthe, en voyant sangloter ainsi Marie, redouble elle aussi de larmes.

« Paix à toi, Marie. Lève-toi ! Regarde-moi ! Ce sont les personnes sans espérance qui pleurent ainsi. Alors pourquoi vous ? »

Jésus se penche pour dire ces mots tout doucement, ses yeux dans les yeux de Marie. Celle-ci, à genoux, assise sur les talons, tend vers lui ses mains dans un geste d’invocation, mais ne peut parler tant elle sanglote.

« Ne t’ai-je pas dit d’espérer au-delà de ce qui est croyable pour voir la gloire de Dieu ? Est-ce que par hasard ton Maître aurait changé, pour que tu aies raison d’être ainsi torturée ? »

Mais Marie n’écoute pas les mots qui veulent déjà la préparer à une joie trop forte après tant d’angoisse et, finalement maîtresse de sa voix, elle s’écrie :

« Oh ! Seigneur ! Pourquoi n’es-tu pas venu plus tôt ? Pourquoi t’es-tu tellement éloigné de nous ? Tu savais pourtant que Lazare était malade ! Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Pourquoi n’es-tu pas venu ? Je devais avoir encore le temps de lui montrer que je l’aimais. Il devait vivre ! Je devais lui montrer que je persévérais dans le bien. Je l’ai tant angoissé, mon frère ! Et maintenant ! Maintenant que je pouvais le rendre heureux, il m’a été enlevé ! Tu pouvais me le laisser, donner à la pauvre Marie la joie de le consoler après lui avoir causé tant de souffrances. Oh ! Jésus ! Jésus ! Mon Maître ! Mon Sauveur ! Mon espérance ! »

Et elle s’abat de nouveau, le front sur les pieds de Jésus, qui se trouvent de nouveau baignés des larmes de Marie. Elle gémit :

« Pourquoi avoir agi ainsi, Seigneur ? ! Même à cause de ceux qui te haïssent et se réjouissent de ce qui arrive… Pourquoi as-tu fait cela, Jésus ? ! »

Mais, contrairement à Marthe, il n’y a pas un seul reproche dans le ton de la voix de Marie, il y a seulement la détresse d’une femme qui, outre sa douleur de sœur, éprouve aussi celle d’une disciple qui sent l’estime de son Maître amoindrie dans le cœur d’un grand nombre.

Jésus, tout incliné pour entendre ces paroles qu’elle murmure la face contre terre, se redresse et dit à haute voix :

« Marie, ne pleure pas ! Ton Maître aussi souffre de la mort de son ami fidèle… car il a dû le laisser mourir… »

Oh ! quelle ironie et quels regards de triomphe haineux chez les ennemis du Christ ! Ils le voient vaincu et s’en réjouissent, alors que ses amis s’assombrissent.

Jésus dit encore plus fort :

« Mais, je te le dis : ne pleure pas. Lève-toi ! Regarde-moi ! Crois-tu que, moi qui t’ai tellement aimée, j’ai agi ainsi sans raison ? Peux-tu croire que je t’ai causé cette peine inutilement ? Viens. 548.7 Allons vers Lazare. Où l’avez-vous mis ? »

Jésus n’interroge pas Marie et Marthe, que leurs sanglots étouffent, mais il s’adresse à tous les autres, surtout à ceux qui, sortis avec Marie de la maison, semblent les plus troublés. Ce sont peut-être des parents plus âgés, je ne sais pas. Et ceux-ci répondent à Jésus, visiblement affligé : « Viens et vois. » Ils prennent la direction du tombeau, à l’extrémité du verger, là où le sol a des ondulations et des veines de roche calcaire qui affleurent à la surface du sol.

Marthe, à côté de Jésus qui a forcé Marie à se lever et qui la conduit — car elle est aveuglée par ses larmes —, lui montre de la main l’endroit où se trouve Lazare et, quand ils s’en approchent, elle dit :

« C’est ici, Maître, que ton ami est enseveli. »

Et elle indique la pierre posée obliquement à l’entrée du tombeau.

Pour s’y rendre, Jésus, suivi de la foule, a dû passer devant Gamaliel. Mais ils ne se sont toujours pas salués. Gamaliel s’est ensuite uni aux autres, en s’arrêtant comme tous les pharisiens les plus rigides à quelques mètres du tombeau, alors que Jésus s’avance tout près avec les sœurs, Maximin et ceux qui sont peut-être des parents. Jésus contemple l’énorme pierre qui sert de porte et forme un lourd obstacle entre lui et son ami défunt, et il pleure. Les sœurs redoublent de larmes, imitées par les intimes et les familiers.

548.8 « Enlevez cette pierre » s’écrie soudain Jésus, après s’être essuyé les yeux.

Tous ont un geste d’étonnement et un murmure court dans l’assistance, grossie de quelques habitants de Béthanie qui sont entrés dans le jardin et se sont placés derrière les hôtes. Je vois certains pharisiens se toucher le front en secouant la tête comme pour laisser entendre : « Il est fou ! »

Personne n’exécute l’ordre. Même chez les plus fidèles, on hésite, on répugne à l’obéir.

Jésus réitère plus fort son ordre, effrayant encore davantage les gens. Pris par deux sentiments opposés et après avoir pensé à fuir, ils s’approchent soudain pour voir, défiant la puanteur toute proche du tombeau que Jésus veut faire ouvrir.

