Les sœurs du Rosaire (Patriarcat latin de Jérusalem)

Bse Marie Alphonsine Danil Ghattas († 25 mars 1927), fondatrice

Au Proche Orient, la congrégation des sœurs du Rosaire est le bras droit du Patriarcat latin dans ses écoles, paroisses et institutions. La fondatrice a été béatifiée en 2009, (son nom de baptême est Sultaneh, son nom de religieuse est Marie Alphonsine).

Une vocation mise à l'épreuve.

Sultaneh est née au sein d'une famille pieuse et laborieuse de Jérusalem, une famille où l'on travaillait et priait ensemble. Dès sa prime jeunesse, Sultaneh a senti que Dieu l'appelait à se dépasser et à embrasser la vie religieuse. A peine a-t-elle eu le désir ce cette vocation qu'elle s'en est ouverte à ses parents ; mais ceux-ci ont refusé. La jeune fille a beaucoup souffert, surtout de son père qui avait opposé un veto absolu à son entrée dans la vie religieuse. En effet, ce dernier ne voulait pas que sa fille bien-aimée l'abandonne et parte étudier en Occident - l'unique façon à ce moment-là de devenir religieuse. Mais par son amour, sa foi et sa patience, Sultaneh finit par obtenir l'approbation de son père et entra dans la congrégation des Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition.


Une fondation qui est le bras droit du patriarcat latin.

Le Seigneur est admirable en ses saints. Ils obtiennent grâce à ses yeux à la mesure de leur attente et de leur amour. Pendant qu'elle était sœur de Saint Joseph, Marie-Alphonsine fut gratifiée de visions répétées de Notre-Dame, lui demandant de fonder pour les filles de son pays une congrégation qui prendrait le nom de "sœurs du Rosaire".

Elle lui indiqua même son directeur spirituel, le Père Joseph Tannous, alors Chancelier du Patriarcat latin. [...] Depuis la rencontre spirituelle entre le Père Joseph Tannous et Mère Marie-Alphonsine, la Congrégation du Rosaire est et sera toujours le bras droit du Patriarcat latin dans ses écoles, paroisses et institutions.

Mère Marie-Alphonsine a pratiqué l'héroïcité des vertus.

Ces vertus, elle les a d'abord héritées de ses parents.

En effet, c'est d'abord la famille qui sème les vertus humaines et chrétiennes dans le cœur des enfants.

Les membres de la famille Ghattas se réunissaient chaque soir autour de la statue de la Vierge et priaient le rosaire.

Après quoi, ils écoutaient une méditation de leur père sur la vie du Christ ou de la Vierge.

A cette source limpide, Marie-Alphonsine s'est abreuvée. Elle en a retiré une piété profonde, une grande foi dans la Providence et une confiance entière et filiale dans la Vierge. Mais elle s'est surtout distinguée par deux vertus spéciales : l'amour du silence et de la vie cachée d'une part, l'amour de la croix et du sacrifice d'autre part.

L'amour du silence et de la vie cachée.

Le silence est le contraire de la parole. La vie cachée offre le terreau favorable à la germination et à la croissance des vertus. Le Seigneur n'a-t-il pas dit dans l'Evangile : "Que ton aumône se fasse dans le secret", et "Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite"?

En effet, malgré toutes les grâces reçues, malgré toutes les visions dont elle a été gratifiée, malgré toutes les instructions qu'elle a reçues de la Vierge pour la fondation de la congrégation, la Bienheureuse est restée silencieuse. Elle n'a informé personne, ni les sœurs de Saint Joseph, ni plus tard les sœurs du Rosaire; seuls son directeur spirituel et le Patriarche, sur la recommandation de la Vierge, ont été avertis. Personne d'autre n'a entendu parler de ses colloques avec la Mère de Dieu. Elle a gardé son secret au profond de son cœur.

Sa vie est une parfaite illustration du fameux proverbe : "La parole est d'argent, mais le silence est d'or."

Chez Marie-Alphonsine, le silence était l'expression de sa sainteté profonde et de son étonnante humilité.

L'amour de la croix et du sacrifice. Une vie consacrée sans croix ni souffrance est une utopie. Mère Marie-Alphonsine a non seulement accepté mais aimé la croix et la souffrance. Elle a écrit dans son journal :

"J'étais assoiffée de supporter les épreuves. Je trouvais délicieux tout ce qui était amer et pénible. La solitude était le paradis de mon cœur et l'obéissance était le ciel de mon esprit. Je trouvais les ordres des Supérieures faciles à suivre."

Elle se mit à pratiquer l'ascèse et le renoncement. Elle passait de longues heures au Calvaire, apprenant de son Maître comment aimer le sacrifice et participer à sa passion.

"J'étais convaincue que la souffrance et même la mort par amour pour le bon Dieu étaient la meilleur preuve de l'amour. Jésus a dit : - Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime."

Pendant la période du noviciat dans la Congrégation du Rosaire, Mère Marie-Alphonsine a bu le calice de la souffrance dans le silence et la vie cachée ; elle a vraiment été la victime du Rosaire. Pour réussir en effet, tous les projets divins ont besoin de la croix et du sacrifice.

Elle ouvrit une fois son cœur à son directeur, lui exprimant combien elle avait souffert de personnes en qui elle aurait dû trouver un appui. Heureusement que le Seigneur lui-même l'appuyait et la soutenait. "Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ?"


Extraits de l'homélie de S.B. le Patriarche Fouad Twal

Messe de béatification de Mère Marie-Alphonsine

Nazareth, 22 novembre 2009

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