Le regard entre la mère et le Fils (R. Cantalamessa)

Le regard entre la mère et le Fils

Le Christ s’est fait « semblable à nous en toute chose à l’exception du péché» (cf. He 4,15). Certes il n’y a pas péché quand un fils mourant en de telles conditions, rejeté de tous, cherche refuge dans le cœur et dans les yeux de la mère qui l’a enfanté et qui connaît son innocence. Puisque c’est compassion humaine, et non péché, Jésus mourant l’a expérimentée.

En ces moments extrêmes, il n’est resté à Jésus que le regard de sa mère où il puisse chercher refuge et réconfort. Dédaignera-t-il cette présence et ce réconfort maternel, celui qui à Gethsémani demanda à ses trois disciples :« Demeurez ici et veillez avec moi. » (Mt 26,38) ?

Qui pourra pénétrer le mystère de ce regard entre la mère et le Fils, en une pareille heure ? Toute souffrance humaine comporte une dimension intime, privée. Ainsi en fut-il de la souffrance du Christ et de Marie.

Une joie terriblement douloureuse passait de l’un à l’autre, comme l’eau entre des vases communicants. Cette joie provenait du fait que désormais ils n’opposaient plus aucune résistance à la douleur, mais s’en laissaient même librement envahir jusqu’au plus intime. À la lutte avait succédé la paix. Ils étaient devenus un avec la douleur et le péché du monde entier. Jésus directement - en tant que «victime d’ expiation pour les péchés du monde» (cf. 1Jn 2, 2) -, Marie indirectement, par sa double union, charnelle et spirituelle, avec son Fils.


Raniero Cantalamessa

Prédicateur de la Maison Pontificale.

Extraits de : Raniero CANTALAMESSA, Marie miroir pour l’Eglise,

éd saint Augustin 2002, p.148