Noël (liturgie copte)

Noël chez les Coptes

La fête de Noël célèbre l'événement de la naissance de Jésus, Fils de Dieu, né de la Vierge Marie. Il est né à Bethléem en Judée, et ses premières visites furent celles de simples bergers qui trouvèrent Marie, Joseph et l'enfant couché dans une mangeoire. Cet évènement nous sauve. Il nous unit à Dieu, il nous révèle Dieu, il nous libère. L'ange donne aux bergers un signe, les bergers vont voir le signe et ils voient Marie, Joseph et le nouveau né couché dans la mangeoire : autrement dit, la Vierge Marie fait partie du grand signe de Noël.

La fête de Noël est célébrée par les coptes 9 mois après l’Annonciation (29 kîahk, 25 décembre du calendrier julien : 6 ou 7 janvier du calendrier grégorien). Cette solennité est précédée par un jeûne tous les jours jusqu’à 15h.

Les Coptes n'ont pas la fête mariale du 26 décembre des autres orientaux et que l'Église romaine place à l’octave de Noël. L'usage copte de célébrer ensemble le Christ et sa mère semble très ancien, c'est-à-dire aux temps mêmes de l'institution de la fête de Noël.

Une fête en trois mouvements

On célèbre :

  • L’attente de Noël : le 28 kîahk

  • Noël ; le 29 kîahk, précédée d’une vigile avec messe de minuit.

  • Et le 30 kîahk, commémorant l’adoration des mages et le roi David, ancêtre du Seigneur. En effet : « […] Les pères de l’Eglise ont décidé de fêter Noël en deux jours, parce que la nativité est advenue à la fin de la nuit du 28 et qu’elle fut manifestée le jour du 29. » [1]

Le rôle de Marie

Le rôle de Marie est très important, comme on le voit dans les textes liturgiques :

28 kîahk :

En ce jour advient la nativité glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ selon la chair. Il est né de la Vierge toujours vierge, notre Dame, Marie. [2]

29 kîahk :

Les mages s’en allèrent et devinrent les annonciateurs et les prédicateurs du Dieu incarné. C’est le jour annoncé par le prophète Isaïe, lequel avait dit : 'Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, dont le nom sera Emmanuel'. De cette Vierge prophétisa aussi Ezéchiel, qui dit : ‘j’ai vu à l’Orient une porte fermée, personne n’entrera ni ne sortira par elle, sauf le Dieu d’Israël [Ez 44, 1-2].’ [3]

Les hymnes de Noël sont nombreux. En voici un, qui a été inséré dans l’Euchologion, sa dimension mariale est très grande :

Nous te saluons Marie, O Reine, O arbre de vie qui ne fane jamais !

Nous saluons celle qui, sans que l’agriculteur ne travaille, a porté la grappe de la vie.

En vérité, le Fils de Dieu a pris chair de la Vierge Marie !

Elle l’a enfanté, et lui nous a sauvé de nos péchés.

Toi, O Epouse, tu as trouvé grâce ! Beaucoup parlent de ton honneur parce que le Verbe de Dieu est venu, et il a pris chair de toi.

Quelle femme sur la terre est devenue mère de Dieu en dehors de toi ? Toi, effectivement, femme de la terre, tu es devenue mère du Rédempteur !

Beaucoup de femmes ont été honorées et ont obtenu le règne : mais aucune n’a pu obtenir l’honneur que tu as eu, O toi qui es la plus belle d’entre les femmes !

Tu es la forteresse sublime, dans laquelle se trouve la pierre précieuse, c’est à dire l’Emmanuel, celui qui est venu et qui a habité dans ton sein !
Nous louons la virginité de l’épouse, de celle qui est sans tâche, et pure, et toute , de la mère de Dieu, Marie !

Tu es plus sublime que le Ciel, tu es plus généreuse que la terre et que toutes les créatures qui s’y trouvent, parce que tu es la mère du Créateur !

Tu es vraiment le lieu très pur où le Christ, selon la prophétie, est l’Epoux !

Intercède pour nous, O notre Dame, O notre patronne à tous, O mère de Dieu, Marie, O mère de Jésus Christ ! [4]

Quelques remarques doctrinales sur cet hymne :

Noter la comparaison de Marie avec l’arbre de vie : c’est une référence à toute l’histoire biblique et à toute la sagesse biblique. Marie porte la grappe, Jésus, sans que l’agriculteur n’ai travaillé, c’est-à-dire virginalement.

Lorsqu’il est dit que Marie est la mère de Dieu, ou la mère du Créateur, il faut se souvenir que c'est

« non pas en ce sens que la nature du Verbe et sa divinité ait eu de la Vierge le début de son origine, mais qu’en ayant tiré d’elle ce corps sacré perfectionné par l’âme intelligente à qui il était uni selon l’hypostase, se déclare né selon la chair. » (Concile d’Ephèse).

Un auteur copte du XX° siècle le redit en ces termes :

« Nous chrétiens nous affirmons que la Vierge est mère de Dieu parce qu’en elle s’est incarné le Verbe. Nous ne disons pas qu’elle ait engendré la divinité abstraite, ou l’humanité abstraite et séparée de la divinité : mais nous disons qu’elle a engendré Dieu incarné, selon le saint Evangile. »

(Shihatah, Maria vergine, Caire 1934, p. 86)


[1] Sinassario 29 kîahk, ed. Forget, in CSCO 48, 179 texte en arabe ; 78, 287 traduit en latin. Gabriele GIAMBERARDINI, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 3, p.49.

[2] Sinassario 28 kîahk, ed. Forget, in CSCO 48, 178 texte en arabe ; 78, 286 traduit en latin. Gabriele Giamberardini, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 3, p.48 29.

[3] Sinassario 29 kîahk, ed. Forget, in CSCO 48, 179-191 texte en arabe ; 78, 287-289 traduit en latin. Gabriele GIAMBERARDINI, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 3, p.51.

[4] Messale copto, Cairo, 1960, p. 629-631, in Gabriele GIAMBERARDINI, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 3, p.105-106

F. Breynaert