Le Messie transcendant

Un Messie transcendant

Annoncer un messie transcendant, ce n’est pas encore annoncer « le Verbe incarné », mais cela s’en rapproche très fort.

Royal, souffrant... transcendant

C’est une notion que nous avons déjà rencontrée, par exemple lorsque nous avons lu le Psaume 143 : si les cieux doivent s’ouvrir… c’est attendre une intervention d’en haut, transcendante. Et lorsque nous avons lu Isaïe 7 dans la Septante : attendre un messie roi né d’une mère vierge, c’est bien attendre messie transcendant, qui vient d’en haut. Le paradoxe du Serviteur du livre d’Isaïe ne peut pas se comprendre sans la transcendance : il doit apporter le salut à toutes les nations.

Une attente qui s'est précisée

Il y a dans l’attente d’Israël d’autres éléments, plus explicites, concernant l’attente d’un messie transcendant et d’une ouverture du ciel. Notamment, il y a en Israël l’attente d’un « Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel » et il y a l’attente d’un dévoilement de la « Torah céleste » ou du « Temple céleste ».

Là non plus, il ne s’agit pas exactement de l’attente de l’Incarnation, qui, comme telle, demeure inimaginable. Cependant, lorsque viendra un messie personnel, se présentant comme un homme qui s’identifie à la Torah et au Temple – qui sont considérés comme pré-existant à la création du monde – ou comme le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, comment ne pas comprendre qu’il est de nature divine et « incarné » comme homme ?

Lorsque Jésus vient, et qu’il se révèle comme Fils du Père, alors toutes ces attentes trouvent leur sens précis, définitif.

L'accomplissement des prophéties

L’accomplissement des prophéties n’est pas inventé par l’Eglise, il est découvert. Il n’est pas non plus une évidence, et on ne doit pas dire qu'un Juif ne voit pas ce qui était annoncé dans les textes. [1] Il y a en Jésus une grandeur telle qu'elle a dépassé les attentes, et qu'elle est devenue une occasion de scandale, dramatique :

« Pour qu’on recoure à l’extrémité qui consistait à livrer Jésus aux Romains, il avait bien fallu que se produise et que se dise quelque chose de dramatique. Ce qu’il y a de scandaleux et de grand se situe justement au commencement, et l’Eglise naissante a dû faire un long chemin pour en mesurer toute la grandeur.» [2]


[1] COMMISSION PONTIFICALE BIBLIQUE, Le peuple Juif et ses saintes Ecritures dans la Bible chrétienne, 2001.

[2] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 352


Françoise Breynaert