Le père Martial, rattaché au diocèse de Toulon, consacre sa vie à ses deux vocations : l’Église et le rugby. Loin d’être antagonistes, foi et sport se complètent parfaitement dans le quotidien de ce prêtre de 32 ans.
D’un côté, la soutane. De l’autre, les crampons. Le placard du père Martial a ceci d’original qu’il réunit deux tenues bien différentes l’une de l’autre : celle du croyant convaincu et celle du joueur de rugby acharné. (...) Le père tisse un lien entre foi et sport, retrouvant dans chacune de ces deux pratiques des valeurs communes : l’entraide, la solidarité, la volonté, le courage et le don de soi, entre autres. Il argumente : « Dans un match de rugby, si tu encaisses 60 points, tu es démoralisé mais tu continues à jouer et à encaisser les chocs… De la même manière, sur Terre, nous commettons tous des péchés, mais il faut se relever et continuer à avoir de l’espérance. » (...) Dans la pratique, le prêtre s’entraîne deux fois par semaine et dispute parfois un match le week-end, lorsque son emploi du temps le permet. Et après chaque partie, direction la chapelle pour la prière, car « après la troisième mi-temps, j’ai comme un appel intérieur pour le calme », explique-t-il. (...)
Le sport aussi colle à la peau du père Martial. Très sportif dès son enfance, il touche à tout : football, vélo, natation, course à pied. À 7 ans, il goûte déjà à la compétition en jouant et en performant lors d’une compétition nationale de rugby organisée par l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire). Sa vie le conduit un temps à Lille, où il court « à pleine balle sur des 10 kilomètres ». À Rennes, il monte une équipe de football. À Florence, où il fait son séminaire, il casse des cailloux, construit des murs pour rénover le bâtiment, court « un peu partout » sur le terrain de 40 hectares de l’établissement catholique italien. Au Gabon, où il se trouve en mission, il nage. À Toulon, il découvre la course à pied avec du dénivelé, la ville étant entourée de reliefs, mais surtout, il revient à sa première passion : le rugby, dont il chérit la culture. « Le cadre est largement favorable pour l’ovalie ici, avec la grande équipe du RCT », se réjouit-il.
Son activité sportive a diminué depuis son entrée au séminaire, mais jusqu’à ses 17 ans, le sport occupait deux heures de ses journées. Dans la tête, en revanche, la motivation n’a pas diminué : « Sur le terrain, je suis là pour plaquer, je mets l’évangélisation de côté ! » Il poursuit : « Mon statut de prêtre m’impose d’être tout le temps mesuré, bienveillant et équilibré. Or, je suis quelqu’un d’assez nerveux et hyperactif, donc cela me fait du bien de lâcher les chevaux pendant les matchs ! » (...)
Le prêtre a parfois l’occasion d’échanger avec les joueurs professionnels du Rugby Club Toulonnais à qui il confie des images saintes. L’ancien international français et joueur du RCT, Guilhem Guirado, s’est tourné vers le père Martial pour faire baptiser son enfant. Le religieux a aussi pu échanger quelques mots avec le centre Mathieu Bastareaud, véritable figure du club. Et lorsqu’une rencontre a lieu à domicile, il se dirige vers le stade Mayol sans billet. Devant les tribunes, drapé de sa soutane, le père Martial en appelle à la solidarité pour qu’un supporter lui paye son billet. Jusqu’ici, cela a toujours fonctionné. « Je me retrouve avec des groupes de supporters toujours très différents, c’est un échange mutuel très enrichissant, car ils sont assez interloqués par ma présence », détaille-t-il. L’occasion aussi de se chambrer, toujours dans une ambiance bon enfant : « Certains font volontairement des blagues anticléricales et, de mon côté, je fais des prières pour que nos joueurs marquent des essais ! » (...)
Maxime Dewilder
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