Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta
24 janvier 2023
Dernièrement, Don Guillaume Chevallier, prêtre de la communauté Saint-Martin, a déclaré avoir identifié « trois champs d’erreurs doctrinales sur des points majeurs de la foi catholique » (doc.2, p.1) dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, ce qui suffirait pour invalider la provenance divine de ce texte, contrairement à ce qu’a toujours affirmé sa rédactrice, Maria Valtorta. Don Chevallier développe sa pensée dans quatre écrits publiés entre 2020 et 2022 :
  • Doc.1 : « L’inspiration chez Maria Valtorta », Charitas 14 (2020), p. 73-94.

  • Doc.2 : « Aspects psychologiques des personnages de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta », Annexe II du Charitas 14 (2020) ; et Charitas en ligne, printemps 2021.

  • Doc.3 : « Évaluation de trois éléments de doctrine de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta », Charitas 15 (2021), p. 99-124.

  • Doc.4 : « Vraies et fausses prophéties : comment discerner ? », Aleteia.org, 26/10/22.

Nous nous concentrerons ici sur le document 3. Selon Don Chevallier, les trois champs problématiques seraient :
  1. « La préexistence de la Vierge Marie » (doc.3, p.3) ou « la création antécédente de l’âme de Marie, séparément de son corps » (doc.3, p.24) ;

  1. « L’incarnation de satan en Judas » (doc.3, p.3 & p.24) ;

  1. « La manière d’exprimer et de concevoir l’Incarnation du Verbe » (doc.3, p.3) ou certaines « affirmations doctrinales explicites ou suggérées sur l’Incarnation du Verbe » (doc.3, p.24).

Ce qui lui permet de conclure : « Ces textes fautifs du point de vue de l’expression de la foi montrent que la probabilité que le Seigneur ait dicté lui-même ces formules est nulle » (doc.3, p.17). Nous montrerons ici, de manière structurée et sourcée, en quoi ces trois champs, tels qu’ils sont traités dans l’œuvre de Maria Valtorta, ne sont nullement en contradiction avec les Écritures saintes, la Tradition catholique et le Magistère de l’Église.
Précision : Don Chevallier utilise l’ancienne édition de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. Pour permettre aux lecteurs de retrouver les passages cités, nous avons ajouté les références de la seconde édition et les liens vers celles-ci. Ainsi, par exemple (I, 11, 51 ou EMV 7.2) signifie : Tome 1 de la première édition de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, chapitre 11, page 51, ou 7ème chapitre, 2ème section, de la seconde édition.

I. « La préexistence de la Vierge Marie » (doc.3, p.3) ou « la création antécédente de l’âme de Marie, séparément de son corps » (doc.3, p.24)

