La Trinité dans l'Ancien Testament

Un pluriel dans le Dieu unique ?

Le nom de Dieu, la gloire de Dieu.

Au temps du retour d'exil, en Isaïe 52, 5-6, Dieu se plaint que son nom soit bafoué et il annonce un renouveau :

«... Sans cesse, tout le jour, mon nom est bafoué. C'est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom, c'est pourquoi il saura, en ce jour-là, que c'est moi qui dis: "Me voici." » (Isaïe 52, 5-6)

La connaissance du nom de Dieu fait partie des bénédictions liées au retour du Seigneur à Sion, elle fait aussi partie des bénédictions pour les temps eschatologiques. Mais « le nom » du Seigneur » est d'abord simplement compris comme un mode par lequel Dieu se fait connaître.

Le premier chant du serviteur commence par ces mots :

« 1 Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît. » (Isaïe 42, 1)

Et dit ensuite :

"6 Moi, YHWH, je t'ai appelé dans la justice, je t'ai saisi par la main, et je t'ai modelé, j'ai fait de toi l'alliance du peuple, la lumière des nations, 7 pour ouvrir les yeux des aveugles, pour extraire du cachot le prisonnier, et de la prison ceux qui habitent les ténèbres."

8 Je suis YHWH, tel est mon nom! Ma gloire, je ne la donnerai pas à un autre, ni mon honneur aux idoles. » (Isaïe 42, 6-8)

Isaïe 42, 8 est une affirmation du monothéisme : seul YHWH est Dieu, les idoles n'ont pas de gloire, c'est-à-dire qu'elle ne font pas le poids (c'est la même racine en hébreu).

Isaïe 42 ou Isaïe 52 sont des textes monothéistes : Dieu est unique.

Or les chrétiens cependant adorent Jésus sans cesser d'être monothéistes. Et ils croient que Dieu est cohérent dans la révélation et dans les saintes Ecritures. Ces textes d'Isaïe, loin de les contredire, les aident à formuler le mystère par lequel Jésus est Dieu.

Justin (vers 150).

Pour Justin, l'expression « tel est mon nom ! » (Isaïe 42, 8) se réfère au serviteur dont parle tout le passage (Isaïe 42, 1-8), et ce serviteur désigne Jésus :

« Avez-vous compris, mes amis, que Dieu dit qu'il donne sa gloire à celui-ci, qu'il a établi comme lumière des nations, et à nul autre et non pas, comme le dit Tryphon, qu'il gardera sa gloire pour lui seul. »

(Justin, Dialogue avec Tryphon 65, 7).

L'évangile de saint Jean.

Larry W. Hurtado pense que l'interprétation chrétienne de Isaïe 42 expliquée par Justin est déjà présente dans l'Evangile de saint Jean, quand Jean parle de Dieu qui donne sa gloire à Jésus (comme en Jn 17, 5.24), ou encore quand Jésus prie en disant « Père, glorifie ton nom!" Du ciel vint alors une voix: "Je l'ai glorifié et de nouveau je le glorifierai." » (Jn 12, 28)[1]

Et encore...

Plus tard, d'autres passages bibliques seront médités. Notamment la scène des trois visiteurs d'Abraham (Gn 18). Avant que les conciles n'aient défini avec soin l'unité de Dieu, une nature en trois personnes, les chrétiens ont su voir dans ces écrits de l'Ancien Testament le mystère du Père et du Fils, et finalement, une icône de la Trinité.


[1] Cf. Larry W. Hurtado, Le Seigneur Jésus Christ, La dévotion envers Jésus aux premiers temps du christianisme. Cerf, Paris 2009, p. 400-402.


Synthèse Françoise Breynaert