Le buisson ardent est une figure de Marie

Marie, buisson ardent

Le buisson brûle sans se consumer (Ex 3,2).

La flamme comme la lumière ne peuvent pas être saisies : elles disent la transcendance de Dieu.

Pourtant le feu nous enveloppe de sa chaleur : il dit la proximité de Dieu.

Le buisson qui brûle sans se consumer (Ex 3,2) exprime la présence de Dieu, et Moïse se déchausse...

En Marie, Dieu s'incarne. Dieu se fait proche, tout en demeurant transcendant. C'est pourquoi le symbole du buisson ardent devient aussi le signe de la virginité et de la maternité divine de Marie.

1) Grégoire de Nysse :

« Ce qui était préfiguré dans la flamme et dans le buisson fut manifesté ouvertement dans le mystère de la Vierge. Comme sur le mont le buisson brûlait mais ne se consumait pas, de même la Vierge mit au monde la lumière mais ne se corrompit pas.»

Grégoire de Nysse, Orario in diem natalem Christi:

PG 46, 1133- 1136

2) Saint Ephrem le syrien :

Saint Ephrem le syrien imagine le buisson "inondé" de lumière divine (Ex 3,2-3), représentant le sein de Marie rendu fécond non pas par une semence humaine mais par le rayonnement de la lumière de Dieu:

« L'ange lui dit : L' Esprit-Saint viendra, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. Pourquoi l'ange n'a-t-il pas mentionné le nom du Père, mais plutôt le Nom de sa puissance et celui de l'Esprit-Saint, sinon parce qu'il convenait que vint l'architecte des oeuvres, qu'il redressât l'édifice. Ecroulé, et que, par sa chaleur, l'Esprit sanctifiât les édifices souillés ? Si le Père a confié à son Fils le jugement futur, il est évident qu'il a accompli également par lui, et la création des hommes, et leur redressement. Il fut le charbon qui vint mettre le feu aux chardons et aux épines. II habita dans le sein et il le purifia ; il sanctifia l'endroit des douleurs de l'enfantement et des malédictions. La flamme que vit Mo?se humecta le buisson, et le buisson embrasé distilla de la graisse ; le buisson embrasé sans être consumé, était l'image de l'or purifié ; il l'était surtout de ce feu vivant, apparu à la fin des temps, qui arrosa et humecta le sein de la vierge, et s'en enveloppa comme le feu du buisson. »

EPHREM de NISIBE, SYRUS, Diatessaron §25,

SC. n°121, p.57

3) Sévère, patriarche d'Antioche, mort en 538 :

« Quand je tourne le regard vers la Vierge Mère de Dieu et que je tente d'ébaucher une simple pensée sur elle, dès le début il me semble entendre une voix qui me vient de Dieu et me crie à l'oreille: ne t'approche pas ! Enlève tes sandales, parce que l'endroit où tu es est une terre !... Se rapprocher d'elle est comme se rapprocher d'une terre et atteindre le ciel. »

SEVERUS ANTIOCHENUS,

Homilia LXVII in sanctam Mariam Deiparam: PO 8,349-350

4) Dans la liturgie éthiopienne :

« Tu es le buisson que Mo?se a vu au milieu des flammes et qui ne se consumait pas et qui est le Fils du Seigneur. Il vint et il habita en tes entrailles et le feu de sa divinité ne consuma pas ta chair. Prie pour nous o ! »

Liturgie éthiopienne,

Weddase Maryam, Laudes beata e Mariae.

Louange du mardi: PO 33.286

5) Raban Maure (France et Allemagne, mort en 856) :

« La ronceraie, comme quelques-uns croient, est une préfiguration de la Vierge Marie, puisqu'elle fit germer le Sauveur comme une rose, presque en le tirant de la ronceraie de son corps humain ; ou parce qu'elle produisit la force de la splendeur divine sans être consumée.

C’est pourquoi dans le livre de l'Exode, on lit : Le Seigneur apparut à Moïse dans une flamme de feu au milieu d’une ronceraie. Il regarda et voici : la ronceraie brûlait dans le feu, mais cette ronceraie ne se consumait pas. »

Raban MAURE, De univverso 19, 6,

PL 111, 513 C

6) Amédée de Lausanne (Abbé de Hautecombe, † 1159) :

« Nous t’en prions, Souveraine, très digne mère de Dieu, ne méprise pas ceux qui demandent avec crainte, qui cherchent avec piété, qui frappent avec amour. Nous t’en prions, quel sentiment t’avait émue, quel amour t’avait saisie, quels frémissements t’avaient agitée lorsque cela se fit en toi et que le Verbe prit chair de toi ? Où étaient ton âme, ton cœur, ton esprit, tes sens, ta raison ? Tu flambais comme le buisson qui jadis fut montré à Moïse, et tu ne brûlais pas. Tu fondais et tu ne te consumais pas. Ardente, tu fondais sous les feux d’en haut; fondue au feu, du feu tu reprenais des forces, afin de toujours être ardente et de te fondre encore. »

Amédée de Lausanne, Hom. III,

S.C. 72, p. 109

7) Grégoire Palamas (†1359 à Thessalonique) :

« Moïse contempla […] le buisson embrasé par le feu et ne se consumant pas (Ex 3, 2). Qui donc ignorerait que la Vierge est ce buisson, elle qui conçut le feu divin sans en être consumée, l’archange ayant été le serviteur de cette conception en unissant par elle au genre humain Celui qui porte le péché du monde, et en nous purifiant par cette indicible union ? »

Grégoire Palamas, Hom 14, 8, pour l’Annonciation,

J. CLER, Grégoire Palamas, douze homélies pour les fêtes

ŒIL / YMCA-PRESS Paris, 1987, p. 89-92.


Sources :

- A.GILA, Testi e simboli biblici riletti dai padri in Chiave Mariana, Theotokos VIII (2000) 601-631.p.627-628.

- Le thème "grands témoins" de ce site internet.

Françoise Breynaert