L’évangile de l’enfance selon Thomas (apocryphe)

L’évangile de l’enfance selon Thomas

L'évangile (apocryphe) de l'enfance selon Thomas.

L'évangile de l'enfance selon Thomas[1] a été mentionné par saint Irénée[2] et remonte donc (tout ou partie) au II° siècle.

Cet apocryphe veut montrer la divinité de Jésus en lui attribuant des miracles dès son enfance.

Certains épisodes sont charmants, par exemple Jésus rallonge une poutre de bois pour Joseph (chapitre 13).

L'apocryphe raconte que Jésus joue à façonner des oiseaux en argile près des flaques d'eau, Joseph lui dit que c'est interdit le jour du shabbat, et Jésus, se rengorgeant, commanda aux oiseaux d'argile de prendre vie et de s'envoler (chapitre 2), et cette histoire est reprise dans le Coran (sourates III, 43 et V, 110). Le fait que le Coran reprenne un de ses épisodes indique que l'apocryphe a probablement connu une large diffusion.

D'autres épisodes sont troublants : Jésus, offensé par d'autres enfants, les fait se dessécher et mourir (chapitre 3 et 4). L'apocryphe contient aussi une note antisémite : Jésus humilie le maître juif qui l'instruit (chapitres 6 à 8).

Quand l'apocryphe raconte l'épisode de Jésus perdu et retrouvé au temple, il ajoute une note triomphaliste : « Alors les scribes et les pharisiens dirent à Marie : "Es-tu la mère de cet enfant?" Elle répondit : "Je le suis." Et ils lui dirent : "Tu es heureuse parmi toutes les femmes, car Dieu a béni le fruit de ton ventre ; nous n'avons jamais vu ni entendu tant de gloire, tant de sagesse et tant de vertu." » (chapitre 19)

Rien de tel dans l'évangile canonique selon saint Luc :

Saint Luc ne raconte aucun miracle de ce genre, aucune attitude triomphaliste.

Ces remarques valorisent saint Luc, car si Luc avait inventé la divinité du Christ, il aurait suivi la pente du genre littéraire qui met en les préfigurations de l'âge adulte. Il n'en a rien fait.[3]

Rien de tel dans l'évangile canonique selon saint Matthieu :

Dans le récit de la fuite en Egypte (Mt 2, 13-23), l'incarnation du Fils de Dieu s'exprime dans le renoncement aux interventions miraculeuses, pour se confier à la garde de l'homme, Joseph.

Dieu juge que pour son Fils est suffisante la garde d'un homme, si cet homme obéit à sa volonté et se laisse guider par lui[4].


[1] Sever J. Voicu, « Histoire de l'enfance de Jésus », dans Écrits apocryphes chrétiens, vol. I, Gallimard, 1997 ;

http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/thomas.htm

[2] Irénée de Lyon, Contre les hérésies, I, 20, 1.

[3] R. LAURENTIN, Les de l'Enfance du Christ Desclée, Paris, 1982, p.389-391

[4] Cf. Tarcisio STRAMARE, San Giuseppe nel mistero di Dio, Piemme 1992, p. 198-201


Synthèse Françoise Breynaert