1. Passages relevés

Don Chevallier cite (doc.3, pp.4-8) : ce passage où Anne, la maman de Marie, s’étonne de la connaissance précoce que manifeste sa fille : « – Ma joie ! Comment sais-tu ces choses saintes ? Qui te les a dites ? Ton père ? — Non. Je ne sais pas qui c’est. Il me semble les avoir toujours sues. Mais peut-être c’est quelqu’un qui me les dit et que je ne vois pas. Peut-être un des anges que Dieu charge de parler aux hommes qui sont bons » (I, 11, 51 ou EMV 7.2) et ces commentaires de Jésus : « Marie se rappelait Dieu. Elle rêvait Dieu. Elle croyait rêver. Elle ne faisait que revoir tout ce que son esprit avait vu dans la splendeur du Ciel de Dieu, à l’instant où elle avait été créée pour être unie à la chair conçue sur la terre. Elle partageait avec Dieu, bien que d’une manière très inférieure, comme la justice l’exigeait, une des propriétés de Dieu : celle de se souvenir, de voir et de prévoir par l’attribut d’une intelligence puissante et parfaite parce qu’elle n’était pas blessée par la faute » (I, 17, 71 ou EMV 10.8). « Elle se souvenait, comme tous les saints, de les avoir entendues lorsqu’elle avait été engendrée avec son esprit immortel par Dieu, Père Créateur de tout ce qui a la vie. Et si elle ne se rappelait pas tout de sa future mission, c’était pour cette raison qu’en toute perfection humaine Dieu laisse des lacunes, dues à une divine prudence qui est bonté pour sa créature en lui fournissant des occasions de mérites (...). L’esprit de Marie était au Ciel. Son état moral et sa chair sur la terre, et il lui fallait fouler aux pieds la terre et la chair pour rejoindre l’esprit et l’unir à l’Esprit dans un embrasement fécond » (I, 17, 73 ou EMV 10.10). « Pour être chair, j’avais besoin d’une mère. Pour être Dieu, j’avais besoin d’un père qui fut Dieu. Voilà pourquoi Dieu créa l’Épouse et lui dit : “Viens avec moi. À mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre Fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, Enfant éternelle, et que ton sourire emplisse le Ciel et donne aux anges la note initiale et qu’il enseigne au Paradis l’harmonie céleste. Je te regarde et je te vois telle que tu seras, ô Femme immaculée qui maintenant n’es qu’esprit : l’esprit en qui je me complais” » (I, 8, 39 ou EMV 5.12). « Voilà pourquoi Dieu créa son Épouse et lui dit : […] Je te regarde et donne l’azur de ton regard à la mer et au firmament, la couleur de tes cheveux au grain saint, ta blancheur au lys et ton rose à la rose, semblable à ton épiderme soyeux, les perles sont tes dents minuscules. Je fais les douces fraises en regardant ta bouche, je mets au gosier des rossignols les notes de ton chant et à la tourterelle ta plainte. En lisant tes futures pensées, en écoutant les battements de ton cœur, je possède le modèle et le guide de la création (…) Accours, vole, jubile, ô ma Belle, et l’univers, qui se crée d’heure en heure, prépare-le à m’aimer, Amoureuse, et qu’il devienne plus beau par ton sourire, Mère de mon Fils, Reine de mon Paradis, Amour de ton Dieu » (I, 8, 39-40 ou EMV 5.12). « Maria (Valtorta), petite voix (de Dieu), tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de sa mère » (I, 8,42 ou EMV 5.14). « Avec un cri de joie, [l’archange] recueillit du Feu Divin l’étincelle immaculée qui était l’âme de l’Enfant Éternelle, et l’enfermant dans un cercle de flammes angéliques, celles de son amour spirituel, il la porta sur la terre dans une maison, dans un sein. Et à partir de ce moment, le monde posséda l’Adoratrice ; et Dieu, à partir de ce moment, put regarder un point de la terre sans en éprouver de dégoût » (II, 103, 619 ou EMV 136.6). « C’était la Super-Ève, le chef-d’œuvre du Très-Haut, c’était la Pleine de grâce, c’était la mère du Verbe dans la pensée de Dieu. (…) Car il ne s’agit plus d’enfant et puis de femme, mais d’une créature céleste fusionnée en la grande lumière et sagesse de Dieu » (I, 12, 55 ou EMV 7.9). « Puisque Satan poussera éternellement ses cris, voilà qu’une voix de Femme chantera pour les couvrir. — Quand ? — En vérité sa voix est déjà descendue des cieux où elle chantait éternellement son alléluia » (VI, 111, 219 ou EMV 420.11). Don Chevallier évoque encore en notes de bas de page (doc.3, notes 1 & 3, p.5) :
  • Le passage I, 18, 78 (ou EMV 11.4), « où Marie parle d’une expérience déjà vécue “hors de la vie présente” ».

  • Jésus, parlant de toutes les âmes : « La vie dont je parle ne commence pas dans le sein maternel. Elle commence, quand, dans la Pensée de Dieu, naît, créée par lui, une âme faite pour habiter une chair. Elle prend fin quand le péché la tue » (II, 85, 486 ou EMV 118.6).

  • Jésus : « Ce sont des mystères qui sont trop élevés pour que vous puissiez les comprendre pleinement » (I, 17, 71-72 ou EMV 10.8).


2. Accusation

Sur la base de ces passages, Don Chevallier affirme que :
  • « L’expression [“unie à une chair], typique d’une doctrine néo-platoniste refusée par l’Église, désigne bien une création antérieure à la conception biologique et non concomitante à elle, dans un état de connaissance supérieure » (doc.3, p.5).

  • « C’est Marie qui est créée dans le temps – mais hors du temps humain – […] Il faut donc comprendre le titre d’“Éternelle Vierge” (I, 14, 62) […] comme désignant une créature voulue et réalisée en son âme avant son existence terrestre, s’unissant par une sorte d’incarnation à une nature humaine. Il ne fait pas de doute que cette doctrine se trouve dans l’Œuvre de Maria Valtorta et cette doctrine est nettement hérétique […] » (doc.3, p.8).

Don Chevallier reproche donc au texte de laisser entendre que l’âme de Marie fut créée avant sa conception biologique, alors que l’Église enseigne que, chez les créatures humaines, âme et corps sont créés de manière concomitante (doc.3, p.5).


