Marie à la Transfiguration (rite arménien)

La Transfiguration (Vartavar), rite arménien

La Transfiguration est toujours célébrée un dimanche et sa date dépend de Pâques.

Explication de la date de la fête

Varvatar signifie « décoration avec des roses », en lien avec la fête païenne du 1° jour du mois de Navasart chez les Arméniens avant leur conversion, durant laquelle on décorait les autels païens avec des roses.

Saint Grégoire l’illuminateur a transformé cette fête en une fête chrétienne, la Transfiguration (c’est pourquoi elle ne tombe pas le 6 août comme chez les orthodoxes et les catholiques). Mais ensuite, elle fut encore déplacée pour être célébrée le dimanche de la 14° semaine après Pâques (donc, selon les années, entre le 28 juin et le 1° août)

K.A. SARAFIAN The armenian apostolic church, California 1959

Quelques prières et hymnes de la Transfiguration

Dans l’église arménienne, cette fête est déjà mentionnée dans les livres canoniques de Isaac le grand au V° siècle.

Il faut remarquer la beauté de cette liturgie et la façon très profonde dont est célébrée la gloire du Fils de Dieu dans son incarnation ; ainsi que la glorification de la Trinité : le Père éternel manifeste la gloire qu’il partage avec son Fils ; il se dérobe aux disciples dans une nuée lumineuse par laquelle l’Esprit Saint marque aussi sa présence :

1° chant:

« Toi qui, transfiguré sur la montagne, as montré ta divine puissance, nous te glorifions ; ô lumière intelligible !

Toi qui as manifesté l’éclat de ta gloire et qui, par un resplendissement semblable au soleil, as illuminé tes créatures, nous te glorifions.

Toi qui, par une vision redoutable, as rempli de terreur tes disciples dans de stupéfiantes clartés (pour les exciter) à l’amour de ta divine gloire, nous te glorifions. »

2° chant:

« […] Au moment où une nuée lumineuse s’étend au dessus d’eux, descend des cieux la vois paternelle qui dit : « celui-ci est mon fils bien-aimé ! ô Dieu de nos pères ! […] »

3° chant, en l'honneur de Marie, Mère et vierge:

« L’ineffable lumière de la divinité, tu l’as par une loi providentielle portée dans tes entrailles, ô Marie Mère et Vierge ;

nous te glorifions avec bénédiction !

La troupe des apôtres a été terrifiée par une lumière partielle ; mais tu as possédé complètement en toi le feu de la divinité, ô Marie Mère et Vierge !

Un nuage de lumière s’est étendu sur les apôtres ; mais ce qui est bien plus, le Saint Esprit et la force du Très Haut se sont répandus sur toi comme une ombre [cf. Lc 1, 35].

O Mère de Dieu !»

Et encore, en l’honneur de la Vierge:

Au milieu de l’office du 1° jour, est conservé un "charagan" en l’honneur de la Vierge:

« Réjouis-toi, couronne des Vierges, Mère du Seigneur !

Aujourd’hui ton Fils a fait resplendir la gloire de son Père : toujours et sans cesse, recommande-lui nos âmes.

Moïse et Elie sont à ses côtés ;

le Thabor et le Hermon se réjouissent à son nom : toujours et sans cesse, recommande-lui nos âmes.

Isaïe t’a aperçu comme un léger nuage, et le Père, du milieu d’un nuage, a confessé sien ton Fils : toujours et sans cesse, recommande-lui nos âmes.

Signalons encore, dans le Canon du 3° jour de la Transfiguration, cet hymne :

« Nous te bénissons consubstantiel au Père, toi qui es venu sauver l’univers !

Aujourd’hui tu as manifesté sur le Thabor à la troupe choisie des apôtres et des prophètes ta divine gloire ineffable : nous te bénissons.

Aujourd’hui du sein d’un nuage, le Père rendant témoignage de son Verbe consubstantiel, uni à la chair née d’une Vierge, dit : Celui-ci est mon fils en qui j’ai mis ma complaisance ! Nous te bénissons.

Aujourd’hui, par l’éclat de ta gloire en ton royaume, ô Seigneur, tu as fait connaître quelle sera la splendeur des justes égale à la clarté du soleil : nous te bénissons. »


Felix Nève, L’Arménie chrétienne, sa littérature, Louvain 1886, p. 66-75 ; cf. Grand bréviaire arménien de Vienne (section II, 1839, pp. 608-658). Extraits par F. Breynaert