Ste Teresa de Calcutta (1910-1997)

Par sa vie exemplaire, ce petit bout de femme, qui n’avait rien d’extraordinaire selon les critères d’aujourd’hui, a manifesté au monde L’Amour et la tendresse de Dieu. Tous l’ont pleurée, tous vont la regretter… mais elle continuera dans ce mystère de la communion des saints à nous aider à fixer nos regards sur le Christ. Mère Teresa est née en Albanie en 1910 à Skopje.

Un premier appel à douze ans ; elle entre chez les soeurs de Notre Dame de Lorette

Dès l’âge de douze ans, elle éprouve un vif désir de se donner entièrement à Dieu mais ce n’est que six ans plus tard qu’elle décide d’entrer dans la vie religieuse. C’est lors d’un pèlerinage à Notre Dame de Letnice qu’elle entend l’appel. Au milieu des incertitudes de sa vocation naissante, un conseil de sa maman va contribuer aussi à affermir sa décision : « Quand tu acceptes une mission, accomplis-la avec joie. Sinon, ne l’accepte pas ». Le prêtre qui l’accompagnait dans sa démarche va dans le même sens : « Vous ressentirez une joie intérieure à la pensée que Dieu vous appelle à son service et celui du prochain. Cela sera la preuve que vous avez la vocation. La joie profonde venue du cœur est comme une boussole qui indique le chemin à suivre dans la vie. Nous devons la suivre, même si cette boussole nous conduit par un chemin semé de difficultés. »

Des difficultés, Mère Teresa en a rencontrées mais jamais la joie, éclat de la bonté et de la tendresse de Dieu, n’a quitté son visage ridé, si familier de tous. C’est en côtoyant des missionnaires de sa ville, partis en Inde, qui gardaient un contact écrit avec la paroisse, que le désir de la mission s’impose. À 18 ans, elle entre chez les sœurs de Notre Dame de Lorette et fait son noviciat en Inde l’année suivante. Ce fut un grand sacrifice, à la fois pour elle et sa famille qui était très unie. Durant de longues années, elle enseigne au collège Marie, seul collège catholique pour filles de Calcutta. 

Elle apprécie beaucoup ces années mais Dieu l’attendait pour une autre mission. Dans une lettre écrite à sa maman, elle lui annnonce qu’elle est directrice d’école : « N’oublie jamais que tu es partie pour les pauvres » lui répond sa maman. Un jour, peu après la seconde guerre mondiale, son regard se fixe sur une femme en train de mourir de faim sur un trottoir de Calcutta. Elle veut l’aider pour l’admettre à l’hôpital mais personne ne l’écoute : « Elle n’a qu’à mourir dans la rue », lui rétorque-t-on ! Cet évènement poignant réveille en elle comme une deuxième vocation, un appel dans l’appel aime à dire Mère Teresa.

L'appel à l'abandon total, au service des pauvres entre les pauvres

C’est dans le train qui l’emmène à Darjeeling, en 1946, où elle se rend pour une retraite qu’elle entend clairement l’appel de Dieu à tout quitter pour se consacrer au service des pauvres. Illumination intérieure qui va bouleverser toute sa vie. Dieu l’appelle à servir les plus pauvres et à vivre avec eux : « Ce que vous faites au plus petits, aux affamés, aux exclus, aux malades c’est à Moi que vous le faites ». Une chose est claire : elle doit quitter le couvent. Après deux longues années qui lui paraissent interminables et avec l’accord de ses supérieures, elle part vivre dans les rues de Calcutta en 1948. 

Elle se retrouve ainsi dans la rue, dans un dénuement total, sans soutien, sans argent, sans travail, sans protection sociale… livrée à la Providence divine. Les premiers jours sont difficiles : la sécurité matérielle et le relatif confort du couvent lui manque. La tentation est grande de rentrer mais elle se tourne vers le Seigneur : « Mon Dieu, de par mon libre choix et avec le seul soutien de ton amour, je veux rester là pour accomplir Ta Volonté… Mon toit c’est celui des déshérités, mais encore plus précisément, celui des plus pauvres d’entre eux. De ceux dont on s’écarte par crainte de la contagion, de la saleté ou parce qu’ils sont couverts de parasites et de plaies. De ceux qui ne vont pas prier à l’Église parce qu’ils n’ont plus de vêtements à se mettre sur le dos. De ceux qui s’affaissent dans la rue en sachant qu’ils vont mourir, alors que les bien-portants passent à côté d’eux sans les regarder. De ceux qui ne peuvent plus pleurer parce qu’ils n’ont plus de larmes. »

Le 7 octobre, en la fête de Notre Dame du Rosaire, le pape approuve la congrégation des Missionnaires de la Charité

Elle sait que sa place est là. Elle improvise une première école dans un parc. Les enfants accourent de plus en plus nombreux. Au mois de mars 1949, la première jeune fille, ancienne élève, se présente pour partager sa vie… D’autres suivront pour embrasser cet idéal évangélique en quittant tout. Les vocations, très rapidement, affluent de tous les pays du monde mais principalement de l’Inde. Le 7 octobre 1950, le pape approuve la congrégation des Missionnaires de la Charité. Et aujourd’hui, pour de nombreuses nations, le sari bleu et blanc est devenu le symbole de l’amour et de la joie. Une bannière pour les pauvres qui porte la devise : tout faire par amour ! La mission des sœurs c’est l’amour : apporter le Christ dans les foyers, amener les hommes au Christ, servir le Christ dans celui qui souffre.