3. Réponse

Il y a deux dimensions qu’il convient de distinguer :
  1. D’une part, ce qui est dans la pensée éternelle de Dieu, dans le dessein intemporel de Dieu, dans le cœur intemporel de Dieu. En effet, pour Dieu, qui est intemporel, omnipotent et omniscient, tout est de toute éternité. Saint Thomas d’Aquin parle à ce sujet « des idées de Dieu » (cf. Petite Somme théologique, Question 15).
  2. Et, d’autre part, la concrétisation dans le temps des hommes, de ce qui est présent dans la pensée de Dieu. Notre existence, quant à elle, commence quand notre âme est créée, au moment de la procréation.
L’intemporalité de Dieu n’est pas incompatible avec la temporalité des hommes, car Jésus, vrai Dieu, fut aussi vrai homme. Ainsi, en écrivant aux Éphésiens : « [Dieu] nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. […] [Dans le Christ], nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé » (Ep 1, 4-6 & 11), Paul n'affirme pas la préexistence de notre âme, mais le fait que nous existons tous depuis toujours dans le projet de Dieu, dans l’éternel présent de Dieu : c'est la prescience ou l’omniscience de Dieu. Je suis présent (en corps et en âme) dans la pensée de Dieu, dans le Christ par qui tout a été fait, avant la fondation du monde. De même, mes péchés sont présents dans la Rédemption avant même que je les ai commis. Je n’existe pas comme un projet futur, mais comme un projet abouti dans l’éternel présent de Dieu. Nous existions (nous existons) dans le Christ. Pareillement, l’Incarnation du Christ a été vue de toute éternité, et les prophètes, inspirés par les idées de Dieu, ont-ils pu l’annoncer avant qu’il naisse. Puis, il s’est incarné dans le temps des hommes. Il en est de même de la Vierge Marie qui fut prophétisée avant que son âme ne soit créée et infusée au temps fixé : elle existait comme « Éternelle Vierge » dans la pensée de Dieu, avant sa création effective dans le temps des hommes, simultanément corps et âme. Le passage que cite Don Chevallier dit « à l’instant où [l’âme de Marie] avait été créée pour être unie à la chair conçue sur la Terre » (I, 17, 71) (doc.3, p.5). Le terme qui fut traduit par à l’instant est, dans le texte original en italien, attimo, signifiant « au moment », « à l’instant ». Pourquoi ne pourrait-on pas l’entendre comme simultanément, parlant de la création concomitante de l'âme et de la chair donnant lieu à l’infusion ? La Vierge Marie ne préexistait pas aux autres créatures. Mais, en prévision de sa maternité divine, elle réjouissait le cœur de Dieu plus que toute autre créature. Dans la liturgie de l’Église : Depuis longtemps, l’Église catholique a associé, dans sa liturgie de l’Immaculée Conception, le chapitre 8 du Livre des Proverbes à Marie : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours. Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre. Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes. Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée, avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace, les éléments primitifs du monde. Quand il établissait les cieux, j’étais là, quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme, qu’il amassait les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme, quand il imposait à la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, quand il établissait les fondements de la terre. Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. Et maintenant, fils, écoutez-moi. Heureux ceux qui gardent mes chemins ! Écoutez l’instruction et devenez sages, ne la négligez pas. Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille à ma porte jour après jour, qui monte la garde devant chez moi. Qui me trouve a trouvé la vie, c’est une bienveillance du Seigneur. Qui m’offense se fait tort à lui-même : me haïr, c’est aimer la mort ! » (Pr 8, 22-36) Dom Guéranger (1805-1875), le restaurateur de l’ordre des Bénédictins en France, abbé de Solesmes et Serviteur de Dieu (dont le procès diocésain de béatification et canonisation a été ouvert par Mgr Jacques Faivre, évêque du Mans, le 21 décembre 2005), commentait ce passage du Livre des Proverbes en ces termes : « Comme Dieu, [Jésus] est engendré de toute éternité au sein de son Père ; comme homme, il était dans la pensée de Dieu le type de toutes les créatures, avant qu’elles fussent sorties du néant. Mais le Fils de Dieu, pour être un homme de notre filiation, ainsi que l’exigeait le décret divin, devait naître dans le temps, et naître d’une Mère. Cette Mère a donc été présente éternellement à la pensée de Dieu comme le moyen par lequel le Verbe prendrait la nature humaine ; le Fils et la Mère sont donc unis dans le même plan de l’Incarnation ; Marie était donc présente comme Jésus dans le décret divin, avant que la création sortît du néant. Voilà pourquoi, dès les premiers siècles du christianisme, la sainte Église a reconnu la voix de la Mère unie à celle du Fils dans ce sublime passage du livre sacré, et a voulu qu’on le lût dans l’assemblée des fidèles, ainsi que les autres passages analogues de l’Écriture, aux solennités de la Mère de Dieu » (Année liturgique : L’Avent, Commentaires de Proverbes 8, 22-31, au 8 décembre, Immaculée conception ; reproduit ici).

