Magnificat (Jean Vanier)

Magnificat (Jean Vanier)

« Dans la mesure où nous nous livrons et donnons à Jésus, il y aura des moments d'aridité et de ténèbres.

Un jour, que Jésus semblait se faire proche à nouveau, dans la prière de Thérèse d'Avila qui, depuis de nombreuses années, était incapable de prier et était torturée par l'angoisse dans la prière, elle se plaignit à Lui : "Comment cela se fait-il que vous m'ayez laissée si longtemps ?" Et Jésus dit : "C'est ainsi que je traite mes amis". Thérèse répondit : "C'est pour cela que vous en avez si peu !"

Nous devons être prêts à attendre ; nous devons être prêts à entrer dans le monde de l'angoisse, quelque fois même de l'agonie. Mais ce ne sera qu'une préparation à une nouvelle rencontre plus profonde avec Jésus.

Ayant découvert qu'Il m'aime comme je suis, je peux vraiment me montrer tel que je suis : je n'ai pas à m'inquiéter de ce que les gens pensent de moi.

Je peux très bien comprendre que d'autres personnes ne m'aiment pas, parce que je sais combien je suis pauvre et faible. Je n'ai pas peur de reconnaître et partager avec d'autres mes faiblesses, mes incapacités, mes ignorances. [...]

En acceptant notre pauvreté, nous trouvons notre vrai lien avec Jésus et découvrons sa vraie nature. Nous pouvons alors découvrir vraiment notre frère, parce qu'il est, lui aussi, souffrant et faible ; et si je lui montre combien je suis pauvre, il ne sera pas gêné de me montrer combien il est pauvre. Ensemble, nous rendrons grâce à Jésus pour tout ce qu'Il nous a donné parce qu'Il a regardé notre pauvreté. [...]

Et tous ensemble, convaincus de notre faiblesse, nous pourrons dire avec Marie :

"Mon âme magnifie le Seigneur".

Nous pourrons nous réjouir ensemble. C'est magnifique ! Mon esprit peut se réjouir en Dieu mon Sauveur. [...]

Il s'est donné Lui-même à nous, les affamés. Nous venons seulement de découvrir que nous avions faim, que nous avions soif. Seuls ceux qui ont soif peuvent boire à Jésus. »


Jean Vanier, "Disciple de Jésus", Fleurus, Paris, 1977.