Le dogme de la Création en 4 points

Le dogme de la Création en 4 points

Le Cardinal Christoph SCHÖNBORN a été l'un des maîtres d'œuvre du catéchisme de l'Eglise catholique. Son ouvrage, « Hasard ou plan de Dieu ? » (Cerf, Paris 2008), que nous résumons, nous aide à retenir les 4 points importants pour aujourd'hui du dogme de la Création.

-1- La création a un commencement absolu (Gn 1, 1).

La création a un commencement absolu, c'est qu'on appelle la création « ex nihilo » et dont la prise de conscience s'est faite clairement par les Juifs à l'époque des Macchabées (2 Mc 7, 28).

Ce point du Credo chrétien (cf. CEC 296-298) pourrait avoir un parallèle avec le discours scientifique du bigbang où l'espace et le temps sont apparus ensemble et où les données de la matière ont reçu un paramétrage ultra-précis. Cependant, il ne faut pas confondre la foi chrétienne avec la foi déiste qui limite dieu à tout mettre en marche et à se retirer. Le dogme de la création comporte trois autres aspects.

-2- La création est création d'une diversité des espèces.

« Dieu dit: "Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce: bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce" et il en fut ainsi. » (Gn 1, 24)

Darwin avait remarqué que le fait qu'il y ait une évolution des formes du vivant n'explique pas tout[1] : Autrement dit, la diversité des espèces n'est pas fondue dans un continuum où tout devient tout. L'absence de formes intermédiaires suggère une création continue : des créations intermédiaires de quelque chose de neuf. Un scientifique de la théorie de l'Evolution peut donc aussi accueillir la foi chrétienne qui croit que chaque créature a sa nature qui lui est propre, son agir propre. Chaque créature est appelée à se développer pour elle-même, même si cela produit un gaspillage et des luttes, cette profusion est « un reflet de la dynamique de vie inépuisable du Créateur »[2]

-3- Dieu soutient sa création.

« Il soutient l'univers par sa Parole puissante » (He 1, 3). Cela signifie que sans Dieu, la création (espace et temps), retomberait dans le néant : « La créature sans le Créateur s'évanouit »[3].

Dieu est proche de sa création et « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur. » (Sg 13, 5)

Parce que Dieu soutient sa création (cf. CEC 301-308), nous pouvons parler de providence, et nous pouvons faire des prières de demande. La prière de demande ne peut avoir de sens que si Dieu agit dans notre monde. Il s'agit d'une providence très concrète nous dit Jésus, dans les moindres détails (Mt 6, 25-30).

-4- La création est en voie vers un terme.

« Dieu a voulu librement créer un monde "en état de voie" vers sa perfection ultime. Ce devenir comporte, dans le dessein de Dieu, avec l'apparition de certains êtres, la disparition d'autres... » (CEC 310)

« Nous croyons fermement que Dieu est le Maître du monde et de l'histoire. Mais les chemins de sa providence nous sont souvent inconnus. Ce n'est qu'au terme, lorsque prendra fin notre connaissance partielle, lorsque nous verrons Dieu "face à face" (1Co 13,12), que les voies nous seront pleinement connues, par lesquelles, même à travers les drames du mal et du péché, Dieu aura conduit sa création jusqu'au repos de ce Sabbat (cf. Gn 2,2) définitif, en vue duquel Il a créé le ciel et la terre. » (CEC 314)


Abréviation : CEC = catéchisme de l'Eglise catholique.

Ces 4 points sont donnés par Cardinal Christoph SCHÖNBORN, Hasard ou plan de Dieu ? Cerf, Paris 2008, p. 29-30. Leur commentaire s'étend sur plusieurs chapitres.

[1] « Pourquoi donc chaque formation géologique, dans chacune des couches qui la compose, ne regarde-t-elle pas de formes intermédiaires ? La géologie ne révèle assurément las une série organique bien graduée, et c'est en cela que consiste l'objection la plus sérieuse qu'on puisse faire à ma théorie. » DARWIN, De l'origine des espèces, Stuttgart, 1963, p. 438. Cité par Cardinal Christoph SCHÖNBORN Hasard ou plan de Dieu ? Cerf, Paris 2008, p. 56

[2] Cardinal Christoph SCHÖNBORN, Hasard ou plan de Dieu ? Cerf, Paris 2008, p. 89

[3] VATICAN II, Gaudium et Spes 36.


Synthèse Françoise Breynaert