Ce rapprochement liturgique est également présent chez les orthodoxes. Il est développé, dans les transcriptions de Maria Valtorta, par Jésus : Et par Azarias (l’ange gardien de Maria Valtorta) : La même compréhension est développée dans les visions mystiques de la vénérable sœur Marie d’Agréda, lue et défendue par plusieurs papes contre l’inquisition de certains clercs (cf. sa méditation du huitième chapitre du Livre des Proverbes). Ou encore dans ce songe qu’eut sainte Louise de Marillac (1591-1660), la veille d’un 8 décembre :
« La veille de la Conception de la Sainte Vierge ayant entendu la lecture de l'épître de ce jour, j'eus en songe la vue d'une grande obscurité en plein midi, ne paraissant que peu au commencement et suivie d'une nuit très obscure qui étonnait et effrayait tout le monde. Je sentais seulement soumission à la divine Justice. Cette obscurité passée, je vis le plein jour venir, et en quelque partie de l'air fort élevée, j'y vis comme une figure de celle qui nous représente la Transfiguration, qui me semblait être figure de femme. Néanmoins mon esprit fut surpris de grand étonnement qui me portait à reconnaissance vers Dieu, mais telle que mon corps en souffrait, et m'éveillant sur cela, je souffris quelque temps encore ; et la représentation m'en est toujours demeurée en esprit, contre l'ordinaire de mes songes, me représentant cette première grâce en la Vierge, être le commencement de la lumière que le Fils de Dieu devait apporter au monde. En ma méditation sur le sujet de l'épître, voyant que la Sainte Église appliquait à la Sainte Vierge son être devant la Création du monde, mon esprit y a acquiescé, pensant que non seulement elle était de toute éternité en l'idée de Dieu par sa prescience, mais encore préférablement à toute autre créature pour la dignité à laquelle Dieu la destinait de Mère de son Fils. Il a su être voulu avant la création de toutes choses terrestres qui pouvaient être témoins du péché de nos pères. Dieu a voulu faire un acte de sa volonté spécifiée pour la création de l'âme de la Sainte Vierge, et ce pourrait aussi avoir été un acte effectif, ce que je soumets entièrement à la Sainte Église, ne m'en servant que pour en honorer davantage la Sainte Vierge, et lui renouveler notre dépendance, en général, de la Compagnie, comme ses plus chétives filles, mais la regardant aussi comme notre très digne et unique Mère. Que soient aimés Jésus et Marie » (Écrits spirituels de Louise de Marillac, m. 35 bis, rédigés entre 1633 et 1647, Édition de 1983, p.730).
Aussi, la Constitution apostolique Ineffabilis Deus du pape Pie IX, du 8 décembre 1854, proclame le dogme de l'Immaculée Conception en ces termes :
« Il destina donc, dès le commencement et avant tous les siècles, à son Fils unique, la Mère de laquelle, s’étant incarné, il naîtrait, dans la bienheureuse plénitude des temps ; il la choisit, il lui marqua sa place dans l’ordre de ses desseins ; il l’aima par‑dessus toutes les créatures, d’un tel amour de prédilection, qu’il mit en elle, d’une manière singulière, toutes ses plus grandes complaisances. »
Notons encore que Don Chevallier reproche à Jésus de dire à Maria Valtorta qu’elle a vu « la naissance au Ciel de sa mère » (I, 8, 42 ou EMV 5.14) (doc.3, p.7). Or, la suite du paragraphe (que Don Chevallier ne mentionne pas) permet de comprendre que Jésus parle ici de l’Assomption, et non de la création de l’âme de Marie. Voici le paragraphe reproduit en entier dans sa traduction la plus récente :
« Maria, ma petite voix, tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de la Vierge. Tu as donc vu que les personnes sans faute ne connaissent ni la souffrance de donner le jour ni celle de mourir. Mais si la perfection des dons cé­lestes fut réservée à la plus innocente de toutes, à la Mère de Dieu, l’enfantement sans douleur et la mort sans angoisse auraient été le lot de tous les descendants des premiers parents qui seraient restés innocents et enfants de Dieu, comme cela était juste, pour avoir su s’unir et concevoir sans luxure » (EMV 5.14).
Nous devons ici rappeler que Maria Valtorta reçoit une grande partie de ses visions dans un ordre non chronologique et que, en dehors de la vie de Jésus, elle reçoit de nombreuses autres dictées et visions sur divers points théologiques qui viendront composer six autres livres. Or, parmi ces contenus complémentaires, se trouve un récit commenté de l’Assomption de Marie au Ciel que Maria Valtorta reçut par dictée le 18 décembre 1943 (cf. Les Cahiers de 1943, éd. CEV). Il est alors parfaitement cohérent que Jésus lui dise « tu as vu […] la naissance au Ciel de la Vierge » dès le premier tome de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé (I, 8, 42 ou EMV 5.14), puisqu’elle reçut cette locution a posteriori, le 27 août 1944. Enfin, Don Chevallier reproche au texte de dire que l’esprit de Marie était au Ciel pendant sa vie terrestre (doc.3, p.5). Or, cela ne fait que décrire l’état extatique (et non béatifique). Pourquoi la Vierge en serait-elle privée alors que tant de saints l'ont vécu ? Nous conseillons aux lecteurs souhaitant approfondir la thématique mariale dans les écrits de la mystique de se reporter au livre La Vierge Marie dans l'œuvre de Maria Valtorta (éd. CEV), du père Gabriele Roschini, mariologue de renommée mondiale, professeur de l’Université pontificale du Latran, fondateur du Marianum à Rome, ayant travaillé avec le Saint-Siège. Initialement très réservé envers les écrits de Maria Valtorta, ce sont précisément les pages sur la Vierge Marie qui l’ont convaincu de sa profondeur spirituelle. Il considérait que, parmi les 125 livres qu'il écrivit, La Vierge Marie dans l’œuvre de Maria Valtorta était le plus important.


