Marie au pied de la croix dans le dialogue œcuménique

Jn 19, 25-27 : Lecture oecuménique (ARCIC)

Le 2 février 2004, la Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC) a présenté un document commun « Marie : grâce et espérance dans le Christ ».

Jn 19, 25-27 y reçoit cette interprétation :

26. La seconde mention de la présence de Marie dans Jean intervient à l'heure décisive de la mission messianique de Jésus, sa crucifixion (19, 25-27). Debout avec d'autres disciples à la croix, Marie prend part à la souffrance de Jésus qui, à ses derniers instants, lui adresse une parole à titre particulier : « Femme, voici ton fils » et au disciple bien-aimé : « Voici ta mère ». Nous ne pouvons qu'être touchés de voir que, juste au moment où il va mourir, Jésus est préoccupé de l'assistance à sa mère, témoignant de son affection filiale. Cette lecture au niveau immédiat invite de nouveau à une lecture symbolique et ecclésiale du riche récit de Jean. Ces derniers ordres de Jésus avant de mourir laissent voir un sens par-delà la référence première à Marie et au « disciple bien-aimé » comme individus. Les rôles réciproques de la « femme » et du « disciple » se rapportent à l'identité de l'Église.

Ailleurs dans Jean, le disciple bien-aimé est présenté comme le modèle du disciple de Jésus, celui qui lui est le plus proche et ne l'a jamais abandonné, objet de l'amour de Jésus et témoin toujours fidèle (13, 25 ; 19, 26 ; 20, 1-10 ; 21, 20-25). Comprises dans la perspective de la condition de disciple, les paroles de Jésus mourant donnent à Marie un rôle maternel dans l'Église et encouragent la communauté des disciples à l'accueillir comme une mère spirituelle.

27. Si l'on comprend « femme » dans le sens d'une personnalité collective, c'est un appel à l'Église à regarder sans cesse le Christ crucifié et un appel à chaque disciple d'avoir à se soucier de l'Église comme d'une mère.

On trouve peut-être implicitement ici une typologie Marie-Ève : tout comme la première « femme » fut prise de la « côte » d'Adam (Genèse 2, 22, pleura LXX) et devint la mère de tous les vivants (Genèse 3, 20), de même « la femme » Marie, à un plan spirituel, est la mère de tous ceux qui obtiennent une vie nouvelle de l'eau et du sang qui ont coulé du « côté » (en grec pleura, littéralement « côte ») du Christ (19, 34) et de l'Esprit qui est répandu par son sacrifice victorieux (19, 30 ; 20, 22 ; cf ; 1 Jean 5, 8).

Dans ces lectures dans une perspective symbolique et de personnification collective, s'opère un va-et-vient entre des images pour l'Église, Marie et la condition de disciple. Marie est considérée comme la personnification d'Israël, enfantant maintenant la communauté chrétienne (cf. Isaïe 54, 1 ; 66, 7-8), tout comme elle a enfanté auparavant le Messie (cf. Isaïe 7, 14).

Si l'on considère à cette lumière ce que dit Jean sur Marie au début et à la fin du ministère de Jésus, il est difficile de parler de l'Église sans penser à Marie, la Mère du Seigneur, comme représentant son archétype et sa première réalisation.


Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC),

« Marie : grâce et espérance dans le Christ », 2 février 2004, § 26-27