« Maître, ce n’est pas possible » intervient Marthe en s’efforçant de retenir ses pleurs pour parler : « Voilà déjà quatre jours qu’il est là-dessous. Et tu sais de quelle maladie il est mort ! Seul notre amour pouvait le soigner… Maintenant, l’odeur est certainement encore plus forte malgré les onguents… Que veux-tu voir ? Sa pourriture ?… On ne peut pas… même à cause de l’impureté de la corruption et…

– Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? Enlevez cette pierre, je le veux ! »

C’est un cri de volonté divine…

Un “ oh ! ” étouffé jaillit de toutes les poitrines. Les visages deviennent blêmes, certains tremblent comme s’il était passé sur l’assistance un vent glacial de mort.

Marthe fait un signe à Maximin, et celui-ci ordonne aux serviteurs d’aller chercher les outils nécessaires pour remuer la lourde pierre.

Les serviteurs partent rapidement, pour revenir avec des pics et des leviers robustes. Ils travaillent en faisant entrer la pointe brillante des pics entre la roche et la pierre, puis ils remplacent les pics par les leviers, et enfin ils soulèvent avec précaution la pierre en la faisant glisser d’un côté et en la traînant ensuite prudemment contre la paroi rocheuse. Une puanteur infecte s’échappe du trou obscur, et fait reculer la foule.

Marthe demande tout bas :

« Maître, tu veux y descendre ? Si oui, il faut des torches… »

Mais elle est livide à la pensée qu’il puisse le faire.

548.9 Jésus ne lui répond rien. Il lève les yeux vers le ciel, ouvre les bras en croix et prie d’une voix très forte, en scandant les mots :

« Père ! Je te remercie de m’avoir exaucé. Je savais que tu m’exauces toujours, mais je le dis pour ceux qui sont présents ici, pour le peuple qui m’entoure, afin qu’ils croient en toi, en moi, et qu’ils sachent que tu m’as envoyé ! »

Il reste encore ainsi un moment, comme en extase, tant il est transfiguré. Silencieusement, il dit des paroles secrètes de prière ou d’adoration, je l’ignore. Ce que je sais, c’est qu’il a tellement dépassé l’humain qu’on ne peut le regarder sans se sentir le cœur trembler dans la poitrine. Il semble devenir éclatant en perdant son aspect corporel, se spiritualiser, grandir et même s’élever de terre. Tout en gardant la couleur de ses cheveux, de ses yeux, de sa peau, de ses vêtements, au contraire de ce qui s’était passé à la transfiguration du Thabor durant laquelle tout devint lumière et éclat éblouissant, il paraît dégager de la lumière ; on dirait que tout son être devient lumière. Celle-ci semble l’entourer d’un halo, en particulier son visage tourné vers le ciel, certainement ravi dans la contemplation du Père.

Il reste ainsi quelque temps, puis redevient lui-même, l’Homme, mais d’une majesté puissante. Il s’avance jusqu’au seuil du tombeau. Jusqu’à ce moment, il avait gardé les bras ouverts en croix, les paumes tournées vers le ciel ; maintenant, il les tend devant lui, les paumes vers la terre, de sorte que ses mains se trouvent déjà à l’intérieur du tunnel du tombeau, toutes blanches dans le noir. Il plonge le feu bleu de ses yeux, dont l’éclat miraculeux est aujourd’hui insoutenable, dans cette obscurité muette, et, d’une voix puissante, il pousse un cri plus fort que celui par lequel, sur le lac, il avait ordonné aux vents de tomber. De cette voix que je ne lui ai jamais entendue dans aucun miracle, il s’écrie :

« Lazare ! Sors ! »

L’écho répercute sa voix dans la cavité du tombeau et se répand ensuite à travers tout le jardin, puis contre les ondulations du terrain de Béthanie ; je crois même qu’il s’entend jusqu’aux premiers escarpements au-delà des champs et revient de là, répété et amorti, comme un ordre qui ne peut faillir. Il est certain que, de tous les côtés, on perçoit de nouveau : « sors ! sors ! sors ! »

Tous éprouvent un frisson plus intense et, si la curiosité les cloue sur place, les visages pâlissent, les yeux s’écarquillent, les bouches s’entrouvrent involontairement avec déjà dans la gorge un cri de stupeur.

Marthe, un peu en arrière et de côté, est comme fascinée en regardant Jésus. Marie, qui ne s’est jamais écartée de son Maître, tombe à genoux au bord du tombeau, une main sur la poitrine pour calmer les battements de son cœur, l’autre tenant inconsciemment et convulsivement un pan du manteau de Jésus. On se rend compte qu’elle tremble, car le manteau a de légères secousses provoquées par la main qui le tient.

548.10 Quelque chose de blanc semble émerger du plus profond du souterrain. C’est d’abord une petite ligne convexe, puis elle fait place à une forme ovale, à laquelle se substituent des lignes plus amples, plus longues, de plus en plus longues. Et celui qui était mort, enserré dans ses bandelettes, avance lentement, toujours plus visible, fantomatique, impressionnant.

A mesure que Lazare avance, Jésus recule, recule insensiblement, mais continuellement. La distance entre les deux reste donc la même.

Marie est contrainte de lâcher le pan du manteau, mais elle ne bouge pas de sa place. La joie, l’émotion, tout la cloue là où elle se tient.

Un “ oh ! ” de plus en plus net sort des gorges d’abord fermées par la crispation de l’attente. C’est d’abord un murmure à peine distinct qui se change en voix, et la voix devient un cri puissant.

Lazare est désormais au bord du tombeau et il s’arrête là, raide, muet, semblable à une statue de plâtre à peine ébauchée et donc informe. C’est une longue silhouette, mince à la tête, mince aux jambes, plus large au tronc, macabre comme la mort elle-même, spectrale dans la blancheur des bandes qui se détache sur le fond sombre du tombeau. Au soleil qui l’enveloppe, les bandes paraissent çà et là laisser couler la pourriture.