II. « L’incarnation de satan en Judas » (doc.3, p.3 & p.24)

1. Passages relevés

Don Chevallier cite (doc.3, pp.9-12) cette observation de Maria Valtorta : « Je ne suis pas compétente, mais je crois ne pas me tromper en disant que par la bouche de Judas, c’est Satan lui-même qui parlait, que c’est un moment de possession évidente de Satan dans l’apôtre perverti, déjà au seuil du crime, déjà damné par sa propre volonté » (VIII, 28, 258 ou EMV 567.14). Cette remarque de Jésus à Judas : « Il s’est approché de toi, en te tentant, en t’essayant, et tu l’as accueilli. Il n’y a pas de possession s’il n’y a pas au début une adhésion à quelque tentation satanique » (VIII, 36, 321 ou EMV 575.11). Cette parole de Jésus à son Père : « Et maintenant, non content d’avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la contre-charité, la soif de sang, le désir cupide de l’argent, l’orgueil et la luxure, il s’insatanise, homme qui pouvait devenir ange, pour être l’homme qui devient démon. (...) Mais Père, Oh ! mon Père ! Je l’aime... je l’aime encore » (V, 5, 34 ou EMV 317.4). Cet échange entre Lazare et Jésus : « — C’est Judas de Keriot ! — Non. C’est Satan. Dieu a pris chair en moi : Jésus. Satan a pris chair en lui : Judas de Keriot (...). J’ai dit que la possession c’est la contagion de Satan qui inocule ses sucs dans l’être et le dénature. J’ai dit que c’est le mariage d’un esprit avec Satan et avec l’animalité. Mais la possession est encore peu de chose par rapport à l’incarnation. (...) C’est seulement en Jésus Christ qu’est Dieu tel qu’il est au Ciel, car je suis le Dieu fait chair. Il n’y a qu’une incarnation divine. De même aussi dans un seul sera Satan, Lucifer, comme il est dans son royaume, car c’est seulement dans l’assassin du Fils de Dieu que Satan s’est incarné. Lui, pendant que je te parle, est devant le Sanhédrin. Il s’occupe de mon meurtre et s’y emploie, mais ce n’est pas lui, c’est Satan » (IX, 6, 25 ou EMV 587.3). Cette parole de Jésus : « Si Satan ne s’était pas incarné, l’éternel singe de Dieu, en une chair mortelle, ce possédé n’aurait pas pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J’ai dit : “possédé”. Non. Il est beaucoup plus : il est anéanti en Satan » (IX, 20, 184 ou EMV 600.32). Une réponse de Jésus à une question des Apôtres au sujet de Judas : « — Mais pourquoi ne l’as-tu pas vaincu ? Tu ne le pouvais pas ? — Je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s’incarner pour me tuer, j’aurais dû exterminer la race humaine avant la Rédemption. Qu’aurais-je racheté alors ? » (IX, 6, 184 ou EMV 600.32) Ce commentaire de Jésus : « À certains cela semblera inutile, humain, impossible ce que je mets en lumière. Ce sont ceux qui ont l’habitude de nier les phases humaines de la vie de Jésus, et font de moi une chose tellement en dehors de la vie humaine qui n’est uniquement qu’une chose divine. Où donc alors la Très Sainte Humanité, où le Sacrifice de la Seconde Personne en revêtant une chair ? Oh ! Combien vraiment j’étais l’homme parmi les hommes. J’étais l’homme et pour cela je souffrais de voir le traître et les ingrats. Pour cela je jouissais de l’amour de qui m’aimait ou se convertissait à moi. C’est pour cela que je frémissais et pleurais devant le cadavre spirituel de Judas. J’ai frémi et pleuré devant un ami mort, mais je savais que je l’aurais rappelé à la vie et je jouissais de le voir déjà par son esprit dans les Limbes... Ici... ici j’avais en face de moi le Démon. Et je ne dis rien de plus. » (II, 48, 263 ou EMV 83.7)


