La Passion selon saint Jean dans la Tradition

La Passion selon saint Jean dans la tradition

En commentant Marie debout au calvaire, Origène, Ephrem, et les pères de l'Eglise en général, se limitent à présenter l'amour filial de Jésus, attentif à confier sa mère au disciple qu'il aimait. Ils ajoutent parfois des considérations sur la virginité de Jean, ou sur le fait que Jésus était le fils unique de Marie.

Cependant, déjà Méliton de Sardes, vers 160-170, appelle Marie "la bonne agnelle" : la chair du Christ agneau vient de l'agnelle. Marie est associée à la croix parce qu'elle a consenti au sacrifice.

Plus tard, en Orient, au XIV° siècle, Nicolas Cabasilas contemple le rôle actif de Marie à l'Incarnation et pendant la Passion. Inférieure à son divin Fils, elle s'approprie heure après heure ce qui est de lui. Et notamment, elle s'approprie toute la passion, ce qui se résume en disant que le coup de lance la transperça.

En recevant le disciple pour fils, il n'est pas question d'une substitution, mais bien plutôt d'une extension universelle de la première maternité de Marie. Rupert de Deutz († 1130) médite ce mystère. L'École française orchestre ce thème de la maternité spirituelle de Marie en lien avec celle de L'Eglise.

En effet, la maternité spirituelle (Jn 19, 26) n'est pas seulement réservée à Marie et, comme l'observe déjà Rupert de Deutz († 1130), Jésus l'applique à ses Apôtres éprouvés par sa Passion (Jn 16,20-22), et par-là à l'Église.

Chez saint Louis-Marie de Montfort († 1716), la Croix est Sagesse, arbre de vie, et Jésus nous y donne sa mère. « Le disciple la prit chez lui » devient « il la prit comme son propre fond ». Marie vit en nous, c'est un secret de sainteté.

D'ailleurs, Montfort doute que quelqu'un puisse porter des Croix sans aimer Marie et s'unir à elle.


Introduction par F. Breynaert