Jésus crie d’une voix forte :

« Déliez-le et laissez-le aller. Donnez-lui des vêtements et de la nourriture.

– Maître !… » balbutie Marthe.

Elle voudrait peut-être en dire davantage, mais Jésus la fixe des yeux, la subjuguant de son regard étincelant, et il lance :

« Ici ! Apportez immédiatement un vêtement ! Habillez-le en présence de tous et donnez-lui à manger. »

Il donne des ordres, mais ne se retourne jamais vers la foule qui se tient derrière et autour de lui. Ses yeux regardent seulement Lazare, Marie qui s’est approchée du ressuscité sans souci de la répulsion que tous ressentent à la vue des bandes souillées, et Marthe, qui halète comme si son cœur allait éclater et qui ne sait si elle doit crier sa joie ou pleurer…

548.11 Les serviteurs se hâtent d’exécuter les ordres. Noémie part la première en courant et revient avec des vêtements, qu’elle tient pliés sur son bras. Quelques-uns délient les lacets des bandelettes après avoir retroussé leurs manches et relevé leurs habits pour éviter qu’ils ne touchent la pourriture qui coule. Marcelle et Sarah reviennent avec des amphores de parfums, suivies de serviteurs portant, les uns des bassins et des brocs fumants d’eau chaude, les autres avec des plateaux, des bols pleins de lait, du vin, des fruits, des fouaces recouvertes de miel.

Les bandelettes étroites et très longues, de lin, me semble-t-il, garnies de liserés des deux côtés, et certainement tissées pour cet usage, se déroulent comme les rubans d’une grande bobine et s’entassent sur le sol, alourdies par les aromates et la pourriture. Les serviteurs les écartent en se servant de bâtons. Ils ont commencé par la tête, et là aussi de la pourriture s’est écoulée du nez, des oreilles, de la bouche. Le suaire placé sur le visage est trempé de ces souillures, et le visage de Lazare est dévoilé, très pâle, squelettique, tout maculé. Il a les yeux tenus fermés par des pommades étendues dans les orbites, les cheveux collés, de même que la barbiche du menton. Quand au drap mis autour du corps, il tombe lentement, à mesure que les bandelettes descendent, libérant le tronc qu’elles avaient comprimé pendant des jours, et rendant une forme humaine à cette espèce de grande chrysalide. Les épaules osseuses, les bras squelettiques, les côtes à peine couvertes de peau, le ventre creusé, apparaissent lentement. A mesure que les bandes sont retirées, les sœurs, Maximin et les serviteurs s’empressent d’enlever la première couche de crasse et de baume, et s’y appliquent en changeant continuellement l’eau rendue détergente par les aromates qu’on y a mis, jusqu’à ce que la peau soit nette.

548.12 Lorsqu’on a dégagé le visage de Lazare et qu’il peut voir, il tourne les yeux vers Jésus avant même de regarder ses sœurs. Il s’abstrait de tout ce qui se passe, il oublie tout, pour contempler son Jésus, avec un sourire d’amour sur ses lèvres pâles et l’éclat d’une larme au fond des yeux. Jésus lui rend son sourire. Lui aussi a une lueur de larme dans le coin de l’œil mais, sans mot dire, il dirige le regard de Lazare vers le ciel ; Lazare comprend et remue les lèvres en une prière silencieuse.

Marthe croit qu’il essaie de parler sans avoir encore retrouvé sa voix, et elle demande ;

« Que me dis-tu, mon Lazare ?

– Rien, Marthe. Je remerciais le Très-Haut. »

La prononciation est assurée, la voix forte. Les gens poussent de nouveau un “ oh ! ” étonné.

Maintenant que Lazare est dégagé jusqu’aux hanches, libéré et propre, on peut le revêtir de la tunique courte, une sorte de chemisette qui dépasse l’aine pour retomber sur les cuisses.

On le fait asseoir pour dégager ses jambes et les laver. Quand elles apparaissent, Marthe et Marie poussent un hurlement : sur les bandelettes qui enserraient les jambes, et sur le suaire posé dessous, les écoulements purulents sont si abondants qu’ils forment des grosses gouttes sur les toiles, mais les jambes sont manifestement tout à fait guéries. Seules des cicatrices d’un rouge-bleuâtre indiquent les endroits où elles étaient gangrenées.

Dans l’assistance, les cris d’ébahissement redoublent. Jésus sourit, de même que Lazare qui regarde un instant ses jambes guéries, puis s’abstrait de nouveau pour contempler Jésus. Il semble ne pouvoir se rassasier de le voir. Les juifs, pharisiens, sadducéens, scribes et rabbis s’approchent avec précaution pour ne pas souiller leurs vêtements. Ils observent de tout près Lazare, ils observent de tout près Jésus. Mais ni Lazare ni Jésus ne s’occupent d’eux : ils se regardent, et tout le reste est inexistant.

548.13 Enfin, on passe ses sandales à Lazare. Il se lève, agile, sûr de lui, prend le vêtement que Marthe lui présente et l’enfile tout seul, lie sa ceinture, ajuste les plis. Le voilà, maigre et pâle, mais semblable à tout le monde. Après avoir retroussé ses manches, il se lave encore les mains et les bras jusqu’aux coudes. Puis, avec une nouvelle eau, il se lave de nouveau la figure et la tête, jusqu’à ce qu’il se sente tout à fait net. Il essuie ses cheveux et son visage, rend la serviette au serviteur et s’avance vers Jésus. Il se prosterne, lui baise les pieds.

