Dormition du Pseudo-Jacques

Apocryphe du Pseudo-Jacques sur la Dormition

Présentation.

La Dormition syriaque, ou Dormition syriaque dite des Six Livres[1] nous est accessible par d'assez nombreux manuscrits et il daterait de la seconde moitié du VI° siècle.

Son titre est « Départ de Marie de ce monde ».

Livre I : Prologue relatant la rédaction de l'œuvre.

Livre II : Convocation des apôtres auprès de Marie.

Livre III : Sur les miracles de la Vierge et l'ensevelissement de Marie.

Livre IV : Sur la Dormition de Marie.

Livre V : Sur l'apocalypse de Marie (début) : récit de la visite du Paradis.

Livre VI : Sur l'apocalypse de Marie (fin) : récit de la visite des enfers.

Dans le livre I, l'œuvre se présente comme la traduction d'un récit grec attribué aux apôtres et plus particulièrement à Jacques, évêque de Jérusalem. Nous lisons :

« Moi, Jacques, évêque de Jérusalem, j'ai écrit de ma propre main, dans ce volume, qu'en l'année 345 (de l'ère séleucide), Notre Marie partit de ce monde. Six livres furent écrits à son sujet, chaque livre le fut par deux apôtres. J'atteste que ces livres furent écrits, que Jean le jeune avait l'habitude de les porter sur lui, et qu'aussi Pierre et Paul savaient où ils étaient. »

N.B. L'année 345 (de l'ère séleucide) correspond à l'année 33 ou 34 de notre ère.

Ce même livre I nous apprend que cette œuvre, se trouvant à Ephèse, aurait été traduite du grec en syriaque et aurait été ensuite envoyée au Mont Sinaï où une copie aurait été transcrite et expédiée à Jérusalem.

Le Pseudo-Jacques et le Pseudo-Jean.

Selon M. Jugie, cette Dormitio du Pseudo-Jacques dériverait de celle du Pseudo-Jean, en y insérant des récits particuliers propres à la littérature syriaque[2].

Des réserves s'imposent à l'égard de la position de la position de M. Jugie : le Pseudo-Jacques est en effet dix fois plus long que le Pseudo-Jean. Et il n'est pas évident que le Pseudo-Jean ait servi de canevas au Pseudo-Jacques.

Le Pseudo-Jacques exprime la doctrine de la Dormition (et non pas de l'Assomption).

La Dormition Syriaque localise clairement la maison de Marie à Bethléem, et le tombeau de Marie dans une des trois cavernes de la vallée du Mont des Oliviers.

Les apôtres transportent Marie dans la vallée du Mont des Oliviers, elle est encore vivante et c'est en ce lieu, non pas dans sa maison, qu'elle expire ; son âme est transférée dans les « demeures du Père », tandis que son corps n'est pas enseveli mais est transporté au « Paradis de l'Eden », où en présence des apôtres, il est déposé : Jésus ressuscite Marie afin de lui faire visiter le Paradis et les enfers ; la visite achevée il raccompagne sa mère au « Paradis de l'Eden » où avec les justes elle attendra le « bonheur du futur » (c'est-à-dire la résurrection générale). La résurrection de Marie est donc provisoire : elle a seulement pour but de lui permettre de visiter les « séjours d'outre-tombe ».

Une contradiction de détail qui s'explique par l'histoire du pèlerinage.

Au livre III, l'Esprit saint ordonne aux apôtres d'ensevelir le corps de Marie.

Or, dans le livre IV, il n'est plus question de tombeau, immédiatement après sa mort, le corps de Marie est transféré au « paradis de l'Eden ».

L'explication de cette contradiction est liée l'histoire du pèlerinage.

- A la fin du VI° siècle, les récits de pèlerins de Terre renseignent au sujet d'une église dédiée à Marie à Gethsémani, mais ils sont silencieux sur son tombeau (comme le livre IV de la Dormition syriaque).

- Au VII° siècle, les pèlerins évoquent le tombeau de Marie à Gethsémani (comme le livre III de la Dormition syriaque), et parlent de la maison de Marie au mont Sion.


[1] Manuscrit : CANT 123 =BHO 620-625

[2] Comme par exemple, au livre II, la Correspondance du roi Abgar d'Edesse avec l'empereur Tibère, (par l'intermédiaire de Sabinus, gouverneur de Jérusalem), lui demandant de punir les juifs coupables d'avoir crucifié Jésus et de vouloir persécuter Marie.


Résumé par F. Breynaert de S. Mimouni, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris, Beauchesne, 1995, p. 91-98 et 533.