La chute du Temple en l’an 70 (regard chrétien)

La chute du Temple en l’an 70 (regard chrétien)

Cet article résume le livre de J. Ratzinger, Benoît XVI, Jésus de Nazareth, p. 45-49.

Jérémie, face au mauvais comportement dans le Temple, avait communiqué un oracle de Dieu

« J'ai abandonné ma maison, quitté mon héritage » (Jr 12, 7).

Jésus annonce exactement la même chose :

« Votre maison va vous être laissée déserte » (Mt 23, 38).

Mais ni Jérémie ni Jésus de détruisirent le Temple.

Flavius Joseph[1] raconte que pendant la nuit de la fête juive de Pentecôte de l'an 66, les prêtres auraient perçu un mouvement, et ensuite un cri multiple « Partons d'ici ! », avec cette première personne du pluriel, typique du parler biblique de Dieu (exemple Genèse 1, 26).

La bataille de Jérusalem.

« En l'an 66, la guerre juive était commencée, guerre qui toutefois une guerre des Juifs contre les Romains, mais aussi en grande partie par moment une guerre civile entre les courants juifs rivalisant sous la conduite de leurs chefs. Ce fut cela qui, avant tout, conféra toute son atrocité à la bataille de Jérusalem. »[2]

Durant la Pâque de l'an 70, Jean de Gishala ira jusqu'à massacrer dans le Sanctuaire les partisans de son rival Eleazar ben Simon. [3]

La fuite des judéo-chrétiens.

L'évangile rapporte cette parole de Jésus :

« Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation installée là où elle ne doit pas être (que le lecteur comprenne!) alors que ceux qui seront en Judée s'enfuient dans les montagnes. » (Marc 13, 14)

Suivons Benoît XVI :

« Alexandre Mittelstaed[4] fait remarquer qu'en l'été 66, à côté de Joseph ben Gorion, l'ex-grand prêtre Anne II fut choisi comme stratège pour conduire la guerre - cet Anne, qui peu auparavant, en 62 après Jésus-Christ, avait décrété la condamnation à mort du "frère du Seigneur", Jacques, chef de la communauté judéo-chrétienne. Ce choix pouvait être sans doute interprété par les judéo-chrétiens comme un signal pour le départ, même si cela ne peut, certes, constituer qu'une hypothèse parmi d'autres.

La fuite des judéo-chrétiens montre, de toute façon, et encore une fois de manière évidente, le "non" des chrétiens à l'interprétation zélote du message biblique et de la figure de Jésus : leur espérance est d'une autre nature»[5]

(Cette désertion des chrétiens leur valut l'inimitié des Juifs. Et dans un tel contexte, imaginer que les chrétiens sont expulsés à cause d'un culte de Jésus qui serait tout récent n'a plus beaucoup de poids).

­­­

La destruction du temple.

« Vespasien, qui avait été chargé de l'opération par Néron, suspendit toutes les actions militaires, quand en 68 fut annoncée la mort de l'empereur. Après un bref intermède, Vespasien lui-même fut proclamé nouvel empereur, le 1° juillet 69. Il confia alors la charge de la conquête de Jérusalem à son fils Titus.

Celui-ci, selon Flavius Josephe, dut arriver devant la ville probablement au cours de la période des fêtes de la Pâque. »[5]

« Pour le judaïsme, la destruction du temple en l'an 70 dut être un choc terrible. Où était l'alliance ? Où était la promesse ? » [6]


[1] Flavius Joseph, De bello Iud. VI, 299s.

[2] Joseph Ratzinger, Benoît XVI, Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection. Parole et Silence, Paris 2011, p. 45

[3] Alexander Mittelstaed, Lukas als Historiker. Zur Datierung des lukanischen Doppelwerkes, Francke, Tübingen, 2006, p. 72

[4] Alexander Mittelstaed, Lukas als Historiker, p. 68, cf. Joseph Ratzinger, Benoît XVI, Ibid., p. 47

[5] Joseph Ratzinger, Benoît XVI, Ibid., p. 46

[6] Joseph Ratzinger, Benoît XVI, Ibid., p. 49

Synthèse Françoise Breynaert