Jésus s’incline, le relève, le serre contre son cœur en lui disant :

« Bon retour, mon ami. Que la paix et la joie soient avec toi. Vis pour accomplir ton heureuse destinée. Lève la tête pour que je te donne le baiser de salutation. »

Il dépose un baiser sur les joues de Lazare, qui le lui rend.

C’est seulement après avoir vénéré et embrassé le Maître que Lazare parle à ses sœurs et les embrasse ; puis il embrasse Maximin et Noémi qui pleurent de joie, et certains autres que je crois être des parents ou des amis très intimes. Enfin, il embrasse Joseph, Nicodème, Simon le Zélote et quelques autres.

Jésus va personnellement trouver un serviteur qui a sur les bras un plateau avec de la nourriture ; il prend une fouace avec du miel, une pomme, une coupe de vin et présente le tout à Lazare, après les avoir offerts et bénits, pour qu’il se restaure. Et Lazare mange avec l’appétit d’un homme en pleine santé. La foule pousse encore un “ oh ! ” de stupéfaction.

548.14 Jésus paraît ne voir que Lazare, mais, en réalité, il observe tout et tout le monde. Remarquant qu’avec des gestes de colère Sadoq, Elchias, Chanania, Félix, Doras, Cornélius et quelques autres sont sur le point de s’éloigner, il lance :

« Attends un moment, Sadoq. J’ai à te parler, à toi et aux tiens. »

Ils s’arrêtent avec une figure de criminels. Joseph d’Arimathie a un geste d’effarement et fait signe à Simon le Zélote de retenir Jésus.

Mais ce dernier s’avance déjà vers le groupe haineux, et il dit à haute voix :

« Ce que tu as vu te suffit-il, Sadoq ? Tu m’as expliqué un jour que, pour croire, vous aviez besoin, toi et tes semblables, de voir recomposé, guéri, un homme décomposé. Es-tu satisfait de la putréfaction que tu as vue ? Es-tu capable de reconnaître que Lazare était mort et que maintenant il est vivant et en bonne santé comme il ne l’a pas été depuis des années ? Je le sais : vous êtes venus ici pour tenter ces femmes, pour accroître leur douleur et insinuer le doute. Vous êtes venus ici me chercher, dans l’espoir de me trouver caché dans la pièce du mourant. Vous êtes venus ici, non pas poussés par un sentiment d’amour et le désir d’honorer le défunt, mais pour vous assurer que Lazare était réellement mort. Et vous avez continué à venir, vous réjouissant toujours plus à mesure que le temps passait. Si tout avait eu lieu comme vous l’espériez, comme vous le croyiez désormais certain, vous auriez eu raison de vous réjouir : l’Ami qui guérit tout le monde, ne guérit pas son ami. Le Maître récompense la foi de tous, mais pas celle de ses amis de Béthanie. Le Messie est impuissant devant la réalité de la mort. Cela vous donnait raison de vous réjouir. Mais voilà : Dieu vous a répondu. Nul prophète n’a jamais pu reconstituer ce qui était, non seulement mort, mais décomposé. Dieu l’a fait. C’est le témoignage vivant de ce que je suis. Il y eut un jour où Dieu prit de la boue, lui donna une forme et y insuffla l’esprit de vie : et ce fut l’homme. J’étais là pour dire : “ Que l’on fasse l’homme à notre image et à notre ressemblance ”, car je suis le Verbe du Père. Aujourd’hui, moi, le Verbe, j’ai dit à ce qui était encore moins que de la boue, à la corruption : “ Vis ” et la corruption s’est faite de nouveau chair, une chair intègre, vivante, palpitante. La voici qui vous regarde. Et à la chair, j’ai réuni l’âme, qui gisait depuis quelques jours dans le sein d’Abraham. Je l’ai rappelée par ma volonté, car je peux tout, moi, le Vivant, moi, le Roi des rois auquel sont soumises toute créature et toute chose. Maintenant, que me répondez-vous ? »

Il se tient devant eux, grand, fulgurant de majesté, vraiment Juge et Dieu. Ils ne répondent rien.

Jésus insiste :

« Ce n’est pas encore assez pour croire, pour accepter l’inconcevable ?

– Tu n’as tenu qu’une partie de la promesse. Ce n’est pas le signe de Jonas…, lance brutalement Sadoq.

– Vous l’aurez lui aussi. J’ai promis, et je tiendrai ma promesse » affirme le Seigneur. « Une autre personne, présente ici, attend un second signe, et elle l’aura. Et comme c’est un juste, il l’acceptera. Vous, non. Vous resterez ce que vous êtes. »

548.15 Faisant demi-tour, il aperçoit Simon, fils d’Eli-Hanna, membre du Sanhédrin. Il le dévisage longuement, laissant de côté ceux de tout à l’heure et, arrivé en face de Simon, il lui dit, à voix basse mais nette :

« Il est heureux pour toi que Lazare ne se rappelle rien de son séjour parmi les morts ! Qu’as-tu fait de ton père, Caïn ? »

Simon s’enfuit en poussant un cri de peur qui se change en un hurlement de malédiction :

« Sois maudit, Nazaréen ! »

Jésus réplique :

« Ta malédiction monte au Ciel, et du Ciel le Très-Haut te la renvoie. Tu es marqué du signe, malheureux que tu es ! »

Puis il revient en arrière, parmi les groupes médusés, presque pétrifiés. Il rencontre Gamaliel qui se dirige vers la route. Tous deux se regardent. Jésus lui murmure sans s’arrêter :

« Tiens-toi prêt, rabbi. L’autre signe viendra bientôt. Je ne mens jamais. »

548.16 Le jardin se vide lentement. Les juifs sont abasourdis, mais la plupart sont furieux. Si leurs regards pouvaient le réduire en cendres, Jésus serait complètement pulvérisé. Ils discutent en repartant, et sont si bouleversés par leur défaite qu’ils ne peuvent plus dissimuler, sous une apparence hypocrite d’amitié, le but de leur présence. Ils s’en vont sans saluer ni Lazare ni ses sœurs.

