La maternité divine de Marie chez saint Luc

La maternité divine de Marie en saint Luc

Dans l’évangile de saint Luc, l’ange de l’Annonciation présente le caractère divin de l’enfant avec le langage de la culture juive, en disant que Marie est comme la tente de la rencontre ou l’arche d’Alliance, autrement dit, le lieu de la présence divine. Dans ce contexte, nous sommes assurés que les expressions « Fils du Très Haut » (Lc 1, 32) et « Fils de Dieu » (Lc 1, 35) ont un sens fort. De même, dans le récit de la Visitation, l’expression « la mère de mon Seigneur » (Lc 1,43) a aussi un sens fort.

Lc 1,35 Marie nouvelle tente de la rencontre

Beaucoup d’exégètes pensent que Lc 1,35 a des affinités avec Exode 40,34-35.

Les correspondances entre Lc 1,35 et Ex 40,34-35 seraient les suivantes :

Evangile de Luc : L’Esprit Saint, qui est la Puissance du Très Haut, descend et couvre de son ombre Marie. Donc son sein elle donnera vie à celui qui sera appelé "Fils de Dieu."

Exode : La nuée, symbole de la présence de Dieu couvre et ombrage la tente de la rencontre qui est rempli par la Gloire de Dieu.

Pour ces représentations, cf Ex 16,10 ; 19,9 ; Nm 9,15-22 ; 10,36 ; 1R 8,10-12 (= 2 Cr 5,13-6,2)…

La pointe de ces parallèles est l’équivalence entre "la Gloire de Dieu" et l’appellation "Saint-fils de Dieu". En d’autres paroles, l’enfant qui naîtra de Marie sera de nature divine. Les titres de "Saint" et "Fils de Dieu" sont à entendre au sens plein. Lc 1,39-44.56

Marie nouvelle arche

Le récit de la visite de Marie à Elisabeth (Lc 1,39-44.56) semble modelé sur 2 Sam 6,2-16, qui raconte le transport de l’arche d’alliance de Baala de Judas à Jérusalem. Les commentaires mentionnent ces points de contact entre les deux passages:

  • 1. Le voyage soit de l’arche soit de Marie se passe dans le pays de Judas.

  • 2. Dans les deux épisodes ont lieu des manifestations de joie.

  • 3. David et le peuple d’une part et Elisabeth poussent des cris de joie. Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et « poussa un grand cri » : le verbe anaphoneô, employé par Lc 1,42, il est utilisé par les LXX exclusivement pour les acclamations liturgiques, spécialement celles qui accompagnent le transport de l’arche d’alliance. La clameur sacrée du peuple devant l’arche est maintenant le cri d’allégresse d’Elisabeth qui, éclairée par l’Esprit, sait qu’elle se trouve devant la nouvelle arche d’Alliance, c’est-à-dire Marie qui porte en son sein la présence de Dieu incarné.

  • 4. La présence de l’arche dans la maison d’Obed-Edom (1 Sam 6,10.11a) et la présence de Marie dans la maison de Zacharie (Lc 1,40a) sont des motifs de bénédiction.

  • 5. Une crainte religieuse pénètre aussi bien David qu’Elisabeth. 6. L’arche stationne dans la maison d’Obed-Edom trois mois (2 Sam 6,11) et Marie resta avec le parent âgé "environ trois mois" (Lc 1,56).

Marie est comme l’arche d’Alliance, autrement dit, le lieu de la présence divine.

Les autres expressions de la divinité de Jésus

"Il sera grand" avait dit l’ange à Marie (Lc 1,32) : l’épithète "grand" est réservée à Dieu dans l’Ancien Testament.

Les prérogatives de "Saint, Fils de Dieu" (Lc 1, 35) sont l’effet de l’intervention de l’Esprit dans le sein de la Vierge.

"La mère de mon Seigneur" (Lc 1,43) : Elisabeth honore Marie comme la mère du roi-messie. Mais le contexte proche et lointain nous oblige à entendre le titre "Seigneur" dans un sens transcendant-divin.

________________

Extraits de : A.SERRA, "Madre di Dio", nel Nuovo dizionario di mariologia,

a cura di de Fiores, ed. san Paolo 1985, p.729-730

On pourra lire aussi : R.LAURENTIN, Structure et Théologie de Luc 1-11. Gabalda, Paris 1957, pp. 36.37.122

Père Serra