Consécration, puissance, douceur, responsabilité

Consécration, puissance, douceur, responsabilité

Consacrer signifie rendre sacré par une offrande à Dieu. On ne peut être consacré qu'a Dieu. Et Dieu agit à travers ce qui lui est offert. La consécration est donc une ouverture à la puissance créatrice de Dieu.

C'est l'Esprit Saint qui nous élève vers Dieu et nous unit à Dieu, c'est l'Esprit Saint qui nous consacre.

Marie coopère humainement, et l'on peut parler aussi d'une offrande ou consécration à Dieu par Marie notre mère et notre reine. C'est une dévotion très ancienne, déjà pratiqué par l'évêque de Damas vers l'an 700, pour dire « consécration », Jean Damascène utilisait le verbe grec 'anatithemi qui exprime un élan ascendant à la rencontre de Dieu.[1]

La consécration à Dieu par Marie peut recevoir d'autres appellations : « affidamento » en italien, « untrustment » en anglais, en français on peut dire offrande, acte de confiance, acte d'abandon, union à Dieu par Marie.

L'expérience liée à la « consécration par Marie » est l'expérience d'une communication de Marie qui ne nous dépersonnalise pas et ne nous déresponsabilise pas, mais qui nous stimule : nous consentons ou répondons toujours très librement à sa stimulation.[2]

Lorsque l'on consacre quelque chose qui ne dépend pas seulement de nous, par exemple lorsque nous consacrons nos parents, notre pays, nous devrions alors parler de consécration « votive » : c'est une prière d'intercession, un acte de confiance pour que Dieu agisse dans telle situation.

La « consécration » de nos origines est un cas particulier : la grâce agit et nous stimule à orienter librement vers Dieu les conséquences actuelles de notre conception et de notre petite enfance dont nous n'étions pas responsables.

Saint Louis-Marie de Montfort dit « cette dévotion est un chemin aisé, court, parfait et assuré pour arriver à l'union avec Notre-Seigneur, où consiste la perfection du chrétien. »[3].

Il dit aussi que le « contrat d'Alliance » avec Marie est un contrat pour persévérer dans la conversion (qui doit d'abord être réelle)

et que la vie en Marie est un secret qui ne doit être transmis qu'aux personnes qui pratiquent la vertu et la prière, et qu'il faut prendre garde de rester les « bras croisés, sans travail; car mon secret vous deviendrait poison et serait votre condamnation... »[4]

La consécration à Dieu par Marie est comme de la culture d'un arbre qu'il faut désherber, arroser, nettoyer des insectes et protéger des bêtes sauvages[5] ce qui signifie que sans la lutte contre le péché, l'ascèse et la prière, nous ne porterons pas Jésus le fruit de vie.

Les présomptueux croient aimer Marie tout en restant dans le péché et attachés à eux-mêmes[6] : ils n'atteindront pas les demeures profondes dont parle Thérèse d'Avila ni le sommet du carmel et la vive flamme d'amour dont parle Jean de la Croix ; ils se font illusion.

L'amour qui nous unit à Marie ne nous identifie pas à Marie, mais l'affection tendre envers Marie nous stimule vers la sainteté.

La « consécration » ne supprime pas notre responsabilité, mais elle nous ouvre à la force de l'Esprit Saint.


[1] Jean Damascène, Homélie sur la nativité et l'Assomption, Source chrétienne n° 80, Paris, Cerf, 1961, p. 121 : Hom in Dormitionem: I,14, PG 96,716 AB

[2]Lire : F. Breynaert, L'arbre de vie, Parole et Silence, Paris 2006 ; lire aussi M. Nédoncelle, La réciprocité des consciences, Aubier, Paris 1942, p. 48-49

[3] Traité de la vraie dévotion § 152

[4] Secret de Marie §1-2

[5] Le Secret de Marie § 68-78

[6] Traité de la vraie dévotion § 97


F. Breynaert