Olivier Bonnassies est polytechnicien et directeur de l'Association Marie de Nazareth depuis sa création en 2001. Alors qu'il regardait la religion d'un œil scientifique et sceptique dans sa jeunesse, il se convertit au catholicisme à la suite de la lecture de plusieurs ouvrages de Jean Daujat (dont Y a-t-il une vérité ?) et découvre la Vierge Marie à l’occasion de voyages à Lourdes, Czestochowa et Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Il est l’auteur avec Michel-Yves Bolloré du livre à succès : Dieu, la science, les preuves - l’aube d’une révolution (paru le 13 octobre 2021), vendu à plus de 100 000 exemplaires en 3 mois seulement, et toujours dans les meilleures ventes du moment. Il répond à nos questions.
- Olivier, pourquoi avoir rédigé ce livre : faut-il des preuves pour croire en Dieu ?
Savoir que Dieu, Jésus ou votre ami existe, ce n’est pas avoir foi en eux. Mais pour pouvoir mettre votre foi en Dieu, Jésus ou n’importe quelle personne, il faut au préalable savoir qu’ils existent et en plus avoir de bonnes raisons de mettre en eux votre confiance, par un acte à la fois libre et raisonnable. C’est ainsi qu’à la suite du livre de la Sagesse (Sg 13, 1-9) et de la lettre de saint Paul (Rm 1, 20), l’Église catholique enseigne que l’on peut connaître Dieu sans la foi, par la lumière naturelle de la raison en affirmant qu’il y a aussi des preuves adaptées à l’intelligence qui montrent la vérité de la Révélation. C’est à partir de ces réalités qu’on peut choisir l’obéissance de la foi. Mais rien de très nouveau en cela : les premières parties de la Somme théologique et de la Somme contre les Gentils de saint Thomas d’Aquin traitent de cette connaissance de Dieu par la raison que l’on peut démontrer à partir de la Création et du mystère de l’homme.
- Des articles du journal La Croix vous critiquent et vous reprochent notamment de faire de Dieu un « fabricant » de l’Univers. Comprenez-vous ces critiques ?
Non, et j’ai été frappé par la nullité des articles publiés mais j’ai appris depuis les « Vierges pèlerines », avant l’an 2 000, qu’il nous faut supporter La Croix. C’est comme ça. Quel est le contexte ? Depuis 3 mois, le livre Dieu, la science, les preuves - l’aube d’une révolution est en tête des ventes, il a fait la « Une » du Figaro Magazine, du Point, de l’Express, nous avons participé à de nombreuses émissions TV et radio qui l'ont présenté de manière correcte et il vient de dépasser les 100 000 ventes, mais jamais ni La Croix ni aucun des titres du groupe Bayard n’en avait dit le moindre mot… Étonnant non, du point de vue de l’objectivité, de l’équilibre de l’information et de l’éthique journalistique ? Et voilà qu’il y a quelques jours, a été publié une « tribune » très négative d’un jeune astrophysicien de 35 ans, avec qui nous n’avons jamais échangé, qui prétend que ce livre « dessert la science et la foi » (alors que notre livre ne parle pas de foi), qui affirme dans son sous-titre qu’il s’agirait d’une « erreur tant scientifique que religieuse » (alors que notre livre ne parle pas de religion) et qui prétend aussi qu’il contiendrait « des contre vérités » (sans en nommer aucune). Contacté, le jeune auteur refuse tout débat public sur notre livre et sa tribune a été complétée ensuite par un autre article du Père Thierry Magnin, moins négative certes, mais globalement hors sujet puisqu’il parle beaucoup de foi et nous non. J'ai contacté La Croix pour dire mon indignation et ils ont fini par accepter que je fasse une réponse en 6.000 signes, mais une fois que je l'ai faite et envoyée, ils ont refusé de la publier ! Comment expliquer ces attitudes ? Ce quotidien est une vraie plaie et une catastrophe pour la foi en France depuis des décennies, tout le monde le sait ! Je ne comprends pas que les évêques continuent à tolérer l'existence de ce journal idéologique qui apparait comme une sorte de journal officiel mais qui est en réalité hors de tout contrôle et dirigé par des idéologues. Je pense qu'il est important de se mobiliser pour que ça change et je compte bien y contribuer autant que possible dans l'avenir.
