Gad Elmaleh à l'avant-première du film de S. Spielberg : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, en octobre 2011.Georges Biard, CC BY-SA 3.0
Gad Elmaleh, élu « homme le plus drôle de l'année » par les spectateurs de TF1 en 2007, n’a pas fini de nous surprendre. Son film « Reste un peu », sorti le 16 novembre 2022, est d’abord un vibrant hommage aux siens, à travers une autobiographie fictionnelle, dans laquelle il raconte également sa conversion et l’histoire de son âme, touchée par la Vierge Marie dès l’âge de six ans. Gad Elmaleh rejoint ainsi la cohorte des stars touchées par la grâce et qui n’ont pas eu peur d’affirmer leur foi: Claude Rich, Robert Hossein, Jean Piat, Jacques Dufilho, mais aussi l’un des James Bond les plus séduisants : Pierce Brosnan, sans oublier Martin Scorsese, Mel Gibson, Al Pacino, Matthew MacConaughey, Gary Sinise, Antonio Banderas, et le regretté Michael Lonsdale, pour n’en citer que quelques-uns…
Gad Elmaleh est né en 1971 au sein d’une famille juive berbère, à Casablanca, au Maroc. Fasciné par le monde du spectacle, qu’il a connu grâce à son père, Gad Elmaleh arrive en France en 1992, après avoir étudié les Sciences Politiques à l’Université de Montréal, et suit une formation artistique au Cours Florent à Paris. Il devient rapidement une célébrité dans le monde du spectacle, d’abord dans des spectacles comiques, puis comme acteur, chanteur et réalisateur. Après trois ans passés aux Etats-Unis, au cours desquels il tourne dans Les aventures de Tintin de Steven Spielberg, Le dictateur de Larry Charles et Minuit à Paris de Woody Allen, Gad Elmaleh revient en France et réalise un film dans lequel il révèle son cheminement spirituel.
Gad a grandi au Maroc, un pays musulman arabe, à l'intérieur d'une communauté juive, séfarade, pratiquante, traditionaliste et également avec des catholiques. Cette richesse lui a donné une ouverture sur les religions. Mais c’est une expérience très personnelle qui lui a fait connaître la Vierge Marie.
L’église Notre-Dame de Lourdes de Casablanca, achevée en 1958. Remi Jouan (cropped by Rabanus Flavus), CC BY-SA 4.0
La conversion de Gad Elmaleh a été initiée par la Vierge Marie, et elle est liée à Notre-Dame de Lourdes.
« La sainte Vierge, je l’ai découverte par hasard, enfant, à Notre-Dame de Lourdes à Casablanca. Sans l’accord de mes parents alors que leur croyance l’interdisait, j’ai poussé la porte de l’église et suis tombé nez à nez devant une représentation gigantesque de la sainte Vierge qui me regardait droit dans les yeux. Ce n’était pas une vision, juste une simple statue mais j’étais pétrifié. Fondant en larmes, je suis vite parti me cacher de peur de me faire attraper par ma famille, de peur des malédictions et de la superstition. C’est resté mon secret pendant toute mon enfance. Depuis, ayant reçu une médaille de Marie, persuadé d’être depuis longtemps sous la protection de la Vierge, je la garde comme un porte-bonheur ».
Le spectacle sur Bernadette Soubirous.
Notre-Dame de Lourdes lui a donné l’occasion d’un second rendez-vous : en juillet 2020, Gad Elmaleh, ayant accepté d’être coproducteur du spectacle sur ste Bernadette Soubirous», s’est rendu à Lourdes et a été touché, à la fois par l’histoire de Bernadette, mais également par l’atmosphère qui y règne:
« J’ai découvert des gens, des familles qui, chaque année, donnent de leur temps et de leur cœur pour les malades. J’ai vu la génération de mon fils qui tend la main aux gens fragiles. C’est une jeunesse ouverte au monde, dans un lieu rempli de personnes en détresse. J’insiste là-dessus. Dans un monde où on est replié sur soi, où les réseaux sociaux grignotent nos journées, ces jeunes impliqués au contact des autres témoignent des valeurs universelles. Tout cela me touche énormément et m’a bouleversé ».
Le pape Jean-Paul II et Mgr Jean-Marie Lustiger.
Ce cheminement, initié dès l’enfance de Gad, a été guidé par des rencontres providentielles : le cardinal Jean-Marie Lustiger, né Aron Lustiger dans une famille juive ashkénaze d’origine polonaise et converti à l’âge de 14 ans, a été un guide très proche et sûr pour Gad Elmaleh:
« Je suis né juif. J’ai reçu le nom de mon grand-père paternel, Aron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les Apôtres. J’ai pour saints patrons Aron le Grand Prêtre, saint Jean l’Apôtre, sainte Marie pleine de grâce ».
Cette influence a été si profonde que Gad Elmaleh a choisi Jean-Marie comme futur prénom de baptême.
D’autres rencontres ont également marqué Gad: on peut citer le cardinal Robert Sarah, ancien préfet au Vatican, de la Congrégation pour le culte divin, et le pape François, en 2019.
Mais les lectures sont également des rencontres : Gad nous apprend qu’il lit Maïmonide, un pilier de sagesse dans la tradition juive, saint Charles de Foucauld et st Augustin, avec lesquels Gad Elmaleh partage l’expérience de la conversion:
« Je lis Saint Augustin. Ça m’émeut et ça me bouleverse. Ce philosophe et théologien chrétien romain d’origine berbère me séduit autant par sa poésie que par sa complainte car, d’une manière générale, j’aime les hommes qui défient Dieu ou se mettent en colère. Il y en a aussi dans la tradition juive, et cela me touche car l’idée de Dieu nous frustre, voire nous déçoit, parfois. Mais il y a surtout un recueil que nous partageons, qui n’a pas été adapté et qui ne me quitte jamais, ce sont les Psaumes. Je rêve d’organiser une lecture qui réunirait les copains juifs, chrétiens et même musulmans autour de ces textes, car ils sont somptueux. »
Avec son film Reste un peu, Gad nous a livré une part de sa vie intime : ses relations avec sa famille, à laquelle il rend un bel hommage, et sa conversion. Cette autofiction l'a intéressé, et Gad Elmaleh garde le secret de ce qui appartient à la fiction et de ce qui est réel dans ce film.
Au cours de sa présentation, Gad Elmaleh a déclaré :
« Je suis étonné qu’en France, une grande majorité de catholiques ne vivent pas leur foi au grand jour. Il y a une forme de pudeur et de retenue que les juifs et les musulmans n’ont pas. Je ne sais pas comment l’analyser mais, dès lors qu’ils sont dans l’amour et dans la joie, ils devraient être fiers d’être chrétiens ! »
Cette quête spirituelle s’inscrit dans un tempérament: celui d’un homme à la fois joyeux et habité par une volonté de trouver sens à la vie :
« Moi, j'aime bien les chercheurs, je n'aime pas les trouveurs ! » a-t-il ajouté dans un sourire, au cours d’une interview récente.
S’il existait un appareil à mesurer la joie, les Chrétiens devraient en effet arriver en tête du classement : à la triste constatation d’A. Finkelkraut, qui a affirmé qu’
« à l’exacte place de Dieu, j’ai mis la mélancolie »,
on pourrait opposer la phrase de Gad Elmaleh:
« L’hypothèse de Dieu me rend heureux ».