2° et 3° siècle, Marie et le culte chrétien

La liturgie primitive

La liturgie primitive était centrée sur la Pâque, tous les dimanches et une fois l'année ; considérait dans l'unité toute l'histoire du Salut de la création à la parousie avec au centre la naissance, la mort, la résurrection du Christ.

Elle était une actualisation de tout ce qui est arrivé et avait un caractère vivement eschatologique : elle rendait présent le passé et l'avenir.

Dans ce contexte, on ne peut pas imaginer un culte marial distinct. Il faut chercher seulement si dans le "culte chrétien" on commémorait Marie pour la place qu'elle a eu dans l'histoire du Salut.

Les sources qui nous permettent de reconstruire le climat cultuel sont de caractère:

- liturgique (hymnes prières, homélies, etc...);

- iconographiques (représentations de scènes figurées);

- archéologique (lieux de culte, épigraphes, etc...);

- littéraire (écrits des Pères de l'Église).

Hymnes et homélies mariales au 2e siècle

1) Les "Odes de Salomon" se situent dans cette tradition d'hymnes liturgiques. L'ode XIX, 6-11 célèbre Marie dans l'histoire du salut.

2) L'homélie "Sur la Pâques" de Méliton de Sardes.

Le terme "Vierge" et surtout l'expression "la Vierge" désignent dans ce contexte spécifique la Mère de Jésus et ont une nuance cultuelle, c'est-à-dire un sens de vénération et de stupeur pour le prodige de la maternité divine et virginale de Marie.

L'expression "Celui-ci est celui qui fut enfanté par Marie, la bonne agnelle" est très importante sous l'aspect cultuel. Dans le contexte d'Exode 12, Méliton projette sur la Vierge Marie les caractéristiques du Fils, l'Agneau Pascal", "sans défauts et sans tache" (1Pt 1,19; cf Ex 12,5). Marie est vue comme la "belle et bonne" et pure agnelle et sans tache.

Le "Protévangile de Jacques et l'Ave Maria

Le Protévangile de Jacques est entièrement dédié à Marie et à sa glorification, en opposition à ceux qui la dénigraient.

L'auteur a une vive conscience de la dignité éminente de la Mère de Jésus, un sens de profonde vénération, d'amour fidèle manifestée par une fréquente louange.

Marie est constamment l'objet de "bénédictions" et d'amour de la part des prêtres et de tout le peuple.

L'écrivain et avec lui ses communautés reportent sur passé ce qu'ils portent dans le cœur vis-à-vis de la Mère de Jésus.

Après les "bénédictions" du Nouveau Testament (Lc 1, 28.30.42-43.45.48-49; 11, 27), viennent les "bénédictions liturgiques" au sujet de Marie. L'auteur s'unit au salut de l'ange Gabriel et il met sur sa bouche la bénédiction d'Elisabeth.

L'Ave Maria et né.

Les premiers "types" mariaux et la prière

- « Ève-Marie » : cette typologie est proposée par Justin (Dialogue avec Triphon 100), et perfectionnée par Irénée (Contre les hérésies III, 22, 4).

En mettant en évidence l'impact social et les effets universels de l'adhésion de la Vierge au projet salvateur de Dieu, cette typologie contribue au développement du culte d'invocation.

- « Terre vierge » : dans la terre "vierge" du paradis, pas encore irriguée par la pluie ni travaillée par une main d'homme (cf Gn 2,5) dont Adam fut tiré (Irénée cf. Contre les hérésies III, 21, 9-10) voit une image du sein virginal de Marie en qui, sans intervention d'un homme, le corps du Christ fut modelé par l'opération de l'Esprit Saint.

Ce symbole fait voir Marie profondément enveloppée dans le mystère cosmique de Dieu et provoque la vénération conséquemment et le respect sacré à son égard.

Traces de pitié mariales relevées par l'archéologie, 2° et 3° siècle.

A) Hiérapolis (Turquie) : L'épigraphe d'Abercius.

Cet épigraphe témoigne du culte primitif : Marie et l'Église donnent aux chrétiens le Christ Eucharistique pour nourriture. Cette doctrine est exprimée avec le langage respectueux du culte.

B) Nazareth : Gravure mariale dans l'église judéo-chrétienne

Une pèlerine, qui sur l'enduit d'une colonne écrivit son nom et celui de ses parents.

Un pèlerin reproduit en lettres grecques claires le salut de l'ange à Marie: « Kaire Maria », « Réjouis-toi Marie ».

C) Jérusalem : le culte lié à la fin de la vie terrestre de Marie.

La correspondance entres le fouilles et les textes anciens "Transitus Mariae" indiquent qu'il y a eu à Gethsémani un culte judéo-chrétien relié à la fin de la vie terrestre de Marie, et ceci avant le concile de Nicée.

D) Rome : des fresques des catacombes représentent la Vierge à l'enfant et l'adoration des mages.

E) Alexandrie : le papyrus d'une prière à la mère de Dieu.


A Gila

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