Un jour avant leur départ, Mère Teresa dit à ses sœurs : « Avez-vous vu avec quel amour, quelle délicatesse le prêtre traite le Corps du Christ à la messe ? Prenez bien soin de faire de même quand vous allez à la Maison du Mourant car vous y rencontrerez le Christ sous l’apparence de ceux qui souffrent ». Quelque temps après, les sœurs ont lavé un homme, très mal en point, abandonné dans les rues de Bombay. La peau de son corps est resté collée au sol, elles se sont occupés de lui mais n’ont pas réussi à lui faire prononcer un seul mot. L’une des sœurs a témoigné ne jamais avoir senti le Christ aussi présent qu’en touchant cet homme. 

Toute cette vie donnée aux plus pauvres n’est possible que parce que les sœurs sont unies au Christ par la prière et les sacrements : « Notre vie, dit Mère Teresa, doit être reliée au Christ. Si nous ne maintenons pas sous le regard de Dieu, notre labeur est inutile et nous ne pourrons progresser ». C’est le Christ affamé, le Christ malade, désespéré et en haillons que les missionnaires de la Charité servent dans les Pauvres. Et, renchérit Mère Teresa, « ils l’aiment tellement que leur dévouement se transforme en une immense source de joie. C’est pour cela qu’ils irradient de bonheur ». Mais cet engagement radical passe par un long apprentissage et une vie de renoncements : « La pauvreté, dit-elle, est la condition de la liberté, et pas seulement la pauvreté spirituelle mais la pauvreté matérielle. »

La spiritualité des soeurs de Mère Teresa : autour de l'adoration eucharistique

La pauvreté permet de faire de grands pas. Sans demander d’argent, sans en accepter pour leurs œuvres personnelles, sans rénumération quelconque elles reçoivent les dons nécessaires pour aider les pauvres dont elles s’occupent. Jamais l’argent ou la nourriture n’a manqué : Dieu y pourvoit. Toute leur vie, déjà nourrie par la prière, est unie à l’eucharistie : « Nous avons une foi profonde en la présence réelle de Jésus dans la Hostie. Dans cet esprit, il nous est facile d’identifier le Christ sous l’apparence des Pauvres qui souffrent ».

C’est dans l’adoration eucharistique, dans ce cœur à cœur avec Dieu que les sœurs puisent la charité, Dieu lui-même. Sans une intense vie spirituelle, ce dévouement serait vain. Dieu est amour, une missionnaire de la Charité laisse rayonner cet amour :

« Elle doit être une missionnaire de l’amour. Elle doit être pénétrée de la charité jusqu’au fond du cœur et répandre cette charité dans le cœur des autres, qu’ils soient chrétiens ou non. De même que Jésus a été envoyé par son Père, de même il nous envoie, fortifiés par son Esprit, pour proclamer son Évangile d’amour et de miséricorde aux plus pauvres des pauvres du monde entier. Notre principale mission doit être de faire connaître Jésus-Christ aux hommes de tous les peuples spécialement à ceux qui se trouvent confiés à nos soins. Nous devons avoir pour idéal de rassasier la soif d’amour de Jésus en vertu de notre attachement aux préceptes évangéliques et de notre libre engagement à servir avec affection les plus pauvres des pauvres. Ceci en conformité avec les enseignements et l’exemple de Notre Seigneur, et selon la révélation qu’il nous a faite, par laquelle Il est l’unique voie qui conduit au royaume de Dieu. »

Ce langage de Mère Teresa, beaucoup ne le comprennent pas. Mère Teresa n’est pas une super assistante sociale, elle est une religieuse qui vit et travaille pour Jésus. Lors d’une conférence à l’ONU, elle a fustigé les chefs des nations en leur demandant de respecter la vie sous toutes ses formes. Le développement passe par le respect inconditionné de la vie humaine et seul l’amour permet de respecter pleinement la dignité des hommes. Mais il ne peut y avoir de meilleur développement que de donner à chaque homme ce qui constitue sa dignité la plus haute : le Christ lui-même. Et la mission, qui participe directement au développement des peuples ne portera du fruit que si elle est ancrée dans l’Amour, reçu et donné. Tout se résume en une phrase : aimer Dieu et aimer son prochain ne font qu’un. Message bien évangélique que n’a cessé de vivre Mère Teresa. Pour Dieu, tout est possible !

Le sari bleu et blanc : les bandes bleues symbolisent l’humilité et l’effacement de la Vierge Marie

Le sari, ce vêtement blanc est celui des femmes indiennes. Le blanc représente la couleur des pauvres. Les bandes bleues symbolisent l’humilité et l’effacement de la Vierge Marie. Une ceinture en corde d’alfa représente la pureté angélique. La croix de bois sur l’épaule gauche est le signe de l’amour des sœurs pour le Christ. Les sandales rappellent la liberté de leur choix. Quand les sœurs endossent l’habit, elles font cette prière :« Seigneur, fais que le monde ne signifie rien pour moi, ni moi pour le monde. Que cet habit me rappelle mon aube de baptême et m’aide aujourd’hui à préserver mon cœur du péché ». En chaussant les sandales, elles disent : « Ô Jésus, de par ma libre volonté, je te suivrai où tu iras à la recherche des âmes, quoi qu’il doive m’en coûter et rien que pour ton amour ».