Hillel et l’école rabbinique de Yabné (Jamnia)

Hillel et l’école rabbinique de Yabné (Jamnia)

Le nom de Hillel domine toutes les traditions rabbiniques sur les pharisiens. Hillel était à peu près contemporain de Jésus. On le situe habituellement entre 50 av J-C et 10 après J-C. Sa prédominance est due en partie au fait qu'en 70, à Yabné sur la côte, au nord d'Israël, ce sont les tenants de sa Maison qui prirent le contrôle de la mise en place des constitutions légales désormais valables.

Yabné, ou Jamnia

Jamnia = Yabné, est une ville qui se situait au sud de l'actuelle ville de Tel Aviv. Les sages juifs s'y réfugièrent pendant la première guerre contre Rome (66-70). Après la guerre, c'est la capitale du gouvernement des sages et lieu où Yohanan ben Zakkaï, leader des sages d'après 70, passa ses dernières années[1].

Hillel, le législateur

La règle scripturaire prévoyait que la septième année de chaque cycle septennal entraînait la remise de toutes les dettes antérieures. Cela avait pour conséquence que, par peur de perdre leur argent l'année suivante, les gens refusaient d'en prêter à ceux qui en avaient besoin. Hillel adapta la loi : le prosboul était un certificat suivant lequel la cour se chargeait de la créance.

Selon Sifré Deutéronome 113, le raisonnement s'appuie sur deux points : «A. Tout ce que tu possèdes et qui est chez ton frère, tu lui en fera remise (Dt 15, 3), mais non pas celui qui a transmis son hypothèque à la cour ». Et « D. en raison de l'ordre du monde ».

Ainsi, on peut interpréter que Hillel ne modifie pas la loi, il fait simplement une exégèse correcte.

On peut aussi interpréter que Hillel modifie la loi pour l'adapter aux exigences du jour, à l'ordre du monde.

Par la suite, A Yabné, Aqiba et ses associés enrichirent la tradition exégétique des rabbins au point de les rendre capables de trouver dans l'Ecriture tout ce qu'ils désiraient[2].

Exemples de procédés rabbiniques

Gezerah shavah. Argument construit sur l'emploi du même mot ou de la même constuction grammaticale dans deux phrases distinctes. La règle d'interprétation qui vaut pour une de celles-ci vaut alors pour l'autre.[3]

Qal vehomer : argument a fortiori : si une règle vaut pour un cas sans importance, elle s'applique d'autant plus au cas plus important.[4]

La légende d'Hillel

La légende d'Hillel concernant son accession au pouvoir se trouve dans la Tosetfa[5], puis dans le Talmud Palestinien, Pesahim 6, 1, puis dans le Talmud de Babylone. Ce qui est mis en valeur, ce n'est pas l'intelligence d'Hillel, mais le fait qu'il connaisse la tradition, le Talmud Palestinien précise : parce que Hillel est disciple de Shemaiah et Abtalion.[6]

Quant à savoir ce que Hillel a véritablement dit, les traditions en matières de fêtes de lois de pureté pourraient remonter jusqu'à lui, mais le matériau dont nous disposons a été si profondément retravaillé que nous ne pouvons rien retrouver des mots qu'il a prononcé.[7]


[1] Jacob Neusner, Le judaïsme à l'aube du christianisme, Cerf, Paris 1986, p. 160

[2] Jacob Neusner, Le judaïsme à l'aube du christianisme, Cerf, Paris 1986, p. 97-105

[3] Jacob Neusner, Le judaïsme à l'aube du christianisme, Cerf, Paris 1986, p. 159

[4] Jacob Neusner, Le judaïsme à l'aube du christianisme, Cerf, Paris 1986, p. 161

[5] La Tosetfa est une collection d'enseignements qui complètent les maximes de la Mishna en les prolongeant ou en citant des versions parallèles à celles de la Mishna.

[6] Jacob Neusner, Le judaïsme à l'aube du christianisme, Cerf, Paris 1986, p. 111-127

[7] Jacob Neusner, Le judaïsme à l'aube du christianisme, Cerf, Paris 1986, p. 136

Jacob Neusner, (auteur juif)