Les premiers mois de Marie avec Joseph : était-ce si facile ?

Les premiers mois de Marie avec Joseph : était-ce si facile ?

Il nous arrive parfois de penser que tout était facile pour Marie et Joseph, tant ils se tenaient en permanence dans la main de Dieu. Facile pour eux ? Est-ce si sûr ?

Vers l'âge de 14 ans, alors qu'elle avait formé ce projet de consécration au Seigneur dans le célibat[1], ses plans se trouvent bouleversés ; Marie est invitée à rentrer dans la destinée commune et à s'ouvrir à la perspective d'une demande en mariage, probablement à l'initiative du grand prêtre du temple de Jérusalem[2].

Dans sa docilité à l'Esprit Saint, Marie accepte ce bouleversement (Etait-ce si simple ?), redoublant de prière pour discerner la volonté de Dieu sur elle : se serait-elle trompée ? Mariage ou pas mariage ? Virginité ou fécondité ?

A 30 ans environ, Joseph aussi n'avait probablement pas le désir de se marier, mais il accepte spontanément d'obéir à la demande du Grand prêtre de venir au temple de Jérusalem pour être au nombre de ceux susceptibles d'être choisi pour être donné en mariage à Marie. À sa surprise, Joseph est choisi parmi tous les autres jeunes hommes descendants de David (Portait-il dans ses mains un rameau qui avait fleuri ?[3]). Joseph accepte ce bouleversement dans ses projets. (Etait-ce si facile ?)

Marie s'ouvre alors à Joseph de son projet de rester vierge, mais dans le mariage puisque le Seigneur parait le demander. Et Joseph, avec docilité, accepte joyeusement d'accueillir le projet de Marie[4]. (Etait-ce si facile ?)

C'est alors que se produit l'événement fulgurant de l'annonciation[5]. Dans une totale docilité à l'Esprit Saint, Marie découvre et accepte de tout son être le projet de Dieu sur elle : le messie tant attendu pour lequel elle a consacré sa virginité, c'est elle, Marie, qui a été choisie pour le porter en son sein. Elle accepte de devenir mère sans cesser d'être vierge, dans le mariage avec Joseph, sans que Joseph soit le père! Quel bouleversement dans la vie d'une jeune fille ! (Etait-ce si simple ?) Mais après tant de semaines d'inquiétude, quelle confirmation éclatante aussi du plan de virginité de Dieu sur elle ! Une fois de plus, la joie n'est donnée qu'au bout du chemin.

Cependant rapidement, le Seigneur va soumettre Marie à une nouvelle épreuve : Il fait comprendre à Marie que c'est lui-même qui aura soin le moment venu de dévoiler à Joseph le mystère de sa toute nouvelle maternité divine. Dans sa totale humilité, Marie s'en remet donc entièrement au Seigneur. Elle entre dans le silence de Dieu, offrant sa souffrance de bientôt voir Joseph souffrir de son propre silence. (Etait-ce si facile ?)

Marie souffre de voir Joseph souffrir, mais ne peut rien lui dire, l'Esprit Saint lui inspirant de garder le secret ! (Etait-ce si facile ?)

Le trouble intense de Joseph durant tout le temps de la réflexion préalable à sa décision, sa longue souffrance engendrée par le silence de Dieu et le silence de Marie, se transforment en joie indicible lorsqu' il découvre le plan de Dieu sur lui et Marie[6].

Joseph a du courir frapper à la porte de Marie, le cœur battant ; dans l'intense et silencieux échange de leurs regards, Marie a immédiatement compris que Joseph savait enfin !

Joseph entrevoit sa nouvelle mission : être aux yeux du monde le père (putatif) de l'enfant que porte Marie. (Etait-ce si facile ?) Et il va s'y employer en organisant très vite le repas festif qui précède le moment où, après avoir déclaré à Marie devant les amis rassemblés « tu es mon épouse selon la loi de moïse » il « prendra Marie chez lui », deuxième temps de la célébration du mariage selon la tradition juive[7].


[1] Jean Paul II, Audience générale du 24 juillet 1996

[2] L'épisode est raconté dans un apocryphe appelé « le livre de Jean », puis dans la « légende dorée » au XIII° siècle et repris dans l'art.

[3] Ibid.

[4] Saint Thomas d'Aquin a précisé la distinction entre le désir de virginité de Marie et Joseph avant leur rencontre et le vœu de virginité fait d'un commun accord au moment de leur mariage (Saint Thomas, Somme Théologique, III Qu.28 a.4)

[5] Lc 1, 28-38

[6] Mt 1, 18-25

[7] Talmud, Kidouchine 2b.


Jacques de la Bastide

Modérateur du projet Marie de Nazareth