Marie dans le dialogue oecuménique


Vers l’unité des Chrétiens

La dévotion envers la Vierge Marie est un thème important du dialogue œcuménique. La doctrine mariale étant intimement liée au mystère du Christ et de l’Église, les différences ou divergences entre les différentes Églises ou confessions chrétiennes[1] se retrouvent évidemment dans la manière de parler de la Vierge Marie et de percevoir son rôle dans la foi et la prière. La volonté commune de cheminer vers l’unité par un dialogue de conversion à l’écoute du Christ et de l’Esprit Saint est affirmée clairement par tous ceux qui se réclament du nom de Chrétiens. Il s’agit d’espérer retrouver l’Église indivise, dans le respect de chaque tradition. À vues humaines, si le chemin semble long et semé de difficultés, les chrétiens espèrent le secours du Ciel et recourent à un dialogue de vérité.

Le saint Pape Jean-Paul II affirmait au cours d’une audience générale[2] :

« Des Chrétiens non catholiques ont découvert la pensée de l'Église sur le rôle particulier de la Vierge dans l'histoire du salut, et l'exemple de vertus et de sainteté qu'elle donne à tous les disciples du Seigneur. Par ailleurs, les études sur les écrits de Luther ont contribué à créer une attention renouvelée des Protestants et des Anglicans sur différents thèmes de la doctrine mariale. Aussi l'Église se réjouit-elle que des non-catholiques honorent Marie, manifestant ainsi sa maternité universelle. Cela ne peut que nous rapprocher et mettre un terme aux divisions qui occasionnent tant de souffrances ».

La Vierge Marie dans la tradition orthodoxe[3]

La Vierge Marie, Mère de Dieu est un élément clé de la communion entre Orthodoxes et Catholiques, dans l’attente de la pleine communion dont le désir a été relancé par le Concile Vatican II. Il est important de souligner combien la compréhension de la figure de la Vierge Marie ainsi que la prière s’est enrichie des deux traditions. Loin de s’opposer, elles se complètent, et la dévotion des Orthodoxes envers la Vierge Marie est immense : comme le dit le saint pape Jean-Paul II :

« Les Orientaux ont développé le culte envers Marie, qui est un élément significatif pour la communion entre les Catholiques et les Orthodoxes[4] »

Le souci de promouvoir ce dialogue œcuménique suppose de mettre en lumière les points d’accord et les points de désaccord entre les deux traditions, catholique et orthodoxe.

Catholiques et Orthodoxes sont d’accord sur un certain nombre de dogmes, définis notamment lors des conciles œcuméniques[5] : le dogme de la maternité divine de Marie (Théotokos), selon la définition du concile d'Éphèse (431) ; celui de la virginité perpétuelle de Marie, celui de sa sainteté (la Vierge Marie est appelée ‘Panaghia’, la Toute Sainte), celui de son rôle d’intercession auprès de son Fils.

Cependant, les Orthodoxes ne reconnaissent ni le dogme de l’Immaculée Conception, défini par le pape Pie IX en 1854[6], ni celui de l’Assomption[7], défini par le pape Pie XII dans la constitution Munificentissimus Deus le 1er novembre 1950[8]. L’Église orthodoxe célèbre cependant la fête de la Conception de Marie dans le sein de sainte Anne le 9 décembre, et la Dormition de Marie -et non son Assomption- le 15 août. La fête de la fin de la vie de la Vierge Marie est donc célébrée par les Catholiques comme par les Orthodoxes le 15 août, depuis le VIe s (cette fête a été instaurée par l’empereur romain d’Orient Maurice).

 La Vierge Marie dans la tradition protestante

Si les Protestants peuvent être attachés à la personne de Marie, ils ne sont pas en accord avec les Catholiques en ce qui concerne la place, le rôle et le culte de Marie. La seule référence qui fonde la foi chez les Protestants est celle de l’Écriture et le libre examen. La place de la Vierge Marie n’est donc pas plus importante que celle qui lui est donnée dans la Bible ou que celle que chacun veut bien lui donner. Il n’est donc pas possible de conférer à la Vierge Marie un rôle de médiation ni d’intercession. De ce fait, le culte marial n’existe pas. En outre, les Protestants se méfient de la dévotion mariale, avec l’accusation souvent portée d’idolâtrer la Vierge Marie. Les dogmes marials ne sont également pas reconnus par les Protestants, puisqu’ils ne sont pas fondés sur la seule Écriture : ainsi ni le dogme de l'Immaculée Conception ni celui de l'Assomption ne sont reconnus par eux.

Cela dit, les Protestants reconnaissent en Marie un modèle de foi. Martin Luther a écrit en 1521 un commentaire sur le Magnificat[9]dans lequel il la reconnaît comme Vierge et Mère du Christ, et Jean Calvin la considère comme un modèle de foi[10].

Pour œuvrer dans le dialogue interreligieux, les théologiens Paul Couturier et Laurent Remilleux ont fondé en 1937, le Groupe des Dombes[11], qui a réuni pendant sept années successives théologiens et spécialistes catholiques et protestants (réformés et luthériens) afin de confronter les uns et les autres et de tenter de rapprocher les Églises chrétiennes.

La Vierge Marie et les Anglicans

Les Anglicans sont proches des Protestants en ce qui concerne leur croyance en la Vierge Marie. Ils reconnaissent cependant la maternité divine de la Vierge Marie, et lui rendent un culte, puisque l’on trouve de nombreuses statues de la Vierge Marie dans les églises anglicanes. En outre, la Vierge Marie trouve place dans la liturgie, puisque pendant l’office du soir on chante le Magnificat[12].

D’autre part, une commission internationale anglicane-catholique (connue sous l’acronyme ARCIC) a été créée en 1967, pour favoriser ce dialogue œcuménique et trouver des positions communes pour ce qui concerne les enjeux éthiques. Dans ce cadre, un accord anglican-catholique a été trouvé autour de la question du dogme de l'Assomption (ARCIC). Or, le 2 février 2004, l’ARCIC a présenté un document commun « Marie : grâce et espérance dans le Christ ». La doctrine de l'Assomption de Marie y est présentée comme pleinement conforme à l'Écriture[13].

D’autre part, le pape Benoît XVI a promulgué la Constitution apostolique Anglicanorum coetibus[14] le 4 novembre 2009 et l'ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham a été créé le 15 janvier 2011 pour permettre aux Anglicans ralliés d'entrer pleinement en communion avec l'Église catholique, tout en conservant une grande partie de leur patrimoine et de leurs traditions. L’Ordinariat est placé sous le haut patronage de saint John Henry Newman (1801-1890), ancien Anglican devenu Catholique et fait cardinal par le Pape Léon XIII[15]

Pour en savoir plus :

Sur les textes de référence des différentes traditions chrétiennes, dans l’Encyclopédie mariale 

Sur Marie et l'œcuménisme, dans l'Encyclopédie mariale

Sur le développement dogmatique, dans l’Encyclopédie mariale 

 


Équipe de MDN