Le sacrifice sacerdotal de Jésus (Hb)

La lettre aux Hébreux

La lettre aux Hébreux exalte Jésus qui est le Fils et le Fils de l'homme :

Nous lisons par exemple :

« Resplendissement de sa gloire, effigie de sa substance, ce Fils qui soutient l'univers par sa parole puissante, ayant accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs. » (Hébreux 1, 3).

Dans le psaume 110,1, le Seigneur invite un autre personnage, mon Seigneur à siéger à sa droite. Pour la lettre aux Hébreux, ce personnage est Jésus, "ce Fils qui soutient l'univers" (de nature divine dirions-nous).

Jésus est aussi le « fils de l'homme » (He 2, 6), et par-là, il est solidaire de tout homme pour emmener tout homme dans la gloire.

« Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, ou le fils de l'homme pour que tu le prennes en considération? [...] Mais celui qui a été abaissé un moment au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur, parce qu'il a souffert la mort: il fallait que, par la grâce de Dieu, au bénéfice de tout homme, il goûtât la mort. » (Hébreux 2, 6-9)

Prêtre selon l'ordre de Melchisedek :

Beaucoup d'autres passages du Nouveau Testament appliquent à Jésus le psaume 110. Ce qui est particulier à la lettre aux Hébreux, c'est d'appliquer à Jésus ce verset :

« Tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech. » (Ps 110, 4 = He 7, 17).

Melchisedek est un personnage unique en son genre, il est prêtre mais il n'est pas dit qu'il soit de la tribu d'Aaron, etc. (Genèse 14)...

Le chapitre sept de la lettre aux Hébreux creuse le texte de la Genèse pour lui donner un sens christologique[1].

Il ne s'agit d'une appropriation mécanique des textes de l'Ancien Testament, mais il s'agit d'exprimer la conviction chrétienne que Jésus a une position unique, comme Melchisédech, il est inclassable, car Jésus est l'unique rédempteur et le modèle de tous[2].

Par sa Passion, le sacerdoce de Jésus est meilleur que celui d'Aaron:

« C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété, tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance ; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel, puisqu'il est salué par Dieu du titre de grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech. » (Hébreux 5, 7-10)

Le sacerdoce de Jésus nous sanctifie et nous appelle à l'imiter dans sa Passion :

« C'est pourquoi Jésus lui aussi, pour sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Par conséquent, pour aller à lui sortons en dehors du camp, en portant son opprobre. » (Hébreux 13, 12-13)

L'Eglise reçoit la sanctification, puis elle participe à la vie de Jésus en portant son opprobre, c'est à dire en portant sa croix, car

« Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans la lutte contre le péché. » (Hébreux 12, 2-4)

Souvenons-nous que la lettre aux Hébreux a fait allusion à Jésus comme "Fils de l'homme" (He 2, 6) , or « le Fils de l'homme n'est pas seulement Un, mais nous tous avec lui-même.»[3]. Autrement dit Jésus nous sanctifie, lui seul, puis nous tous avec lui nous portons la croix et nous le suivons dans la gloire.

Jésus est le grand prêtre par qui les chrétiens offrent désormais un culte à Dieu :

« Par lui, offrons à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. » (Hébreux 13, 15)

Marie.

L'allusion à Jésus "Fils de l'homme" (He 2, 6) nous rappelle discrètement sa mère, Marie, dont le Magnificat résonne fortement dans ce contexte.


[1] Un texte de Qumrân, 11Qmelchisedeck, a lui aussi spéculé sur la figure biblique de Melchisédek ; mais rien n'indique un lien direct entre Hébreux et ce texte de Qumrân.

[2] Cf. Larry W. Hurtado, Le Seigneur Jésus Christ, La dévotion envers Jésus aux premiers temps du christianisme. Cerf, Paris 2009, p. 515-523

[3] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 362-363.


Françoise Breynaert