LG 62 : Marie servante du Seigneur après l’Assomption

Lumen gentium 62 : Marie servante du Seigneur après l’Assomption

"A partir du consentement qu'elle apporta par sa foi au jour de l'Annonciation et qu'elle maintint dans sa fermeté sous la croix, cette maternité de Marie dans l'économie de la grâce se continue sans interruption jusqu'à la consommation définitive de tous les élus.

En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas: par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel (15).

Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu'à ce qu'ils parviennent à la patrie bienheureuse.

C'est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l'Eglise sous les titres d'avocate, d'auxiliatrice, de secourable, de médiatrice (16), tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n'en résulte quant à la dignité et à l'efficacité de l'unique Médiateur, le Christ (17).

Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l'unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l'unique médiation du Rédempteur n'exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source.

Ce rôle subordonné de Marie, l'Eglise le professe sans hésitation ; elle ne cesse d'en faire l'expérience ; elle le recommande au coeur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s'attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur."

Notes:
(15) Cf. Kleutgen, textus reformatus De mysterio Verbi incarnati, cap. IV. Mansi 53, 290. Cf. S. André Cret. in nat. Mariae, sermo 4: PG 97, 865 A. S. Germain Const. In annunt. Delparae PG 98, 321 BC, In dorm. Delparae III: col. 361 D S Damascène, in dorm. B.V. Mariae, hom. 1,8: PG 96, 712 BC. 713 A.
(16) Cf. Léon XIII, encyc. Adiutricem populi, 3 sept. sept. 1895: ASS 15 (1895-96)p. 303. S Pie X, encycl. Ad diem illum 2 Févr.1904: Févr.1904: Acta I,p.154 ; Denz. 1978 a (DS 3370). Pie XI, encyc. Miserentissimus, 8 mai 1928: AAS 20 (1928)p; 178. Pie XII, nuntius radioph. 13 mai 1946: AAS 38 (1946), p. 266.
(17) S Ambroise, Epist.63: PL 16, 1218. (1964 Lumen Gentium 62)

Commentaire :

La continuité entre la maternité spirituelle de Marie sur la terre et au ciel.

Dès l’Annonciation, elle est mère de la vie, mère des vivants (cf. LG 56)

Au calvaire, sa participation consciente et libre au sacrifice qui expie le péché et qui donne l’Esprit Saint vivifiant, constitue un nouveau titre pour sa maternité universelle de Marie.

L’intention de Marie ayant toujours été « pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle » (LG 61), sa maternité spirituelle continue « jusqu’à ce qu’ils (les frères de son fils) parviennent à la patrie bienheureuse » (LG 62).

La maternité spirituelle de Marie au ciel

Comment quasi matériellement au ciel Marie agit-elle ?

« Par son intercession répétée » le concile n’a pas voulu préciser les modalités concrètes de la maternité spirituelle de Marie au ciel (prière, intercession, aide, intervention) : le mot latin traduit par « multiplici » signifie littéralement plissé (beaucoup de plis, de replis, d’éléments variés, et par extension, multiple, nombreux) suggère une grande variété de mode d’action. Le mot intercession a été choisi car il correspond à l’action principale de Marie dans l’Evangile (à Cana, Jn 2).

Dans quel but au ciel Marie agit-elle ?

« Nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel » : l’action maternelle de Marie a d’abord pour but notre salut éternel. Mais elle concerne aussi tous « les périls et les épreuves » liés à la vie terrestre.

Par quel moyen Marie agit-elle ?

Au ciel, Marie n’intervient plus par la foi et l’espérance comme s’était le cas sur la terre (LG 61) mais uniquement par la charité. Cette charité est l’amour même de Dieu participé par les créatures, c’est aussi une charité qui a sa propre caractéristique : c’est un « amour maternel».

Marie est légitimement invoqué sous le titre de Médiatrice et le concile l’encourage

Le fruit d’une discussion entre les pères du concile :

Le titre de médiatrice, ayant déjà été utilisé par les papes devait être clairement cité, mais une partie des pères pensait que ce titre devait être éliminé car le Christ est l’unique médiateur. La concorde fut obtenue par un effort de précision : on conserva le titre mais accompagné d’autres titres qui en illuminent le sens, et on le situa à l’intérieur de la médiation du Christ et non pas indépendamment (LG 60 repris en LG 62).

La médiation de Marie ne diminue en rien l’unique médiation du Christ.

La doctrine de la médiation de Marie reçoit deux arguments très efficaces, qui affirment aussi implicitement la coopération de tous les fidèles à l’histoire du salut :

L’analogie que l’Ecriture elle-même offre au sujet du sacerdoce unique du Christ (He 5), qui est participé par les ministres sacrés et par les simples fidèles, ce que les protestants comprennent très bien.

Le fait que les créatures participent de la bonté de leur Créateur.

Ce rôle subordonné de Marie, l’Eglise le professe

C’est une reconnaissance, une profession de foi, de l’influence de Marie dans notre salut d’un point de vue doctrinal. Cette doctrine étant professée dans le contexte ecclésial, aussi bien de ce petit paragraphe LG 62 que de l’ensemble de la Lumen Gentium qui expose la conscience du rôle de l’Eglise comme sacrement du salut. Implicitement est aussi reconnu la coopération de chaque fidèle à l’histoire du salut.

L’Eglise continuellement l’expérimente : c’est une page de l’histoire humaine que personne ne peut renier.

L’Eglise « recommande au cœur des fidèles », c’est-à-dire à leur conscience et à leur style de vie chrétienne, de faire de cette influence de Marie une expérience toujours plus profonde.

« pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur. »


F. Breynaert

cf. [Lien perdu].