« Réjouis-toi, heureuse cité de Padoue,
par les miracles d’Antoine,
tu viens au secours à tant de nos misères » (Julien de Spire, Hymne de l’Office).
Par le don des prodiges, ô saint Antoine, fais-nous comprendre combien ta vie a été agréable à Dieu, et ton intercession, efficace.
Antoine, « le thaumaturge » :
« Thaumaturge » (littéralement, « qui fait des miracles ») est le titre que l’Église et la dévotion du peuple chrétien lui ont attribué de tout temps et en tous pays.
Selon la théologie, le miracle est un don, comme celui des langues et autres charismes, « au service de la charité qui édifie l’Église » (Catéchisme de l’Église catholique, n°2003), surtout par le témoignage héroïque de foi et de vie évangélique d’un saint de la stature d’Antoine.
D’après l’Assidua (XXXI, 36), Antoine n’aurait accompli qu’un seul miracle de son vivant : la guérison de la petite Padovana, épileptique et paralysée. Le procès de canonisation lui en attribuera 53. Le Livre des miracles, vers 1367-1370, en recense 66.
Les miracles selon Saint Antoine :
Les Évangiles, celui de Jean en particulier, tiennent à montrer que les miracles n’ont pas pour but de susciter la merveille, de satisfaire la curiosité, voire, chez certains esprits, de tendre des pièges, mais de révéler la mission divine de Jésus et sa Miséricorde pour l’homme blessé. Antoine lui-même explique la signification du miracle, à l’occasion de la guérison de l’aveugle-né. « Jésus cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, et enduisit avec cette salive les yeux de l’aveugle-né (Jn IX, 6). L’aveugle de naissance désigne le genre humain, aveuglé chez les premiers parents. À cet aveugle, Jésus a rendu la lumière lorsqu’il a craché à terre et enduit ses yeux avec de la boue. Le crachat qui descend de la tête désigne la divinité, la terre désigne l’humanité ; le mélange de la salive et de la terre, c’est l’union de la nature divine et humaine. Par cette union le genre humain a été illuminé (Dimanche de la Quinquagésime). »
Le mot illumination, synonyme de baptême, évoque bien notre nouvelle naissance par la foi. De la même manière, les miracles d’Antoine sont les expressions de sa compassion et visent à rétablir chacun dans sa dignité :
Antoine nous apprend donc à déchiffrer les prodiges comme des signes de l’immense amour de Dieu et nous trace la voie pour que, nous aussi, nous l’aimions et soulagions ses pauvres :
Des Sermons de saint Antoine
- Le plus grand miracle, c’est la vie sainte :
- La Bonne Nouvelle pour les pauvres :
Saint Antoine, comme tout bon exégète, ne manque pas de citer saint Paul, 1 Co XIV, 22 : « Les signes sont donnés, non aux fidèles mais aux infidèles. » Sont-ils pour autant refusés aux fidèles ? Antoine applique la citation à Zacharie, frappé de mutisme pour avoir douté de la promesse de l’ange. À la différence de Marie, en effet, qui cherchait une explication : « Comment cela sera-t-il ? », il doute, demande un signe, une preuve : « À quoi connaîtrai-je cela ? » et le signe lui est donné. Il n’en sera délivré que lorsque l’enfant promis sera là et il faudra lui donner un nom, donné par Dieu lui aussi. Marie a reçu, elle aussi, un signe : la présence physique de l’ange Gabriel. Ce signe, explique saint Thomas, ne lui a pas été donné pour susciter ou confirmer la foi qu’elle avait déjà , mais en surplus, « comme manifestation du mystère, par respect pour elle, pour lui montrer l’événement divin d’une manière spéciale ».
Les signes et les miracles ne sont donc pas refusés aux croyants : ils sont toujours donnés pour enrichir l’Église, et à chaque croyant, pour le bien de l’Église. Mais prenons garde ! L’attitude du croyant face à une manifestation extraordinaire ne doit pas être l’engouement ou la curiosité, mais la gratitude : « Mon âme exalte le Seigneur », dit Marie, pour cette grande merveille. De même, puisque les dons sont donnés pour l’utilité de l’Église, c’est à son discernement que l’on doit se conformer. Que de problèmes pourrions-nous éviter à nos pasteurs, si tel était notre comportement.
« Ô saint Antoine, toi qui sais intercéder en notre faveur pour obtenir les grâces de guérison dont nous avons besoin, donne-nous d’imiter en Jésus la compassion de Dieu envers les malades. Qu’à ton exemple, nous apportions toujours notre assistance à nos frères et sœurs malades pour soulager leurs souffrances et les aider à recouvrer la santé de l’âme et du corps. »
(Ermitage Saint-Antoine – Lac Bouchette – Québec)