La canonicité de l'Apocalypse au concile de Tolède (633)

Le concile de Tolède (en l'an 633) et l'Apocalypse

Texte du concile de Tolède :

« L'autorité de beaucoup de conciles et les décrets synodiques des saints évêques romains établissent que le livre de l'Apocalypse est de Jean l'Evangéliste et statuent qu'il doit être rangé au nombre des divins Livres. Or, il en est beaucoup qui ne reçoivent pas son autorité et refusent de la proclamer dans l'Eglise de Dieu. Si quelqu'un désormais ne la reçoit pas et ne la reconnaît pas publiquement dans l'Eglise au temps des messes entre Pâques et Pentecôte, il sera frappé d'une sentence d'excommunication. »

(Concile de Tolède, ch 17, DzS 486)

But du concile de Tolède :

Le but de ce concile est de faire lire l'Apocalypse, et ceci pour des raisons extrêmement graves qui motivent la « sentence d'excommunication » :

- L'Apocalypse est l'occasion d'une affirmation de la foi orthodoxe devant l'hérésie de l'adoptianisme dans l'Espagne du VIIème siècle. L'Apocalypse affirme nettement la divinité de Jésus-Christ : il est le « Verbe de Dieu » (Ap 19, 13), et il déclare : « Voici que mon retour est proche, et j'apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin. » (Apocalypse 22, 12-13).

- Le texte de l'Apocalypse (avec son ton tragique) devient aussi l'expression symbolique de la condition des chrétiens sous la domination arabe et en même temps une parole d'espérance en la libération à venir.

Ainsi, nous comprenons que pour nous aussi aujourd'hui, la lecture de l'Apocalypse est d'une grande importance : n'y a-t-il pas des persécutions comme en ce temps là ?

Et, envahis par tant de médias modernes, ne sommes nous pas tentés de penser que Jésus n'est qu'un homme et non pas "le Principe et la Fin" ?

Ce qui est secondaire dans la formulation du concile :

Le concile de Tolède (633) identifie l'auteur de l'Apocalypse à l'auteur de l'Evangile (ch 17, DzS 486). MAIS attention, le but du concile de Tolède n'est pas de régler la question moderne de « qui a tenu le calame et l'encrier ». L'excommunication ne porte pas sur la question de l'auteur de l'Apocalypse.

D'ailleurs, c'est évidemment sans trahison du concile de Tolède que le pape Benoît XVI se refuse à identifier le Jean auteur de l'Apocalypse soit à l'auteur de l'Evangile, soit au disciple bien-aimé :

« Alors que ni le Quatrième Evangile, ni les Lettres attribuées à l'Apôtre ne portent jamais son nom, l'Apocalypse fait référence au nom de Jean, à quatre reprises (cf. 1, 1.4.9; 22, 8). Il est évident que l'Auteur, d'une part, n'avait aucun motif pour taire son propre nom et, de l'autre, savait que ses premiers lecteurs pouvaient l'identifier avec précision. »

(Benoît XVI, audience du 23 août 2006)

« Selon la tradition, Jean est "le disciple bien-aimé" qui, dans le Quatrième Evangile, pose sa tête sur la poitrine du Maître au cours de la Dernière Cène (cf. Jn 13, 21), qui se trouve au pied de la Croix avec la Mère de Jésus (cf. Jn 19, 25) et, enfin, qui est le témoin de la Tombe vide, ainsi que de la présence même du Ressuscité (cf. Jn 20, 2; 21, 7). Nous savons que cette identification est aujourd'hui débattue par les chercheurs, certains d'entre eux voyant simplement en lui le prototype du disciple de Jésus. En laissant les exégètes résoudre la question, nous nous contentons ici de tirer une leçon importante pour notre vie: le Seigneur désire faire de chacun de nous un disciple qui vit une amitié personnelle avec Lui. »

(Benoît XVI, audience du 5 juillet 2006)


Françoise Breynaert