L’aventure de l’exil, chemin de Marie

L'aventure de l'exil, chemin de Marie

Après quelques siècles vécus en Canaan, le peuple hébreu s'organisa en un royaume. Le premier roi fut Saul, puis il y eut David, puis il y eut Salomon...

Progressivement, l'Alliance avec Dieu est comprise comme une noce (prophète Osée). Et Jérusalem est considérée comme l'épouse bien-aimée de YHWH-époux.

Ses infidélités, bien que nombreuses, sont rachetées par l'amour indéfectible de Dieu :

« Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour, Et les fleuves ne le submergeraient pas » (Ct 8,7)

Dieu est plus fort aussi que notre péché ! Il persévérera dans la volonté de faire d'Israël une épouse toute pure (Ct 4,7).

Écoutons la voix des prophètes.

Leur parole est tranchante comme une lame, lorsqu'ils dénoncent l'idolâtrie et les conséquences funestes qui en dérivent, l'exil. Le départ en exil fut terrible. Jérusalem en flamme, le roi enchaîné, les yeux crevés...

Mais les prophètes annoncent la consolation d'Israël.

Ce n'est plus un cœur de pierre, mais un cœur de chair qui battra en chacun : un cœur nouveau, fruit d'un nouvel esprit.

L'action de Dieu, son esprit, pénètre au fond de ses fils ; il les purifie de toute souillure avec une eau limpide, il les rend dociles à sa parole qui donne la vie (Ez 36,25-27; 18,31; 20,11; Is 54,13).

La conversion renoue les liens de l'alliance que l'on appelle alliance nouvelle (Jr 31,31) et éternelle (Jr 30,5; Ez 16,60; 37,26 ; Is 55,3.8), Israël apparaît comme l'épouse que YHWH a fait sienne pour toujours, dans la justice et dans la miséricorde (Os 2,21).

Le dialogue sponsal s'enrichit d'une affection plus intense. Par la bouche du prophète, le Seigneur dit à la ville :

« On ne te nommera plus "délaissée", On ne nommera plus ta terre "désolation" ; Mais on t'appellera "mon plaisir en elle", et l'on appellera ta terre "épouse" ; car YHWH met son plaisir en toi, et ta terre aura un époux. » (Is 62,4-5).

La transformation radicale des cœurs a comme un reflet sur la matérialité de la ville. Elle est construite avec des pierres précieuses:

« Malheureuse, battue de la tempête, et que nul ne console ! Voici, je garnirai tes pierres d'antimoine, Et je te donnerai des fondements de saphir. Je ferai tes créneaux de rubis, tes portes d'escarboucles, et toute ton enceinte de pierres précieuses (Isaïe 54,11-12 ; cf 60,17; Tb 13,17).

Indubitablement, c'est un langage poétique, imaginaire ; cependant, le message important est que l'auteur de cette métamorphose est Dieu même. Et ces spéculations préparent l'attente de la "Jérusalem céleste", qui descend d'en haut (Ap 21,2). Ce thème, cher aux écrits juifs contemporains au Nouveau Testament soulignent plus encore l'omnipotence de Dieu qui opère de grandes choses.


Tout ceci nous conduit à la mère de Jésus. Elle est la synthèse personnifiée de l'ancienne Sion-Jérusalem. Le renouvellement admirable promis à la ville antique a son commencement exemplaire en Marie.

Marie pointe sur l'horizon de l'histoire comme une aube radieuse qui prélude le Soleil de justice, le Christ. Les rayons du Verbe créateur et futur rédempteur investirent les fibres les plus cachées de cette créature minuscule, et ne permirent pas que la moindre ombre ne s'y niche. Et l'on doit parler de pur prodige et de "grandes choses", car l'Immaculée est toute entière œuvre de Dieu.

Cette sollicitude prévenante de Dieu montre vraiment qu'il nous aime le premier (1 Jn 4,19). Dans le Christ, le Père le premier nous a choisis "avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour" (Eph 1,4). La libération totale du péché signifiée par la conception immaculée de Marie, avant d'être notre conquête, est le cadeau de Dieu.


Extraits de : A.SERRA, article Immacolata, in Nuovo dizionario di mariologia, a cura di de Fiores, ed. san Paolo 1985, p.691-692

A.SERRA

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