Les sémitismes du Magnificat

Les sémitismes du Magnificat

Les "sémitismes" indiquent l'ancienneté d'un texte en montrant son origine juive, remontant donc plus probablement à Marie plutôt qu'à saint Luc qui écrit en grec. L'auteur, exégète, nous montre ces "sémitismes" dans le texte du Magnificat.

Lc 1, 46-47 : Surprenant est, au début, le passage soudain du présent au passé : après « mon âme magnifie le Seigneur », nous lisons dans le grec, au passé : « et mon esprit a exulté en Dieu mon Sauveur » ; il est probable que nous avons ici la traduction d’un futur hébraïque inverti équivalent à un présent, car c’est le temps présent qui est demandé par le contexte : « et mon esprit exulte ».


Lc 1, 49 : Comme cela arrive souvent en hébreu, l’adjectif simple précédé de l’article (le Puissant) est l’équivalent d’un superlatif : le Très Puissant (le Tout-Puissant).


Lc 1, 51 : Littéralement, Il a fait « de la force » (cratos), c’est-à-dire des exploits, des prouesses
« avec son bras » évoque spécialement le Ps 118,1516 : la droite de YHWH a fait des prouesses.


Lc 1, 51 : L’expression « les orgueilleux par les pensées de leur cœur» est une manière sémitique d’exprimer les dispositions à la fois intellectuelles et morales des orgueilleux.


Lc 1, 54 : Lc 1, 54 : Il y a en grec l'infinitif du verbe « se souvenir » (mnèsthènai) utilisé avec la signification d'un gérondif : « en se souvenant » ou « pour se souvenir », qui, dit Joüon, « pourrait bien être une traduction un peu servile de lizkor » (cf. lizkor = « pour se souvenir» de l'alliance en Gn 9,16).


Lc 1, 55 : « Comme il avait dit à nos pères » signifie « comme il avait promis à nos pères » ; même emploi du verbe «dire», au sens de promettre, plus haut, en 1,45; «ce qui t’a été dit (promis) de la part du Seigneur ». Le verbe « promettre » n’ayant pas de correspondant propre en hébreu, le verbe « dire » y est de temps en temps usité au sens de « promettre ».


Extraits de A.FEUILLET, Le sauveur messianique et sa mère, PAMI, 1990, p. 58-59