La croissance de Jésus selon les Pères de l'Église (Lc 2, 40)

Luc 2, 40 - L'enfant grandissait : le commentaire des Pères de l'Eglise

Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) avait rassemblé les commentaires des pères de l'Eglise sur ce verset :

L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Selon Théophyle :

"Le Sauveur aurait pu naître et sortir du sein de sa mère dans la plénitude de l'âge, mais ce développement instantané eut paru dépourvu de réalité, il veut donc croître par degrés et en suivant les progrès de l'âge : « L'enfant croissait et se fortifiait. »"

Selon saint Bède :

"Il faut faire attention à la signification bien distincte de ces paroles ; car Notre-Seigneur n'avait besoin de croître et de se fortifier, que parce qu'il s'était fait enfant, et qu'il avait revêtu notre nature fragile et mortelle."

Selon saint Athananase :

"Mais si, comme quelques-uns le prétendent, la chair avait été changée et absorbée par la nature divine, comment pouvait-elle prendre de l'accroissement ? car on ne peut sans blasphème attribuer de l'accroissement à celui qui est incréé."

Selon saint Cyrille :

"L'Évangéliste joint l'accroissement de la sagesse aux progrès de l'âge, en disant : « Et il se fortifiait, » c'est-à-dire en esprit, car la nature divine se déclarait par degrés en se proportionnant aux progrès de l'âge."

Selon Théophyle :

"S'il eût fait éclater toute sa sagesse dès sa plus tendre enfance, on eût vu là un prodige étonnant, il se révéla donc en suivant le progrès de l'âge, pour parcourir ainsi toutes les phases de la vie.

Si du reste il est dit qu'il se fortifiait en esprit, ce n'est point dans ce sens qu'il reçut la sagesse comme par degrés, car comment celui qui, dès le commencement avait toute perfection, aurait-il pu devenir plus parfait ? Aussi l'Évangéliste ajoute : « Il était plein de sagesse, et la gloire de Dieu était en lui. »"

Selon saint Bède :

"Plein de sagesse, parce que la plénitude de la divinité habitait en lui corporellement ; plein de grâce, parce que Jésus-Christ fait homme a reçu dès le premier moment de son incarnation cette grâce extraordinaire d'être aussi Dieu parfait. A plus forte raison, en tant que Verbe de Dieu, et Dieu lui-même, il n'avait besoin ni de croître, ni de se fortifier.

On peut dire encore que la grâce de Dieu était en lui, tout petit enfant qu'il était, afin de donner ainsi à son enfance remplie de la sagesse de Dieu ce caractère admirable qui est empreint sur sa vie toute entière."


Saint Thomas d'Aquin, Extraits de "La chaîne d'or". Explication suivie des quatre composée des interprètes grecs et latins et surtout des ss. Pères, traduction par l'abbé J.-M. Peronne, 1868

St Thomas d'Aquin