2. Accusation

Sur la base de ces extraits, Don Chevallier reproche à Jésus d’expliquer que Judas « est anéanti en satan » (IX, 20, 184 ou EMV 600.32) et que satan ne l’aurait pas simplement possédé, mais se serait « incarné » en lui (IX, 6, 25 ou EMV 587.3), au moment de sceller le déicide (doc.3, pp.9-13), participant par là même à faire baigner « toute la pensée de Maria Valtorta » dans « un dualisme manichéen » (doc.3, p.11), dans « une vision très manichéenne de l’univers spirituel » (doc.3, p.24).


3. Réponse

Rappelons ici que le terme manichéisme est issu d'une doctrine religieuse syncrétique conçue par Mani au IIIe siècle. Cette doctrine est fondée sur la coexistence et le dualisme antagoniste de deux principes cosmiques égaux et éternels : le bien et le mal. Accuser L’Évangile tel qu’il m’a été révélé de manichéisme ne tient pas pour au moins trois raisons :
  1. L'œuvre ne présente jamais satan comme étant l’égal de Dieu. Il est toujours clair que satan est une créature angélique immortelle déchue en raison de sa libre désobéissance à Dieu, son créateur éternel. Ainsi, le pouvoir de satan est infiniment limité par rapport à celui de Dieu et son action prendra fin.

Citons par exemple ce passage où Jésus commente la beauté de la création : « Ici, Dieu apparaît réellement dans sa majesté de Créateur et, à la vue de ses merveilles, nous pouvons croire fermement que le Maître, c’est lui et non pas satan. Le malin ne pourrait pas créer le moindre brin d’herbe. Mais Dieu peut tout. Que cela nous réconforte. » (EMV 174.15) ou encore celui-ci, où Jésus dit : « Le démon, qui ne cesse de singer Dieu, produit chez les possédés de l’esprit, un effet analogue bien que limité puisque Dieu seul est infini » (EMV 502.2).
  1. L’incarnation de satan dans un homme demeure celle d’une créature (angélique, pur esprit) dans une créature (humaine). Celle-ci est bien différente de l’incarnation du Verbe. Pour Jésus, il s’agit d’une union hypostatique (deux natures en une seule personne). Dans le cas de Judas, satan glisse dans le psychisme accueillant de Judas et lui communique ses pensées et ses passions, au point de devenir les pensées et les passions mêmes de Judas ; il s’agit d’une union morale, exprimée de manière métaphorique par le verbe « incarner » (tout comme la Bible recourt au terme métaphorique « une seule chair » pour décrire l’union de deux êtres ; cf. Gn 2, 24 ; 1 Co 16).

  2. Par ailleurs, cette incarnation se passe au cours de la vie terrestre de Judas, pour un laps de temps très court, et non dès sa conception, comme pour le Christ.

En nous appuyant sur le contenu global de l'œuvre, il est clair qu’il ne s’agit pas d’une « mise en parallèle strict avec l’incarnation du Fils de Dieu » comme l’affirme Don Chevallier (doc.3, pp.12-13). La mise en parallèle ici à ses limites, et ne saurait être un miroir manichéen. Enfin, observons que Don Chevallier trouve et donne lui-même la réponse à la page suivante (doc.3, p.12), en citant l’évangile de Jean : « quand Judas eut pris la bouchée, satan entra en lui » (Jn 13, 27). Don Chevallier aurait encore pu citer saint Luc : « Satan entra en Judas, appelé Iscariote, qui était au nombre des Douze. Judas partit s’entretenir avec les grands prêtres et les chefs des gardes, pour voir comment leur livrer Jésus » (Lc 22, 3-4). Saint Jean Chrysostome (344-407), docteur de l’Église, commentait dans son Homélie LXXXI, 3, sur saint Matthieu : « […] le démon ne se rend pas tout d’un coup maître du cœur de l’homme. Il n’y entre que peu à peu. C’est de cette manière qu’il se conduit ici envers Judas. Il le tente, il le sonde, jusqu’à ce qu’ayant reconnu qu’il s’abandonnait à lui, il se répand dans le fond de son cœur, et il se l'assujettit entièrement. » Cette compréhension fut également développée par saint Augustin : « “Satan entra en lui”, dans ce sens qu’il prit complètement possession de celui qui lui appartenait déjà, car il était déjà dans Judas, lorsque ce perfide disciple convint avec les Juifs du prix de sa trahison, comme saint Luc le dit clairement : “Or, Satan entra en Judas, surnommé Iscariote, l’un des douze ; et il s’en alla conférer avec les princes des prêtres et les officiers du temple, sur les moyens de le leur livrer.” Il était donc au pouvoir de Judas, lorsqu’il vint se mettre à table avec Jésus, mais après qu’il eut reçu ce morceau de pain, Satan entra en lui, non plus comme pour tenter un homme qui lui fût étranger, mais pour posséder plus pleinement celui qui lui appartenait déjà » (saint Augustin, cité par saint Thomas d’Aquin dans La Chaîne d'Or, Jn 13, 21-30). Jésus explique cette possession complète dans un échange avec ses disciples : « Thomas : — Avant-hier, tu nous as annoncé que le Rédempteur – toi –, serait livré par un traître. Comment un homme pourra-t-il te trahir, toi, le Fils de Dieu ? Jésus : — Un homme, en effet, ne pourrait trahir le Fils de Dieu – qui est Dieu comme le Père. Mais le traître ne sera pas un homme. Ce sera un démon dans un corps d’homme, le plus possédé, le plus obsédé des hommes. Marie de Magdala avait sept démons, et le possédé des jours derniers était dominé par Belzébuth. Mais il y aura en lui Belzébuth et toute sa cour démoniaque… Ah ! comme il est vrai que l’Enfer sera tout entier dans ce cœur pour lui donner l’audace de vendre le Fils de Dieu à ses ennemis, comme on vend un agneau au boucher ! Judas intervient : — Maître, aujourd’hui, cet homme est-il déjà possédé par Satan ? — Non, Judas. Mais il a une inclination pour Satan : cela veut dire qu’il se met dans les conditions de tomber en lui » (EMV 503.2).