Certains restent : tous ceux que le miracle a conquis au Seigneur, au nombre desquels se trouve Joseph Barnabé, qui se jette à genoux devant Jésus et l’adore. Un autre est le scribe Joël d’Abia qui l’imite avant de partir à son tour, et d’autres encore que je ne connais pas, mais qui doivent être influents.

Pendant ce temps, Lazare, entouré de ses plus intimes, s’est retiré dans la maison. Joseph, Nicodème et les autres bons saluent Jésus et s’en vont. Après de profondes courbettes, les juifs qui étaient restés auprès de Marthe et Marie s’éloignent eux aussi. Les serviteurs ferment la grille. La maison retrouve sa paix.

548.17 Jésus regarde autour de lui. Il voit de la fumée et des flammes au fond du jardin, dans la direction du tombeau. Seul, debout au milieu d’un sentier, il dit :

« Le feu va faire disparaître la putréfaction… La putréfaction de la mort… Mais celle des cœurs… de ces cœurs-là, aucun feu ne la fera disparaître… Pas même le feu de l’enfer. Elle sera éternelle… Quelle horreur !… Plus que la mort… Plus que la corruption… Et…Mais qui te sauvera, ô Humanité, si tu aimes tant être corrompue ! Tu veux être corrompue. Et moi… Un seul mot m’a suffi pour arracher un homme au tombeau… Mais malgré un flot de paroles… et de souffrances, je ne pourrai arracher au péché l’homme, les hommes, des millions d’hommes. »

Il s’assied et se couvre le visage de ses mains, l’air accablé…

Un serviteur qui passe le voit. Il se dirige vers la maison. Peu après, Marie en sort et va trouver Jésus, légère comme si elle ne touchait pas le sol. Elle s’approche, et lui dit doucement :

« Rabbouni, tu es épuisé… Viens, mon Seigneur. Tes apôtres, fatigués, sont allés dans l’autre maison, tous, sauf Simon le Zélote… Tu pleures, Maître ? Pourquoi ?… »

Elle s’agenouille aux pieds de Jésus… l’observe… Jésus la regarde sans répondre. Il se lève et se dirige vers la maison, suivi de Marie.

548.18 Ils entrent dans une salle. Lazare n’y est pas, ni Simon le Zélote, mais il y a Marthe, heureuse, transfigurée par la joie. Elle s’adresse à Jésus pour expliquer :

« Lazare est allé se baigner pour se purifier encore. Oh ! Maître ! Maître ! Que te dire ! »

Elle l’adore de tout son être. Puis elle remarque la tristesse de Jésus et l’interroge :

« Tu es triste, Seigneur ? N’es-tu pas heureux que Lazare… » Il lui vient un soupçon : « Oh ! Tu es réservé avec moi. J’ai péché. C’est vrai.

– Nous avons péché, ma sœur, rectifie Marie.

– Non, pas toi… Oh ! Maître. Marie n’a pas péché. Marie a su obéir, moi seule ai désobéi. Je t’ai envoyé appeler, parce que… parce que je ne pouvais plus les entendre insinuer que tu n’étais pas le Messie, le Seigneur… et je ne pouvais plus voir Lazare souffrir… . Il désirait tant ta venue ! Il t’appelait tant… Pardonne-moi, Jésus.

– Et toi, tu ne dis rien, Marie ? demande Jésus.

– Maître… moi… Je n’ai souffert que comme femme. Je souffrais parce que… Marthe, jure, jure ici, devant le Maître, que jamais, jamais tu ne parleras à Lazare de son délire… Mon Maître… je t’ai connu tout à fait, ô divine Miséricorde, dans les dernières heures de Lazare. Oh ! mon Dieu ! Mais comme tu m’as aimée, toi qui m’as pardonné, toi, Dieu, toi, le Pur, toi… si mon frère, qui pourtant m’aime, mais qui est homme, seulement homme, ne m’a pas tout pardonné au fond de son cœur ? ! Non, je m’exprime mal. Il n’a pas oublié mon passé et quand la faiblesse de la mort a émoussé en lui sa bonté que je croyais oublieuse du passé, il a crié sa douleur, son indignation pour moi… Oh !… »

Marie pleure…

« Ne pleure pas, Marie. Dieu t’a pardonné et a oublié. L’âme de Lazare aussi a pardonné et a oublié, elle a voulu oublier. L’homme n’a pas pu tout oublier, et quand la chair a dominé par son dernier spasme sa volonté affaiblie, l’homme a parlé.

– Je n’en éprouve pas d’indignation, Seigneur. Cela m’a servi à t’aimer davantage et à aimer encore plus Lazare. Dès lors, moi aussi j’ai désiré ta venue, car j’étais trop angoissée de penser que Lazare allait mourir sans paix à cause de moi… Et ensuite, ensuite, quand je t’ai vu méprisé par les juifs… quand j’ai vu que tu ne venais pas même après la mort, pas même après que je t’avais obéi en espérant au-delà de ce qui est croyable, en espérant jusqu’à ce que le tombeau s’ouvre, alors mon âme aussi a souffert. Seigneur, si j’avais à expier — et c’est sûrement le cas —, j’ai expié, Seigneur…

– Pauvre Marie ! Je connais ton cœur. Tu as mérité ce miracle. Que cela t’affermisse dans ton espérance et ta foi.

