Marie fille de Sion et l'Eglise de langue hébraique

Marie fille de Sion et l’Eglise de langue hébraïque

L'image de Marie fille de Sion est chère au cœur de l'Eglise qui vit à Jérusalem. Ce titre est donné pour la première fois dans un document officiel de l'Eglise en Lumen Gentium n°55, et repris ensuite par le Pape Jean Paul II plusieurs fois en Redemptoris Mater.

«Fille de Sion», l'expression a plusieurs sens dans la tradition biblique. Selon la langue hébraïque : celle que Sion a enfantée ; celle qui habite cette ville ; celle qui personnifie le dessein de Dieu sur Sion = Jérusalem = tout Israël.

Des exégètes comme André Feuillet, René Laurentin et d'autres ont bien montré comment, dans les récits de l'Enfance de saint Luc, Marie est présentée à mots couverts comme une sorte d'incarnation de la Fille de Sion, à l'Annonciation... à la Visitation... à Cana... etc...

On pourrait mentionner là aussi l'image de la Femme de l'Apocalypse 12,

qui reprend en un sens les promesses de Gn 3,15,

mais qui est aussi clairement l'image de Sion (Ap 12,17) le peuple d'Israël qui enfante le Messie,

en même temps que l'image de Marie sans doute

et l'image de l'Eglise.

Marie est vue aussi comme fille de son peuple, «Fille de Sion» (cf. Lamentations) dans son martyre, sa souffrance auprès du Serviteur souffrant... qui la rend très proche de tant de mères en Israël (avant et après J.C.) qui, comme Rachel, «pleurent leurs enfants et ne veulent pas être consolées» (Mt 2,18).

Tout comme bien des théologiens et mystiques reconnaissent dans l'extrême souffrance du peuple juif (pensons aux événements de la seconde Guerre mondiale) un lien mystérieux avec la Passion du Christ...

Marie, Fille de Sion, dans sa souffrance au pied de la Croix est comme solidaire de toutes les mères juives en Israël (comme Rachel pleurant...)

Mais cette souffrance est vécue dans la foi et l'espérance. «La flamme de la foi ne s'éteint pas dans le cœur de la Mère de Jésus. Dans les ténèbres qui recouvrent la terre le soir du Grand Vendredi, elle est la lumière qui veille et qui ne vacille pas avant que ne brille le soleil de la Résurrection.

En elle se concentre en cette heure, toute « espérance d'Israël en même temps que la foi naissante de l'Eglise du Christ. Elle est vraiment et pleinement la Fille de Sion...».


Mireille GILLES,

Extraits de Mireille GILLES, Eglise hébraïque, image de Marie, dans 9e symposium internazionale mariologico, La spiritualità mariana, legittimità, natura, articolazione, edizione Marianum Roma 1994, pp. 261.169