Ephèse, Marie, et la Tradition de l'Eglise

Ephèse, Marie, et la Tradition de l'Eglise

C'est une tradition longue et internationale qui témoigne de la présence de Marie à Ephèse.

Les pères de l'Eglise et les auteurs ecclésiastiques

Dans l'Eglise primitive, l’attention est centrée sur la personne de Jésus, objet de toutes les recherches théologiques.

A Jérusalem (403)

Dans son livre « Panarion », saint Epiphane, sans prendre position lui-même, fait mention qu’à son époque, à Jérusalem, il existait une tradition disant que Marie et Jean avaient vécu ensemble en Asie Mineure.

A Ephèse (431)

A la fin du Concile qui se tint dans l’église de Panaya (la première église au monde à être dédiée à Marie) les évêques réunis envoyèrent au clergé et au peuple de Constantinople une lettre. Dans cette lettre on peut lire ce passage : « Nestorius, le rénovateur de l’hérésie impie, après être arrivé dans le pays des éphésiens, à l’endroit où arrivèrent Jean le Théologien et la Vierge Marie, Mère de Dieu, parce qu’il s’était séparé du concile des Saints Pères… »

A Tours

Dans son livre « la gloire des martyrs », Saint Grégoire de Tours (538 – 541)écrivit : « A Ephèse se trouve le lieu dans lequel cet apôtre (Jean) écrivit l’Evangile qui se lit sous son nom à l’église. Il y a au sommet de la montagne voisine quatre murs sans toit. Il demeurait là, s’y livrait à d’instantes prières ; offrant sans cesse au Seigneur des supplications pour les péchés du monde… »

En pays germanique

L'Evêque d’Eichstat (723-726), Saint Willibald, a écrit à peu près la même chose que Grégoire de Tours dans la deuxième relation de pèlerinage à Ephèse : « Après la visite au tombeau de Saint Jean, à la grotte des 7 Dormants et au tombeau de Marie de Magdala, ils montèrent sur la hauteur de la montagne où le Saint évangéliste Jean avait coutume de prier, lieu que la pluie et les saisons respectent… après avoir fait là leurs dévotions ils continuèrent le voyage vers le sud ».

En Orient (Syrie, Irak, Turquie)

Plusieurs auteurs ecclésiastiques ont écrit dans ce sens. Michel le Syrien, dit le Grand (1126- 1199), Patriarche Jacobite, écrivit : « Jean prêcha à Antioche avec Simon ; ensuite il s’en alla à Ephèse et la Mère de Notre Seigneur l’accompagna… Il y ensevelit la Bienheureuse Marie ».

Grégoire Abu’l Faraj-Bar Hebreo (1226-1286), autre Patriarche Jacobite, a laissé le même témoignage.

Denys Bar Salibi (1171), évêque d’Amida (aujourd’hui Diyarbakir) écrivit : « la Vierge est morte à Ephèse, Saint Jean et ses disciples l’y enterrèrent ».

En Italie

Le franciscain Francesco Quaresimi (1583-1656) écrivait : « La Bienheureuse Vierge Marie, tant qu’elle vécut, ne fut jamais abandonnée par le Disciple Bien Aimé. C’est pourquoi, lorsqu’il partit prêcher l’Evangile en Asie Mineure, il emmena avec lui la Mère de Dieu qui habita avec lui à Ephèse… je préfère cette opinion à l’autre et à cause de l’autorité de tant de pères (du Concile)… et parce que jusqu’à ce moment on montre à Ephèse la maison dans laquelle la Vierge Marie a habité avec Saint Jean ».

En France

Louis Sébastien de Tillemont (1637-1698) dans son livre Mémoires pour servir l’Histoire écrit : « Nous ne voyons pas moyen de douter qu’elle (Marie) n’ait été à Ephèse et même qu’elle y soit morte… » Pour la France on pourrait encore citer Adrien Baillet (1649-1706) et Dom Calmet (1672-1757). En Angleterre J.C. Hobhouse (1809) exagéra quelque peu en écrivant : « C’est un article de foi qu’après la mort de Notre Seigneur, Saint Jean et la Vierge se retirèrent à Ephèse… »

Première conclusion

Il est bien certain que tous ces textes ne prouvent rien mais ils nous permettent de constater que la tradition qui fait venir la Vierge Marie à Ephèse aux tout premiers temps de l’Eglise, est fort ancienne et répandue en des endroits nombreux et variés du monde chrétien.

Les Papes

Sans revêtir de caractère officiel, l’attitude des papes à l’égard de Meryem Ana- qui a toujours été positive- a sa valeur particulière.

Benoit XIV (1740-1758)

Pour lui, pas de doute, c’est bien à Ephèse que la Bienheureuse Mère quitta cette vie pour s’en aller au Ciel ».

Léon XIII (1878-1903)

La découverte de Meryem Ana eut lieu sous son pontificat. Informé de la chose, il montra ouvertement sa satisfaction, surtout quand le Père Eschbach, supérieur du séminaire français à Rome, lui montra les toutes premières photographies prises au lendemain de la découverte. IL les garda par-devers lui sans les restituer. Le 18 avril 1896, par bref spécial, il dépouilla à jamais le « Tombeau de Marie » à Jérusalem de ses indulgences et, par son cardinal Vicaire fit rétablir dans le Diario Romano la note précédemment disparue : « C’est à Ephèse, d’après l’opinion la plus probable, que Marie est morte ».

Pie X (1903-1914)

Il disait un jour à quelques-uns de ses amis : « Je n’ai jamais compris la mort de Marie à Jérusalem ! ». Le 6 avril 1906, par l’intermédiaire du cardinal Merry del Val, il envoya aux Pères Lazaristes d’Izmir une lettre de félicitation pour les découvertes faites à la « Maison » de Marie et d’encouragement à poursuivre la recherche du tombeau.

Benoit XV (1914-1922)

Ce Pape se montra également intéréssé à la description de Meryem Ana qui lui fut faite en 1920. Il permit que le 5 avril 1921 une conférence avec projections sur la Maison de la Vierge à Ephèse se tint au séminaire pontifical, dans la salle historique.

Pie XI (1922-1938)

Le 13 août 1922, le cardinal Pierre Gasparri, Secrétaire d’Etat, envoya une lettre de félicitation et d’encouragement au Père Poulin qui lui avait fait hommage de sa dernière brochure : « Un dernier mot sur le lieu de la mort de la Vierge. »

Dans la partie qui a trait à la visite du domaine, il sera question de l’attitude des derniers Papes, surtout de Paul VI et de Jean-Paul II. Cet intérêt répété et bienveillant des papes envers Ephèse autorise à dire que la « cause Ephésienne » n’a pas échappé à l’attention de Rome. Il est vrai que le problème n’a pas été résolu mais il est vrai aussi qu’il a été pris en sérieuse considération.

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Egidio PICUCCI