– Mon Maître, désormais j’espérerai et je croirai toujours. Je ne douterai plus, jamais plus, Seigneur. Je vivrai de foi. Tu m’as donné la capacité de croire ce qui est incroyable.

– Et toi, Marthe, as-tu appris ? Non, pas encore. Tu es ma Marthe, mais tu n’es pas encore ma parfaite adoratrice. Pourquoi agis-tu au lieu de contempler ? C’est plus saint. Tu vois ? Ta force, parce qu’elle était trop tournée vers les tâches terrestres, a cédé à la constatation d’affaires terrestres qui semblent parfois sans remède. En vérité, les problèmes humains n’ont pas de remède, si Dieu n’intervient pas. C’est pourquoi la créature a besoin de savoir croire et contempler, d’aimer jusqu’au bout des forces de l’homme tout entier, avec sa pensée, son âme, sa chair, son sang, avec toutes les forces de l’homme. Je le répète : je te veux forte, Marthe. Je te veux parfaite. Tu n’as pas su obéir parce que tu n’as pas su croire et espérer complètement, et tu n’as pas su croire et espérer parce que tu n’as pas su aimer totalement. Mais moi, je t’en absous. Je te pardonne, Marthe. J’ai ressuscité Lazare aujourd’hui. Maintenant, je te donne un cœur plus fort. A lui, j’ai rendu la vie. A toi, j’infuse la force d’aimer, croire et espérer parfaitement. Maintenant soyez heureuses et en paix. Pardonnez à ceux qui vous ont offensées ces jours-ci…

– Seigneur, en cela j’ai péché. Il y a un instant, j’ai demandé au vieux Chanania qui t’avait méprisé : “ Qui a triomphé ? Toi ou Dieu ? Ton mépris ou ma foi ? Le Christ est le Vivant et il est la Vérité. Moi, je savais que sa gloire allait resplendir avec plus d’éclat, et toi, vieillard, refais ton âme si tu ne veux pas connaître la mort. ”

– Tu as bien parlé. Mais ne discute pas avec les méchants, Marie. Et pardonne. Pardonne, si tu veux m’imiter… 548.19 Voici Lazare. J’entends sa voix. »

En effet, Lazare entre, vêtu de neuf et bien rasé, bien peigné et la chevelure parfumée. Avec lui se trouvent Maximin et Simon le Zélote.

« Maître ! »

Lazare s’agenouille encore pour l’adorer.

Jésus lui pose la main sur la tête et dit en souriant :

« Ton épreuve et celle de tes sœurs est surmontée, mon ami. Soyez désormais heureux et forts pour servir le Seigneur. Mon ami, que te rappelles-tu du passé ? Je veux parler de tes derniers moments ?

– Un grand désir de te voir et une grande paix au milieu de l’amour de mes sœurs.

– Et qu’est-ce qui t’affligeait le plus de quitter en mourant ?

– Toi, Seigneur, et mes sœurs. Toi parce que je ne pouvais plus te servir, elles parce qu’elles m’ont donné toute joie…

– Ah ! moi, mon frère… soupire Marie.

– Toi, plus que Marthe. Tu m’as donné Jésus et la mesure de ce qu’est Jésus. C’est lui qui t’a donnée à moi. Tu es le don de Dieu, Marie.

– C’est ce que tu disais aussi en mourant… dit Marie, tout en étudiant le visage de son frère.

– Parce que c’est ma constante pensée.

– Mais moi, je t’ai causé tant de peine…

– La maladie aussi m’a fait souffrir. Mais, par elle, j’espère avoir expié les fautes du vieux Lazare et être ressuscité, purifié pour être digne de Dieu. Toi et moi, nous avons tous deux ressuscité pour servir le Seigneur, avec Marthe au milieu de nous, elle qui fut toujours la paix de la maison.

– Tu l’entends, Marie ? Lazare dit des paroles de sagesse et de vérité. Maintenant, je me retire et vous laisse à votre joie…

– Non, Seigneur, reste avec nous. Ici. Reste à Béthanie et dans ma maison. Ce sera beau…

– Je resterai. Je veux te récompenser de tout ce que tu as souffert. Marthe, ne sois pas triste. Marthe pense m’avoir affligé. Mais ma peine n’est pas autant pour vous que pour ceux qui ne veulent pas se racheter. Eux haïssent de plus en plus. Ils ont le venin dans le cœur… Eh bien… pardonnons.

– Pardonnons, Seigneur » dit Lazare avec son doux sourire…

C’est sur ces mots que tout prend fin.

Précisions de Jésus

548.20 En marge[98] de la résurrection de Lazare et en rapport avec une phrase de saint Jean.

Jésus dit :

« Dans l’évangile de Jean, comme on le lit désormais depuis des siècles, il est écrit : “ Jésus n’était pas encore entré dans le village de Béthanie ” (Jn 11,30). Pour prévenir toute objection possible, je fais remarquer qu’entre cette phrase et celle de l’Œuvre selon laquelle j’ai rencontré Marthe à quelques pas du bassin dans le jardin de Lazare, il n’y a pas de contradiction de faits, mais seulement de traduction et de description.

