L'Egypte antique

L'Egypte antique

Le milieu naturel égyptien, source d'inspiration dans la quête du divin[1].

La religion de l'Egypte antique, comme toutes les religions, vient du tréfonds des questions que l'homme se pose sur la vie et la mort, l'amour et le bonheur.

Le récit ou le mythe véhiculé de siècle en siècle par l'Egypte antique est aussi influencé par la nature qui entoure les Egyptiens : le Nil, le soleil, etc. :

- Les crues régulières du Nil assurent la fertilité du pays et font alterner la mort quand elles engloutissent le paysage et la vie, une résurrection en quelque sorte, « quand, à la décrue, apparaît un tertre fertile sur lequel pousse le premier lotus, comme une nouvelle création. »

- Le soleil a lui aussi ses cycles : « au lever, quand il entreprend sa course ; à midi quand il domine le monde ; et au coucher quand il emprunte la barque qui le fait traverser les espaces souterrains pour revenir, au petit matin, de l'autre côté de l'horizon. Ce voyage du soleil, d'ouest en est, a son correspondant, chez l'homme, dans le voyage souterrain des morts. Les pyramides et les rites funéraires en sont les témoins. »

La conscience morale égyptienne et la « ma'at ».

L'Egyptien aime l'ordre et craint le chaos, comme il vénère la déesse de l'ordre (Maat). Cette sagesse donne à l'Egypte une organisation qui traverse les siècles.

« En Egypte, à supposer que les Egyptiens aient rédigé des lois, il est intéressant de constater qu'ils l'aient fait sur des matériaux périssables. Les décisions juridiques émanent des hommes et ne sont pas dictées par les dieux. »

Ceci étant dit, « les hommes ne sont pas livrés à leur arbitraire. Ils dépendent bien d'autre chose ; cependant, ce n'est pas au sens où ils se régleraient sur des principes extérieurs à eux, mais en celui où ils sont inspirés de l'intérieur par une sagesse divine, la ma'at. Ce concept central de la pensée égyptienne peut être traduit aussi bien par justice que par vérité.

La ma'at est le principe générateur de la législation, mais elle n'est jamais un droit codifié. Avec l'idée de ma'at, l'Egypte s'est approchée de l'idée de loi naturelle. »[2]

[Par loi naturelle, on entend une loi qui épanouit la nature humaine de l'homme en tant qu'elle se distingue par exemple de la nature des animaux].

Polythéisme, monothéisme éphémère, magie.

L'Egypte a connu un polythéisme foisonnant. Isis et Osiris sont des divinités parmi d'autres.

Au XIII° siècle avant notre ère, Akhenaton a entrevu le divin comme une lumière unique, au-delà du soleil. Mais ce monothéisme n'a pas duré.

Les relations aux divinités et aux ancêtres ont une caractéristique dominante : la convocation magique pour se concilier les dieux et les morts. La magie amène l'occultisme, le marchandage, et la décadence.

L'Exode biblique.

L'Exode biblique est une prise de distance avec l'occultisme et les pratiques magiques.

Il est interdit de recourir à la nécromancie et à la divination (Exode 22, 17 ; 1Samuel 28, 9).

Des miracles ont soutenu la foi des Hébreux pour les confirmer dans cette prise de distance. Cette étape de la foi biblique est indéniable et, dans sa signification spirituelle, elle a duré plusieurs siècles.

La famille en Egypte.

L'Evangile de saint Matthieu dit que la famille s'est enfuie en Egypte pour échapper à Hérode qui voulait tuer l'enfant Jésus. Puis ils retournèrent à Nazareth. Saint Matthieu compare cet épisode avec l'Exode de Moïse et des Hébreux, interprétés avec la parole du prophète Osée « d'Egypte j'ai appelé mon fils » (Os 11,1 // Mt 2, 13, 15)

« Avec la fuite en Egypte et avec son retour en Terre promise, Jésus donne l'Exode définitif. Il est vraiment le Fils. Il ne s'en ira pas pour s'éloigner du Père. Il revient à la maison et conduit à la maison. Il est toujours en chemin vers Dieu et par là il conduit de l'aliénation à la « patrie », à ce qui est essentiel et propre. Jésus, le vrai Fils, en un sens très profond, est allé lui-même en « exil », pour nous ramener vers la maison. »[3]


[1] Jacques Bernard, Les fondements bibliques, Parole et Silence, Paris 2009, p. 68

[2] Rémi Brague, la Loi de Dieu. Gallimard, Paris 2005, p. 34-35

[3] J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 159-160


Synthèse F. Breynaert