Vatican II et les musulmans

Vatican II et les musulmans

Résumé :

- Le chrétien est appelé à la fois à l'annonce et au dialogue. Puisque le salut vient de Jésus, il faut annoncer l'Evangile et baptiser, et puisque la grâce agit déjà en tout homme, il faut entrer en dialogue sincère pour agir contre la pauvreté, l'injustice et la guerre.

- La grâce de Dieu agit dans tout homme de bonne volonté. Il y a donc du bien, du vrai et de la grâce chez tous les hommes de bonne volonté.

- Le Christ est mort pour tous (Rm 8, 32). Tout homme peut être sauvé. L'Esprit Saint offre à tous la possibilité d'être associé au mystère pascal.

- Ceux qui sont sauvés sont toujours sauvés par le Christ Jésus, par sa passion et sa résurrection, même s'ils l'ignorent. Il n'y a qu'un médiateur.

Constitution dogmatique sur l'Eglise "Lumen gentium"

[...]

Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour.

[...]

En effet, ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d'un cœur sincère et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel.

À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l'Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie.

Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le démon, se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont délaissé le vrai Dieu pour des êtres de mensonge, servi la créature au lieu du Créateur (cf. Rm 1, 21.25) ou bien, vivant et mourant sans Dieu dans ce monde, ils sont exposés aux extrémités du désespoir.

C'est pourquoi l'Église, soucieuse de la gloire de Dieu et du salut de tous ces hommes, se souvenant du commandement du Seigneur : « Prêchez l'Évangile à toutes créatures» (Mc 16, 16), met tout son soin à encourager et soutenir les missions.

(Vatican II, Lumen gentium 16)

Constitution pastorale Gaudium et Spes

« Certes, pour un chrétien, c'est une nécessité et un devoir de combattre le mal au prix de nombreuses tribulations et de subir la mort. Mais, associé au mystère pascal, devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l'espérance, il va au-devant de la résurrection (Ph 3, 10 ; Rm 8 17).

Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce.

En effet, puisque le Christ est mort pour tous (Rm 8, 32) et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal. »

(Vatican II, Gaudium et Spes 22)

Déclaration Nostra Aetate

L'Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de ta terre,* qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers.

Bien qu'ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète; ils honorent sa mère virginale, Marie, et parfois même l'invoquent avec piété.

De plus, ils attendent le jour du jugement où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités.

Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l'aumône et le jeûne.

Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les Chrétiens et les Musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s'efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu'à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.

* Cf. S. Greg. VII. Epist. II1, 21 ad Anazir (Al-Nâsir), regem Mauritaniae, ed. E. Caspar in MGH, Ep. sel. 11. 1920, I, p. 288, 11-15; P.L. 148, col. 451 A.

(Vatican II, Déclaration Nostra Aetate § 3)


Synthèse Françoise Breynaert