Béthanie appartenait pour les trois quarts à Lazare, de même qu’une grande partie de Jérusalem. Mais parlons de Béthanie. Comme Lazare en possédait les trois quarts, on pouvait dire : Béthanie de Lazare. Par conséquent, le texte ne serait pas erroné, même si j’avais rencontré Marthe dans le village ou à la fontaine, comme certains veulent le dire. Mais, en réalité, je n’étais pas entré dans le village pour éviter qu’accourent les habitants, tous hostiles aux membres du Sanhédrin. J’avais contourné Béthanie pour rejoindre la maison de Lazare, qui se trouvait à l’extrémité opposée quand on y entrait par Ensémès.

C’est précisément pour cette raison que Jean écrit que Jésus n’était pas encore entré dans le village. Et c’est avec autant de justesse que le petit Jean écrit que je m’étais arrêté près du bassin (fontaine pour les Hébreux), déjà dans le jardin de Lazare, mais encore très loin de la maison.

Considérons en outre que, durant le temps du deuil et de l’impureté (ce n’était pas encore le septième jour après la mort), les sœurs ne sortaient pas de chez elles. C’est donc dans l’enceinte de leur propriété que la rencontre a eu lieu.

Il faut noter que le petit Jean ne parle pas de la venue des villageois dans le jardin avant que j’ordonne d’enlever la pierre : jusqu’alors, Béthanie ignorait ma présence, et c’est seulement quand le bruit s’en est répandu qu’ils sont accourus chez Lazare. »

Enseignement de Jésus

548.22 Jésus dit :

« Bien sûr, j’aurais pu intervenir à temps pour empêcher la mort de Lazare, mais je n’ai pas voulu le faire. Je savais que cette résurrection serait une arme à double tranchant, car j’allais convertir les juifs dont la pensée était droite et rendre plus haineux ceux dont la pensée ne l’était pas. C’est de ceux-ci, et après cette dernière manifestation de ma puissance, qu’allait venir ma sentence de mort. Mais j’étais venu pour ce but, et désormais l’heure était mûre pour que cela s’accomplisse. J’aurais pu aussi accourir aussitôt, mais j’avais besoin d’une putréfaction déjà avancée, pour mieux persuader, par une résurrection, les incrédules les plus obstinés. Mes apôtres eux-mêmes, destinés à porter la foi en moi dans le monde, avaient besoin pour croire d’être soutenus par des miracles de première grandeur.

Chez les apôtres il y avait beaucoup d’humanité, je l’ai déjà dit[99]. Ce n’était pas un obstacle insurmontable. C’était au contraire une conséquence logique de leur condition d’hommes appelés à m’appartenir à un âge déjà adulte. On ne modifie pas une mentalité, une tournure d’esprit du jour au lendemain. Et moi, dans ma sagesse, je n’ai pas voulu choisir et éduquer des enfants et les faire grandir selon ma pensée pour en faire mes apôtres. J’aurais pu le faire, mais je m’y suis refusé, pour que les âmes ne me reprochent pas d’avoir méprisé ceux qui ne sont pas innocents et qu’elles ne portent à leur décharge et à leur excuse que, moi aussi, j’aurais exprimé par mon choix que ceux qui sont déjà formés ne peuvent changer.

Non. Tout peut changer quand on le veut. Et en effet, avec des pusillanimes, des querelleurs, des usuriers, des sensuels, des incrédules, j’ai fait des martyrs et des saints, des évangélisateurs du monde. Seuls ceux qui l’ont refusé n’ont pas changé.

548.23 J’ai aimé et j’aime les petitesses et les faiblesses — tu en es un exemple — pourvu que se trouve en elles la volonté de m’aimer et de me suivre, et de ces “ riens ” je fais mes privilégiés, mes amis, mes ministres. Je m’en sers toujours, et c’est un miracle continuel que j’accomplis, pour amener les autres à croire en moi, à ne pas anéantir les possibilités de miracle. Comme cette possibilité est faible, maintenant ! Telle une lampe à laquelle l’huile manque, elle agonise et meurt, tuée par le manque ou l’absence de foi dans le Dieu du miracle.

Il y a deux formes d’exigence dans la demande du miracle. A l’une, Dieu se soumet avec amour. A l’autre, il tourne le dos avec indignation. La première est celle qui demande, comme je l’ai enseigné, sans défiance et sans découragement, et qui ne pense pas que Dieu ne puisse pas l’écouter parce que Dieu est bon, et que celui qui est bon exauce, parce que Dieu est puissant et peut tout. Cela, c’est de l’amour, or Dieu exauce celui qui aime. L’autre forme, c’est l’exigence des révoltés qui veulent que Dieu soit leur serviteur, se plie à leurs perversités et leur donne ce qu’eux lui refusent : l’amour et l’obéissance. Cette forme est une offense que le Seigneur punit par le refus de ses grâces.

Vous vous plaignez que je n’accomplisse plus de miracles collectifs. Comment pourrais-je les accomplir ? Où sont les collectivités qui croient en moi ? Où sont les vrais croyants ? Combien y a-t-il de vrais croyants dans une collectivité ? Comme des fleurs qui survivent dans un bois brûlé par un incendie, je vois de temps à autre un esprit croyant. Le reste, Satan l’a brûlé par ses doctrines, et il le fera de plus en plus.

548.24 Je vous prie, pour vous conduire surnaturellement, de garder à l’esprit ma réponse à Thomas[100]. On ne peut être mes vrais disciples si on ne sait pas donner à la vie humaine le poids qu’elle mérite en tant que moyen pour conquérir la vraie vie, et non en tant que fin. Celui qui voudra sauver sa vie en ce monde perdra la vie éternelle. Je l’ai dit et je le répète. Que sont les épreuves ? Un nuage qui passe. Le Ciel reste et vous attend au-delà de l’épreuve.

