LG 53 : La sainte Vierge et l'Eglise

LG 53 : La sainte Vierge et l'Eglise

La Vierge Marie en effet, qui, lors de l’Annonciation faite par l’ange, reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son coeur et dans son corps, et présenta au monde la vie, est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur.

Rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils, unie à lui par un lien étroit et indissoluble, elle reçoit cette immense charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu, et, par conséquent, la fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit, don d’une grâce exceptionnelle qui la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre.

Mais elle se trouve aussi, comme descendante d’Adam, réunie à l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut ; bien mieux, elle est vraiment "Mère des membres "du Christ"... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef"(1).

C’est pourquoi encore elle est saluée comme un membre suréminent et absolument unique de l’Eglise, modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité, objet de la part de l’Eglise catholique, instruite par l’Esprit-Saint, d’un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante.


(1) S Augustin, De Sacre Virginitate, 6: PL 4O, 399.

Texte complet du concile LG 53

Lumen Gentium 53 présente Marie dans le mystère du Christ et de l’Eglise, en faisant le lien entre les deux :

Marie dans le mystère du Christ :

« La Vierge Marie en effet, qui, lors de l’Annonciation faite par l’ange, reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps, et présenta au monde la vie … »

(LG 53)

Marie reçoit le Verbe, en latin, c’est le verbe « suscipere » qui signifie d’abord recueillir ce qui coule , puis engendrer et élever un enfant.

Elle le reçoit dans son cœur par la foi avant de le recevoir dans son corps, selon la tradition de saint Augustin et saint Léon le grand, c’est toute sa personne humaine qui s’engage.

Le concile dit qu’elle reçoit le Verbe (il aurait pu dire le Fils de Dieu) pour souligner l’écoute de la Parole et la foi de Marie, c’est vraiment la Parole que Marie accueille au point de l’incarner.

Marie présente au monde la vie : en latin c’est le verbe « profero » qui signifie porter en avant, offrir, faire connaître (la Parole).

Son enfantement est l’engendrement de la Vie, qui est le Verbe de Dieu qui donne la Vie éternelle à ceux qui croient en lui (Jn 20,31). Déjà Justin considérait Marie comme celle qui engendre la Vie pour les hommes.

Déjà on entrevoit comment le concile évoque la participation de Marie à l’événement qui porte le salut aux hommes.

« La Vierge Marie […] est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur. »

(LG 53)

Marie est la véritable Mère de Dieu : Elle est sa vraie mère dans l’histoire du salut, elle est la mère selon l’humanité de l’unique Fils éternel, engendré de Dieu selon la divinité, comme l’avaient précisé les conciles d’Ephèse et de Chalcédoine.

Par l’expression « Mère de Dieu et du Rédempteur » (LG 53), le concile contemple Marie dans l’histoire du salut, et affirme que Marie est la mère de Jésus (le Verbe) en vue du salut, dans la perspective de la rédemption.

Marie fut préparée à sa mission, d’autant mieux que c’est toute sa personne qui est impliquée par l’événement :

« Rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils, unie à lui par un lien étroit et indissoluble… » (LG 53)

Ce lien étroit et indissoluble qui unit Marie au Christ ne commence pas à l’Annonciation mais au moment même de l’Immaculée conception : dès cet instant, Marie dépend totalement des mérites et de la grâce du Christ d’une manière si profonde qu’elle est indissoluble.

« … elle reçoit (ditatur = enrichie de) cette immense charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu, et… » (LG 53)

La maternité divine est la plus haute fonction, un ministère suprême, une charge plus grande que toute autre: c’est un engagement, avant d’être un honneur.

Elle engage en effet entièrement la personne de Marie, et non pas pour un temps limité, mais pour toujours. De là, en plus que de la grâce divine, vient sa dignité, qui n’a pas d’égal parmi toutes les créatures.

« …et, par conséquent, la fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit, don d’une grâce exceptionnelle qui la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre. » (LG 53)

Elle est la fille bien-aimée du Père car ceux qui accueillent le Fils ont le pouvoir de devenir Fils de Dieu (Jn 1,13), et Marie accueille le Fils d’une manière exceptionnelle ; elle est le sanctuaire du Saint-Esprit selon l’image de l’Evangile de Luc où, comme la nuée consacre la tente de la rencontre et l’arche d’Alliance, Marie est consacrée comme lieu de la présence de Dieu.

Marie dans le mystère de l’Eglise :

« Mais elle se trouve aussi, comme descendante d’Adam, réunie à l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut ; bien mieux, elle est vraiment "Mère des membres "du Christ"... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef" C’est pourquoi encore elle est saluée comme un membre suréminent et absolument unique de l’Eglise, modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité… » (LG 53)

Le Concile suit ici la pensée de saint Augustin :

- Marie est solidaire de la communauté des sauvés, solidaire de toute la race humaine.

- Et Marie se situe comme Mère des fidèles et comme membre de l’Eglise, suréminent, modèle et exemple.

- Sa maternité spirituelle est attachée à sa charité, non seulement la charité par laquelle tout fidèle coopère à la fécondité de l’Eglise, mais aussi par sa charité qui a précédé l’Eglise, c’est-à-dire la charité avec laquelle elle a accepté l’Incarnation du Verbe, le Rédempteur.

- Marie n’est pas seulement une « figure » qui serait accomplie dans l’Eglise, mais elle est pour l’Eglise un « exemplar spectatissimum », dit le latin, c’est-à-dire un modèle sûr, éprouvé, extraordinaire et remarquable, « dans sa foi et dans sa charité ».

« L’Eglise catholique, instruite par l’Esprit-Saint, la vénère d’un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante.» (LG 53)

Si la piété de l’Eglise envers Marie est une piété filiale, c’est donc que l’Eglise considère Marie comme sa propre mère, et non seulement comme mère du Christ.


F.Breynaert,
cf. www.testimariani.net.