III. « La manière d’exprimer et de concevoir l’Incarnation du Verbe » (doc.3, p.3) ou certaines « affirmations doctrinales explicites ou suggérées sur l’Incarnation du Verbe » (doc.3, p.24)

Enfin, toujours dans sa critique doctrinale, Don Chevallier formule ces quatre reproches :
  1. L’unité de la nature divine et de la nature humaine du Fils
  2. La relation avec les autres personnes de la Trinité
  3. L’image de la chair comme vêtement
  4. La représentation du Père
Nous allons y répondre point par point.

1. L’unité de la nature divine et de la nature humaine du Fils

Don Chevallier reproche à Jésus, dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, de présenter sa nature humaine et sa nature divine « le plus souvent dans des formules fortement dualistes », opérant « une sorte de division » entre elles (doc.3, p.14) et mettant à mal « l’unité de la personne de Jésus, Verbe fait chair » (doc.3, note p.14). Non, Jésus ne se dédouble pas. Mais, il est libre d’employer les mots qu’il juge les plus appropriés, dans le contexte, pour toucher une âme. Ainsi :
  • dans l’exemple que donne Don Chevallier de Jésus s’adressant à Judas – « Tu ne veux pas m’obéir à Moi, je ne dis pas à moi-Homme, mais même pas à moi-Dieu, tu as obéi à Satan » (VIII, 28, 260 ou EMV 567.16) (doc.3, p.14) – Jésus estime peut-être qu’en réveillant la conscience de son apôtre rebelle en lui rappelant sa divinité, il recourt à un moyen proportionnel à la gravité du danger ;

  • dans l’exemple que donne Don Chevallier de Jésus s’adressant à Jacques d’Alphée : « Si le Jésus-Homme pleure avec toi, le Jésus-Verbe jubile pour toi » (II, 60, 327 ou EMV 95.1) (doc.3, note p.15).
    Jésus souhaite peut-être rappeler qu’il existe deux manières de voir un même événement (la manière du monde, et la manière de Dieu). Saint Paul est-il trop dualiste lorsqu’il dit que « la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Co 3, 16-23) ? En réalité, ce dualisme est omniprésent dans la Bible : « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1 S 16, 7) ; « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16, 23) ; « Ce qui est prestigieux pour les hommes est objet de dégoût pour Dieu » (Lc 16, 15) ; « Adultères ! ne savez-vous pas que l’amitié pour le monde est inimitié contre Dieu ? Qui veut donc être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (Jc 4, 4) ; etc.


2. La relation avec les autres personnes de la Trinité

Pour Don Chevallier, dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, le Verbe Divin semble comme « séparé » des deux autres personnes divines, à partir de l’Incarnation (doc.3, p.19), ce qui serait une « négation même de l’immuable unité des Trois et de leur agir toujours commun » (doc.3, p.19). À lire Don Chevallier, ce non éloignement ou cette non séparation du Verbe d’avec le Père devrait presque se traduire par une non communication entre eux (doc.3, p.20). C’est pourtant ce que nous donnent à voir les évangélistes :
  • « Il y eut une voix venant des Cieux : “Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie” » (Mc 1, 11).

  • « Et, de la nuée, une voix se fit entendre : "Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le !" » (Lc 9, 35)

  • « Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement » (Jn 5, 20).