Moi, j’ai conquis le Ciel pour vous par mon héroïsme. Vous devez m’imiter. L’héroïsme n’est pas réservé à ceux qui doivent connaître le martyre. La vie chrétienne est un perpétuel héroïsme, car c’est une lutte incessante contre le monde, le démon et la chair. Je ne vous force pas à me suivre, je vous laisse libres, mais je ne veux pas d’hypocrites. On est, soit avec moi et comme moi, soit contre moi. Bien sûr, vous ne pouvez me tromper. Vous ne pourrez jamais me tromper. Et moi, je ne fais pas d’alliances avec l’Ennemi. Si vous me le préférez, vous ne pouvez penser m’avoir en même temps pour ami. C’est, soit lui, soit moi. Choisissez.

548.25 La douleur de Marthe se distingue de celle de Marie à cause de la différence de caractère et d’attitude des deux sœurs. Heureux ceux qui se conduisent de manière à ne pas regretter d’avoir affligé quelqu’un qui désormais est mort, et qu’ils ne peuvent plus consoler de ce qu’ils lui ont fait subir. Mais encore plus heureux celui qui n’a pas le remords d’avoir affligé son Dieu, moi, Jésus, et qui ne craint pas de me rencontrer, mais au contraire aspire à me rencontrer et à voir se réaliser le rêve impatient de toute sa vie.

Je suis pour vous un Père, un Frère, un Ami. Pourquoi donc me blessez-vous si souvent ? Savez-vous combien de temps il vous reste à vivre ? A vivre pour réparer ? Vous l’ignorez. Alors, heure par heure, jour après jour, conduisez-vous bien. Vous me rendrez toujours heureux. Et même si la douleur vient — car la douleur, c’est la sanctification, c’est la myrrhe qui préserve de la putréfaction de la chair —, vous garderez toujours la certitude que je vous aime, et que je vous aime même dans cette douleur, ainsi que la paix qui vient de mon amour. Toi, petit Jean, tu sais bien que je console même dans la douleur.

548.26 Dans ma prière au Père se trouve répété ce que j’ai dit au début : il était nécessaire d’ébranler, par un miracle de première grandeur, l’aveuglement des juifs et du monde en général. La résurrection d’un homme enseveli depuis quatre jours et descendu au tombeau après une maladie bien connue, longue, chronique, répugnante, ne pouvait laisser indifférent ou sceptique. Si je l’avais guéri de son vivant, ou si je lui avais infusé le souffle aussitôt qu’il avait expiré, la hargne de mes ennemis aurait pu créer une incertitude sur la réalité du miracle. Mais la puanteur du cadavre, la pourriture des bandelettes, le long séjour au tombeau ne permettaient aucun doute. Et, miracle dans le miracle, j’ai voulu que Lazare soit dégagé et purifié en présence de tous, pour que l’on voie que, non seulement la vie, mais l’intégrité des membres était revenue là où l’ulcération de la chair avait répandu dans le sang des germes de mort. Quand je fais grâce, je donne toujours plus que vous ne demandez.

548.27 J’ai pleuré devant la tombe de Lazare, et on a attribué bien des qualificatifs à ces larmes. Pourtant sachez que les grâces s’obtiennent par la douleur mêlée à une foi assurée dans l’Eternel. J’ai pleuré, moins à cause de la perte de mon ami et de l’affliction de ses sœurs, que parce que, comme un fond qui se soulève, trois idées ont affleuré à cette heure, plus vives que jamais, trois idées qui, comme trois clous, m’avaient toujours enfoncé leur pointe dans le cœur.

La constatation de la ruine que Satan avait apportée à l’homme en le poussant au mal. Ruine dont la condamnation humaine était la souffrance et la mort : la mort physique, emblème et image vivante de la mort spirituelle, à laquelle la faute conduit l’âme en la plongeant — elle, qui est une reine destinée à vivre dans le royaume de la Lumière — dans les ténèbres infernales.

La conviction que même ce miracle, qui advient pour ainsi dire comme le corollaire sublime de trois années d’évangélisation, n’allait pas convaincre le monde judaïque de la vérité que je lui avais apportée, et qu’aucun miracle n’allait faire, du monde à venir, un converti au Christ. Oh ! quelle douleur d’être près de mourir pour un si petit nombre !

La vision mentale de ma morte prochaine. J’étais Dieu, mais j’étais homme aussi. Et pour être Rédempteur, je devais sentir le poids de l’expiation, donc aussi l’horreur de la mort, et d’une telle mort. J’étais un homme vivant, en bonne santé, qui se disait : “ Bientôt, je serai mort, je serai dans un tombeau comme Lazare. Bientôt, l’agonie la plus atroce sera ma compagne. Il me faut mourir. ” La bonté de Dieu vous épargne la connaissance de l’avenir, mais à moi, elle n’a pas été épargnée.

Ah ! croyez-le bien, vous qui vous plaignez de votre sort : aucun n’a été plus triste que le mien, car j’ai eu la constante prescience de tout ce qui devait m’arriver, jointe à la pauvreté, aux privations, aux acrimonies qui m’ont accompagné de ma naissance à ma mort. Ne vous plaignez donc pas, et espérez en moi. Je vous donne ma paix. »

 

[98] En marge… jusqu’à … accourus chez Lazare » a été écrit par Maria Valtorta sans indication de date, sur les deux faces d’un feuillet, glissé entre les pages manuscrites du cahier.  

[99] déjà dit, le 13 février 1944, en 106.12.

[100] ma réponse à Thomas, en 547.6.