Le Oui de Marie

Le Oui de Marie ouvre la Porte du Salut des hommes

"Porte close" du Prophète, portes de l'univers qui ouvrent sur ce coeur sont invitées à livrer passage. Une humble femme, une enfant, est maîtresse de la décision... Il suffit de l'avertir, elle ne résistera pas, et son âme est toute prêtes à recevoir, sans étonnement, le surprenant message : "Je vous salue, Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes".

Marie, fille de Joachim et d'Anne, va faire, entre le ciel et la terre, le lien dont l'humanité a besoin pour son salut

Un ange, deux "anges" plutôt, et des deux quel est le plus céleste ? N'est-ce pas le doux "ange nazaréen", Marie, fille de Joachim et d'Anne, qui va faire, entre le ciel et la terre, le lien dont l'humanité a besoin pour son salut ? Ailée de désirs, Marie ne sait ce qu'elle attend, mais à coup sûr, elle compte sur la Providence. Et quoi qu'il lui advienne, elle y est disposée, elle y est préparée, elle y est adaptée, comme l'est l'horizon à l'orbe du ciel.

" Je vous salue !"... Comme l'ange fulgurant se fait modeste. L'art chrétien nous le montre incliné, agenouillé, plein de respect et d'admiration devant cette merveille qu'est la Vierge Marie. La jeune élue en est bouleversée (Luc). Un ange n'étonne pas un "ange" ; mais une telle salutation convient-elle à son humilité ? Que signifie-t-elle ? "Ne craignez pas, Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu. Et voici que vous concevrez et que vous enfanterez un fils, et vous l'appellerez du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils de Dieu."

Voici maintenant que le Pain des Cieux se propose comme son ouvrage. Elle va lui faire un corps et nous le donnera

Son étonnement ne fait pas perdre à Marie le sentiment du possible. Celle que surprend une telle salutation ne songe pas, aussitôt, à un miracle. Elle interroge : "comment cela en sera-t-il ainsi, puisque je ne connais point d'homme ?" Elle a voué à Dieu sa virginité; Dieu lui annonce une maternité. Que Dieu se concilie donc avec lui-même. Elle attend paisiblement la réponse. Son chaste "doute" n'est pas long ; assez pour être un témoignage ; trop peu pour faire obstacle aux glorieux desseins du Père. L'ange n'a qu'une seule chose à faire : lui annoncer une maternité exceptionnelle, surhumaine, puisque c'est vrai que Marie ne connaît point d'homme. Voici donc la réponse : "l'Esprit-Saint viendra sur vous, la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre, et pour cela l'Enfant-né sera Saint et il sera appelé Fils de Dieu".

On voit Marie toute retirée en elle-même, immobile, paupières baissées comme pour un enveloppement de l'âme, sentant tout le poids de Dieu, et percevant dans un pressentiment indistinct, des perspectives immenses. Qu'il me soit fait selon votre parole". En un instant, quel changement ! Tout à l'heure, Marie vaquait aux humbles soins du ménage : de sa main, elle broyait le blé, faisait le pain, le rangeait dans la huche, et disposait la table. Voici maintenant que le Pain des Cieux se propose comme son ouvrage. Elle va lui faire un corps et nous le donnera. De la réalité prétendue, elle passe au symbole. Mais quel est ici le symbole ? Est-ce le pain qui est la vraie nourriture de l'homme, n'est-ce pas surtout son Dieu ?

Le fiat de Marie éxauce le Vouloir éternel de Dieu

Ève avait cru à l'ange tentateur. A l'ange annonciateur, l'Ève nouvelle n'oppose pas de vaines paroles. C'est la parole d'en haut qui a retenti, la Parole vivante, celle qui a élu l'habitation de son coeur. Elle la recevra avec simplicité, avec foi, avec une vague terreur refoulée, mais plus encore avec allégresse : "voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole".

A-t-elle crié cette réponse, l'a-t-elle balbutiée ? Pour la joie, c'est la même chose, et, dans l'immense douceur qui l'envahit, Marie ne sait plus distinguer entre l'obligation et le bonheur. "Fiat ! Qu'il me soit fait. C'est le terme exauçant le vouloir éternel" (Dante). Celle qui appartient toute au ciel dit oui au ciel, non pour se donner au ciel, mais pour recevoir le ciel, pour devenir un ciel et mériter cette appellation de "ciel animé" que lui donnera l'Église. La Bonne Nouvelle est ainsi amorcée. Le feu que le Christ va apporter sur notre terre trouve, en elle, un foyer docile. L'Amour agit avant que ne soit proclamé l'amour. Ave - fiat : c'est là toute l'histoire divine, tout le drame que les protagonistes expriment en deux mots. Car si toute la Divinité est engagée dans le fiat, c'est aussi toute l'humanité que l'Ève nouvelle engage dans le Fiat.

Par son "oui", Marie nous engendre tous

Par elle nous disons : oui au plan divin, car en disant oui, elle-même, elle nous engendre. Par l'effet de cette acceptation, Marie va avoir en elle, charnellement et spirituellement, l'humanité religieuse tout entière : tête et corps. Marie va faire sa première communion, recevoir sa confirmation et son sacre. Plus tard, la gloire. Tout d'un coup, elle entre dans ses rôles à l'égard de tous : elle prend la charge des hommes en prenant celle de Dieu, elle adopte tous les chemins de Celui qui va, par elle, envahir son oeuvre.

Elle est le coeur de l'humanité, et à travers elle, le coeur du monde, elle coïncide humblement et d'une certaine manière, par acceptation, par amour, par service, par efficacité médiatrice, avec le coeur de Dieu. Aussi la communion des saints, unie à l'Éternel, est-elle de la fête. Le fruit secret des divines épousailles a pour nom Légion et il s'agit ici de la légion céleste. L'instant présent sera appelé justement "la plénitude des temps", car le centre de coordination et d'expansion des âges, en avant et en arrière, est, en cet instant, et il comprend, en soi, l'âge éternel.

Le "fiat lux" de Dieu créant la lumière n'était rien, en comparaison du "fiat" de Marie.

Ce grand fait se réalise avec simplicité, avec humilité. Il en est comme des transformations de la terre au coeur des substances, comme des fabrications d'univers au sein des spirales nébuleuses... Mais le fiat de Marie est encore plus fort : il ne change pas seulement des relations créées; il établit un intime rapport, et, sur un point, une quasi-identité entre Dieu et sa créature... Le "fiat lux" de Dieu créant la lumière n'était rien, en comparaison du "fiat" de Marie.

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Agenzia Fides