Sinon, sur le fond, il n'y a aucun problème. Il y a 2 parties dans le
Credo : une où on parle de Dieu tout puissant créateur du Ciel et de la Terre et de tout ce qu’ils contiennent, ce Dieu qui a tout réglé
« avec mesure, nombre et poids » (Sg 11, 20) comme dit la Bible ; et une autre où on parle de Jésus, Fils unique de Dieu, qui s’est incarné en Marie, qui est mort et qui est ressuscité. Mais le message de ce Credo, confirmé sans cesse par la Bible, c’est qu’il s’agit du même Dieu ! C'est un message clé : Celui qui a tout créé, c’est bien ce Dieu qui s’est incarné par son Verbe. C'est le même :
« Par Lui tout a été fait, et rien ne s’est fait sans Lui » (Jn 1, 3).
Donc Dieu est à la fois le « fabricant » de l’Univers et le Dieu d’amour qui se révèle en Jésus. Sur ce point aussi, il n’y a rien de nouveau mais beaucoup à redécouvrir.
- La plupart des médias parlent à raison d’un « best-seller ». Êtes-vous personnellement fier de ce succès ?
Ce qu’il y a de réjouissant, c’est qu’on peut enfin parler de Dieu, des raisons de croire et de l’importance de se poser des questions sur ces sujets bien au-delà des frontières de l’Église. Depuis 30 ans que nous sommes engagés avec Notre-Dame de France et l’Association Marie de Nazareth pour essayer de parler de ces choses, nous avions peu d’écho dans « les périphéries ». Aujourd’hui, tout cela change et c’est formidable parce que nous avons beaucoup de trésors à partager avec tout ce que Marie de Nazareth a produit depuis 20 ans et avec
notre chaîne YouTube. Le succès de ce livre est donc une bonne nouvelle mais le sentiment que nous avons avec Michel-Yves n’est pas du tout de la fierté et encore moins de la fierté personnelle. C’est plutôt de la reconnaissance, parce qu'à notre avis, les choses se sont mises en place de manière très providentielle.
- 100 000 exemplaires c’est beaucoup ! Les Français essaient-ils à votre avis de combler un vide ?
100 000 exemplaires c’est un bon début mais ce n’est pas encore beaucoup. Igor et Grichka Bogdanoff avaient fait 10 fois plus avec Dieu et la science, écrit avec Jean Guitton en 1991. Mais il n'est pas impossible que ça continue à monter, parce que la question de l’existence de Dieu nous concerne tous. Chacun se la pose parce qu’on se demande tous un jour ou l’autre : d’où vient-on, où va-t-on, quel sens tout cela a-t-il, y a-t-il une autre vie, va-t-on revoir ses parents et ses amis ? Pour diverses raisons, beaucoup croient que cette question est indécidable et donc sans intérêt. Mais ce n’est pas le cas et cela change tout. Car si Dieu n’existe pas, rien n’a de sens, rien n’est absolu et on n’a aucune espérance à proposer ni à notre société, ni à tous ceux qui sont déboussolés, dépressifs ou suicidaires. Alors que si Dieu existe, il y a un absolu et une vérité qui nous dépasse, la vie a un sens et il y a un avenir au-delà de ce monde. Toutes choses autour desquelles la société pourrait se rassembler pour retrouver une cohésion et une espérance.
- Dans votre dernier communiqué de presse diffusé mi-janvier, vous appelez les personnalités scientifiques et intellectuelles à vous contacter pour débattre. Pourquoi est-ce souhaitable ?
Nous espérons que nous pourrons avoir des débats publics avec les scientifiques ou les intellectuels qui l’accepteront, afin que le grand public puisse se rendre compte de la force des arguments et des conclusions que nous mettons à jour. Car au-delà des chiffres, ce qui est important c’est le débat public autour de cette question parce que la réalité c’est que le dossier est très fort. Nous n’y sommes pour rien mais il est tout à fait réel que la science s’est retournée et qu’à partir de là il y a une véritable vague sur laquelle nous pouvons surfer. Aux USA, ils sont en avance sur nous et des livres comme le nôtre sortent régulièrement pour décrire la révolution conceptuelle que nous sommes en train de vivre. En résumé, nous pensons qu'il existe aujourd’hui, plus que jamais, un faisceau de preuves fortes, convergentes, rationnelles, indépendantes et convaincantes de l’existence d’un Dieu créateur.