La rupture d'une amitié

La rupture d'une amitié

Saint Aelred de Rivaulx est d'une grande sagesse concernant la plus belle aventure humaine : l'amitié. Il sait qu'il y a parfois des ruptures. Mais il y a une manière de rompre, avec respect. Puisse la Vierge de Nazareth nous le faire comprendre, de l'intérieur...

« Si tu as tiré l'épée contre ton ami, ne te désespère pas: il peut revenir; si tu as ouvert la bouche contre ton ami, ne crains pas: une réconciliation est possible. » (Sirac 22, 21-22)

Si ton ami a préféré son opinion à la tienne, ne crois pas que l'amitié doive être rompue pour autant.

L'Ecclesiaste continue : « sauf le cas d'outrage, mépris, trahison d'un secret, coup perfide, car alors ton ami s'en ira ». (Sirac 22, 22). Comme il a dit : « Celui qui insulte son ami, rompt l'amitié » (Sirac 22, 20).

Si, après avoir admis un ami, tu dois endurer de sa part de tels manques d'égards,

il ne faut pas rompre brusquement,

mais dénouer peu à peu les liens de l'amitié.

Il faut le respecter

et, s'il faut cesser de lui confier ses pensées intimes,

il ne faut jamais cependant lui retirer ton affection,

ni lui refuser une aide ou un conseil.

S'il en arrive à des excès tels que les insultes ou les blasphèmes, respecte encore ton pacte et la charité. Que la faute soit du côté qui fait l'injure, non du côté de celui qui la reçoit.

Il est un cas cependant où la rupture immédiate s'impose : c'est lorsqu'un homme fait du tort à son père, à sa patrie, à ses concitoyens, à ses subordonnés ou à ses amis. Car il faut faire passer le bien du grand nombre avant l'amour d'un seul.


Aelred de Rivaulx (1110-1167), De l'amitié spirituelle,

Extraits de : Saint Aelred de Rivaulx, les éditions du Soleil levant, 1960, p. 183