Le mariage virginal de Marie et Joseph

La réflexion biblique sur le mariage virginal de Marie et Joseph doit partir non pas d’eux mais de la personne de Jésus, Verbe incarné et messie divin. La nouveauté du Christ, qui ne peut se répéter, peut expliquer la nouveauté du mariage virginal de Marie et Joseph.

Le mariage de Marie et Joseph témoigne que l’alliance de Dieu avec son peuple se réalise dans l’histoire humaine, au rythme des générations. Quand Dieu a béni la descendance d’Abraham, il s’est engagé à ce qu’il ait une descendance selon la loi normale de la nature, de génération en génération, et l’évangéliste Matthieu donne la liste de ces générations (Mt 1,1-16).

En tant qu’une union virginale, le mariage de Marie et de Joseph témoigne aussi que l’histoire de l’Alliance atteint son sommet, son terme. Jésus ne se marie pas ni n’a de descendance. La situation de Jésus ouvre une compréhension nouvelle de la situation de Marie et de Joseph.

Leur virginité ne s’explique pas par le fait que le rapport sexuel aurait quelque chose d’impur comme un principe de contamination : dans le dessein originel du Créateur tout est lumineux ! La raison profonde est dans la personne de Jésus.

Etre devenus mère et père d’un tel Fils signifie avoir expérimenté dans une pleine mesure et d’une manière qui ne peut se répéter, l’union avec Dieu qui est le but suprême de l’Alliance

Marie, après avoir accueilli en son sein le Fils de Dieu, ne pouvait désirer un « plus », un « mieux », un « encore », un « ensuite » dans d’autres enfants. Devenue demeure vivante du Verbe incarné, elle atteint le sommet de la perfection.

Déjà Philon d’Alexandrie avait eu une intuition analogue lorsqu’il commenta pourquoi Léa, après avoir enfanté Juda, son quatrième enfant, cessa d’enfanter (Gn 29,35) : la raison est la suivante : Juda signifie « louer Dieu », « il est l’esprit qui bénit Dieu, sans cesse attentif à élever en son honneur des chants de remerciement » [1], il est « le fruit parfait »[2].

Chanter des hymnes au Père de toutes choses est le fruit le meilleur et le plus accompli qui soit jamais sorti du sein d’une femme enceinte. C’est pourquoi Léa n’engendre plus, ayant atteint la limite de la perfection.[3]

Joseph, en vertu de sa mission paternelle, est lui aussi au contact avec la présence du Dieu fait chair d’une façon très étroite et exceptionnelle. Une proximité aussi unique et exceptionnelle avec la présence du Dieu de l’Alliance, qui est amour en lui-même, comble les exigences affectives de sa personne bien au delà d’un rapport conjugal avec Marie.

Jean Paul II écrit : « Joseph, obéissant à l’Esprit, retrouva justement en lui la source de l’amour, de son amour sponsal d’homme, et cet amour fut plus grand que celui auquel l’homme juste pouvait s’attendre à la mesure de son propre cœur humain. »[4]

Jésus est le fils unique de Marie et de Joseph, et ce miracle ne peut se répéter, l’union céleste de Marie et de Joseph est un acte qui empêche tout autre. 

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[1] Philon d’Alexandrie, De plantatione, 135

[2] Philon d’Alexandrie, De somniis I,37

[3] Philon d’Alexandrie, De plantatione, 135

[4] Jean Paul II Redemptoris Custos n°19

Bibliographie :

- A.SERRA, Myriam, fille de Sion, Médiaspaul, Paris,1999.

- A. SERRA, Giuseppe et Maria, l’uomo et la donna dei tempi nuovi, Theotokos, 1995 n° 3, pp. 333-363.


Père Serra