Chrétiens et musulmans : une même vision de Dieu ?

Chrétiens et musulmans : une même vision de Dieu ?

Aujourd'hui, peut-on dire que les musulmans connaissent bien le christianisme ?

A travers le Coran, les musulmans ont le sentiment de connaître le christianisme, le vrai message du Christ, mieux que nous-mêmes. Et cette lecture qu'ils font porte toute l'autorité de Dieu puisque le Coran est parole de Dieu.

C'est un handicap sérieux dans la rencontre avec l'islam, et je souhaiterais que mes amis musulmans s'interrogent davantage et s'ouvrent à une connaissance de l'Evangile tel que nous le percevons nous-mêmes.

Dans le Coran, on ne dit pas Jésus, on dit Aïssa. Et le Aïssa du Coran, le Jésus coranique est un homme comme un autre. Il est un grand prophète, disons-le, mais il n'est pas du tout le Fils de Dieu. De plus, il n'a pas été crucifié.

Nous n'avons absolument pas une vision identique de Jésus. Mais avons-nous le même Dieu et la même vision de Dieu ?

Bien sûr, nous avons le même Dieu -employons la formule puisqu'elle est là-, mais je préfère celle que l'on trouve dans les documents de Vatican II : « ils adorent avec nous le Dieu unique ». Voilà une expression beaucoup moins ambiguë. Que de ce Dieu unique ils aient une perception très différente que nous, c'est une évidence.

En particulier, ils ne croient pas à la Trinité, et il y a une négation formelle des trois mystères principaux du christianisme que sont l'Incarnation, la Rédemption et la Trinité.

Dans l'islam, Dieu est très généreux. Il est le miséricordieux, il est le provident etc...

Et j'ai tendance à penser que, en Islam, « Dieu donne » et que dans le christianisme « Dieu se donne ».

Et là, je pense qu'il y a une différence très fondamentale.

« Se donne » est que nous sommes invités à un partage de la vie divine, alors qu'en islam, il y a une séparation définitive entre Créateur et créature.

Comment aller plus loin ?

[...] Malgré toutes les difficultés présentes dans la rencontre, et je crois que nos amis musulmans le savent bien, malgré toutes les difficultés, il faut absolument arriver à se rencontrer.


Extrait de : Père Etienne Renaud, un pont entre les religions,

Revue Foi, n° 24, mars -avril -mai 2010, p. 10.

Père Etienne Renaud, père blanc,

ancien supérieur général des pères blancs,

islamologue, enseignant au PISAI (institut pontifical d'études arabes et islamiques).