  • Jésus : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26)

  • « De la nuée, une voix se fit entendre : “Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le !” » (Lc 9, 35)

  • Lors de la nuit de l’esprit que vit Jésus en croix : « Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : "Éli, Éli, lema sabactani ?", ce qui veut dire : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” » (Mt 27, 46)


3. L’image de la chair comme vêtement

Don Chevallier reproche à Jésus, dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, de recourir « le plus souvent à l’image du vêtement pour évoquer les relations de son humanité avec sa divinité » (doc.3, p.15). Bien que l’affirmation « le plus souvent » semble infondée, l’image n’en demeure pas moins valide, surtout qu'elle est abondamment complétée par d’autres enseignements de Jésus. Don Chevallier reproche à Jésus d’employer des formulations telles que « de l’homme, tu le sais, je n’ai que le vêtement. Le cœur est divin et ses palpitations sont divines » (II, 102, 606 ou EMV 135.3) (doc.3, p.15), et de minorer « la nature humaine dans la réalité de l’union hypostatique » au point de relever « du docétisme gnostique qui nie la pleine réalité de l’Incarnation » (doc.3, p.16). Glisser dans la même phrase de l’image du vêtement à la négation de la pleine réalité de l’Incarnation, en passant par le « docétisme gnostique », est une divagation décorrélée de ce que dit Jésus. En effet, Jésus, en disant cela, insiste sur le fait qu’il n’a pas le cœur tortueux des hommes et rappelle la pureté de son amour. Ailleurs, Jésus précise : « En ce qui concerne mon Incarnation réelle, je réponds : il est juste qu’il en ait été ainsi. A l’avenir, beaucoup tomberont dans toutes sortes d’erreurs au sujet de mon Incarnation. Ils me prêteront précisément les formes que Judas aurait voulu que je prenne : un homme dont le corps est en apparence formé de matière, mais en réalité fluide, comme un jeu de lumière, grâce auquel je serais et ne serais pas une chair. » (EMV 207.11) Don Chevallier fait le choix d’une lecture littérale et sélective qui lui permet, ensuite, de mieux appliquer son prisme. Les rationalistes qui se moquent de la Bible en raison de ses innombrables images et récits extraordinaires, n’en font-ils pas autant ? On parle ici de jugement téméraire consistant à lester un émetteur d’intentions qu’il n’a pas, en vue de le discréditer. Ce procédé peut être appliqué à peu près à n’importe quel texte, surtout si ce dernier contient des métaphores. Donnons en exemple le terme « terre mère » que les opposants du pape François ont tout de suite associé à l'idolâtrie de la déesse Pachamama, alors même qu’ils ne font aucun reproche à l’autre François, celui d’Assise, lorsqu’il utilise le même terme dans son Cantique des créatures. À juste titre, l’Église et les saints ont toujours vigoureusement condamné la pratique du jugement téméraire (CEC 2477).

4. La représentation du Père

En se basant sur ces deux éléments :
  • Jésus dit : « Moi, représentant de Dieu, j’explique tout et en fais l’application à l’éternel et au surnaturel. Jéhovah vous a frappés. […] Il vous envoie qui vous guérit et vous sauve, moi, qui vous parle. » (II, 22, 106 ou EMV 59.5),

  • Jésus foudroie [Doras] d’un nouveau regard et d’une brève réplique : « Je te remets au Dieu du Sinaï » (II, 76, 428 ou EMV 109.12).

Don Chevallier déclare que le Père, dans Maria Valtorta, apparaît à « plusieurs reprises […] dur ou mauvais comme le dieu que Marcion s’était représenté à partir d’un Ancien Testament opposé au Nouveau » (doc.3, p.22). Or, c’est précisément parce que le Père est le même de toute éternité (et non comme Marcion l’imaginait changeant), qu’il est, aujourd’hui comme hier, celui qui peut frapper de châtiment l’humanité antédiluvienne, Pharaon, les villes de Sodome et Gomorrhe, Ananie et Saphire (Ac 5, 1-11), en vengeant l’Amour outragé à l’excès. Nombre de révélations privées et de prophètes, nettement postérieurs à l’Ancien Testament, ne cessent de nous rappeler l’impératif de conversion pour éviter ce châtiment (La Salette, Fatima, Akita, etc.). Concernant le cas précis de l’impénitent Doras, la réponse se trouve en EMV 604.6 où Jésus précise : « [Doras] est mort de colère, non par la foudre du Ciel. Dieu l’attendait de l’autre côté pour le foudroyer. » En EMV 436.3, Jésus précise que le Père, décrit dans l’Ancien Testament, a « une bonté sévère » et qu’il faut savoir « distinguer la véritable bonté de ce qui n’est que mollesse d’éducation ».

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