Marie, reine de miséricorde (A. De Liguori)

Marie, reine de miséricorde (A. De Liguori)

Saint Alphonse de Liguori, qui a si bien parlé de la miséricorde divine, a aussi commenté le Salve Regina, cet hymne à Marie, reine de miséricorde. Il s'appuie sur l'Ecriture, les pères de l'Eglises et les saints, puis saint Alphonse donne des exemples pour stimuler son auditoire.

La Mère du Roi est Reine

[Saint Alphonse de Liguori dit :]

L'auguste Vierge Marie a été élevée à la dignité de Mère du Roi des rois ; dès lors et avec juste raison, la Eglise lui décerne et demande à tous les fidèles de lui décerner le titre glorieux de Reine. [...] Voici comment raisonne Arnaud de Chartres :

« La chair du Christ et celle de Marie sont une seule et même chair, comment dont la Mère pourrait-elle ne pas partager la souveraineté de son Fils ? Ce n'est point assez de dire qu'elle la partage : la gloire royale du Fils et celle de la Mère sont une seule et même gloire. »[1]

Jésus étant roi de l'univers, c'est de l'univers aussi qu'elle est reine.

Reine pour des œuvres de miséricorde

[Saint Alphonse de Liguori continue :]

Mais sachons-le bien pour notre consolation que c'est une Reine toute bonne, toute clémente, toute inclinée à nous faire du bien, à nous si misérables.

C'est pourquoi la Eglise, dans le Salve Regina, nous invite à saluer Marie en la proclamant Reine de miséricorde. [...]

Alors que les tyrans font servir leur pouvoir à leur intérêt personnel, les rois doivent avoir en vue le bien de leur peuple.

Aussi, au sacre des rois, on leur verse sur la tête de l'huile, symbole de la miséricorde, pour leur rappeler qu'ils doivent garder sur le trône un cœur rempli, par-dessus tout, de compassion et de bienveillance à l'égard de leurs sujets.

Comme jadis la reine Esther, pour le salut du peuple

[Saint Alphonse de Liguori, résume une histoire de la Bible :]

Sous le règne d'Assuérus, il fut publié un édit ordonnant la mise à mort de tous les Juifs. Mardochée, un des condamnés, recommanda leur salut à Esther.

Esther s'y refusa d'abord, par crainte d'aviver encore le courroux d'Assuérus.

Mais Mardochée la réprimanda et lui envoya dire : "Ne vous imaginez pas, parce que vous êtres de la maison du roi, que vous sauverez seule votre vie, à l'exclusion de tous les Juifs". Il ajouta que le Seigneur l'avait élevée au trône précisément pour qu'elle assura le salut de la nation.

Assuérus, quand il vit la reine Esther en sa présence, s'informa avec amour de l'objet de sa visite. "Quelle est votre demande ?" lui dit-il.

La reine répondit :

"O mon roi, si j'ai trouvé grâce à vos yeux, accordez-moi mon peuple, pour lequel je vous implore" (Esther 7, 2).

Elle fut exaucée : un ordre du roi révoqua aussitôt la sentence de condamnation.

Quelques exemples et fioretti

[Saint Alphonse de Liguori donne quelques exemples dans lesquels il montre le sérieux de la miséricorde : nous sommes tous pécheurs et la miséricorde doit conduire à reconstruire le Bien :]

Certain pécheur disait un jour à la Vierge : "Montrez que vous êtes ma Mère" -

"Et toi, répondit-elle, montre que tu es mon fils."

Et à un autre qui l'invoquait également et qui l'appelait Mère de Miséricorde, elle dit :

"Vous autres pécheurs, quand vous voulez mon assistance, vous m'appelez Mère de Miséricorde, mais vous ne cessez pas, par vos péchés, de faire de moi une Mère de misère et de douleurs."


[1] Libellus de laudibus BMV.

Extraits de : A. De Liguori, Les gloires de Marie I, 1,

éditions saint Paul, Paris 1987, p. 5-6, et, pour les exemples, p. 32

présentation par F. Breynaert.

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