Avant d’être largement répandue dans les territoires romains la crucifixion était en usage chez les Perses, les Phéniciens, les Carthaginois. Un témoignage rapporte qu'au 7ème siècle avant Jésus-Christ, elle fut appliquée à Athènes contre un groupe de pirates. Flavius Josephe raconte qu’Alexandre le Grand fit “crucifier 800 Juifs devant ses yeux et égorger en leur présence du temps qu’ils vivaient encore, leurs femmes et leurs enfants” (F. Josephe, Histoire ancienne, L XII, 5, 4).
Les études de Green (2001) et Brown (2005) ont précisé les circonstances historiques du développement de ce supplice qui est aujourd'hui bien connu et attesté par de nombreuses sources.
Les Carthaginois étaient coutumiers de cette technique de mise à mort, et ce sont eux qui la transmirent vraisemblablement aux Romains durant les guerres puniques.
À Rome, cette forme de peine capitale devenue courante était considérée comme la plus infamante et la plus cruelle. Cicéron disait qu’ “entre gens bien élevés on n’osait pas prononcer le mot “croix”. Seuls subissaient la crucifixion les condamnés ayant le statut d’esclave ainsi que ceux qui étaient privés de la citoyenneté romaine ou encore pour le crime de rébellion envers l'autorité impériale (par exemple les 6.000 crucifixions des gladiateurs de l'armée de Spartacus le long de la via Appia menant de Capoue à Rome).
Il y avait plusieurs sortes de crucifixion, mais la forme la plus commune utilisée par les romains était la crux commissa, croix de Tau, formée comme notre T. Le patibulum, partie transversale de la croix, souvent porté par le supplicié jusqu'au lieu de sa crucifixion, était fixée sur le poteau vertical, appelé stipes, avec attaché au dessus le motif de la condamnation, appelé titulus : ce fut le cas pour Jésus, désigné comme "Roi des juifs", au témoignage des Evangiles.
Jusqu’à l’occupation de la Palestine par les Romains, la peine de mort est le plus souvent exécutée, dans tout le Moyen-Orient, par lapidation. Si Jésus n’a pas été lapidé, c’est tout simplement parce qu’à son époque le Conseil juif n’a pas le droit d’exécuter les sentences capitales que seul Pilate peut prononcer en Palestine. “Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort” (Jn 18, 31) avaient répondu les Juifs à Pilate qui leur proposait de juger Jésus selon leur loi. Et Jean ajoute que c’est “afin que s’accomplit la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il indiqua de quelle mort il devait mourir” (Jean fait référence à l’annonce faite par Jésus à Nicodème, cf Jn 3, 14; Jn 12, 32).
D’une manière générale, étaient passibles de crucifixion les auteurs de brigandage, de piraterie, de meurtre, ainsi que les auteurs de faux témoignages ou de crimes de sédition, chef d’accusation sur lequel furent condamnés Jésus puis certains de ses disciples.
D’après Flavius Josephe, l’historien témoin de cette période, Florus, gouverneur de Judée l'an 66 de notre ère, tourmenta les Juifs au point d’allumer une véritable rébellion qu’il mâta cruellement “en faisant crucifier 3630 hommes, femmes et enfants”. Peu de temps plus tard, en 70, Titus entra dans Jérusalem et fit crucifier les assiégés qui tentaient de s’enfuir. Flavius Josephe en a dénombré jusqu’à 500 en une journée. “À peine pouvait-on suffire à faire des croix et trouver de la place pour les planter” (Guerre de Juifs, LV, 11, 1).
La crucifixion était précédée par la flagellation du condamné, pratiquée avec un fouet à manche court prolongé par deux lanières de cuir terminées par des billes de plomb ou des osselets.
La mort de Jésus sur la Croix répond à plusieurs critères d'authenticité historique :
- le critère d'attestation multiple des sources et de cohérence : le récit de la Passion est présent dans plusieurs traditions évangéliques indépendantes, dans le corpus paulinien, mais également dans des sources extérieures comme par exemple Flavius Josèphe (37-97), qui écrivit vers 93 dans ses Antiquités judaïques : "En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, si toutefois il faut l'appeler un homme, car c'était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs ; Celui-là était le Christ. Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l'avaient aimé précédemment ne cessèrent pas". (sur l'authenticité prouvée de ce passage, voir Conzelmann, 1973 et Nodet, 1985). Au début du IIe siècle, l'historien romain Tacite (v. 55-120 ap. J.-C.) déclare dans ses Annales (15, 44) à propos d'un incendie ayant ravagé la ville de Rome : "Néron accusa ceux que leurs abominations faisait détester et que la foule appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui fut condamné sous le principat de Tibère par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée sur le moment, cette détestable superstition perçait de nouveau, non pas seulement en Judée mais encore à Rome". Un orateur syrien du IIe siècle, Lucien de Samosate (125-192), affirme également que le fondateur du christianisme a été crucifié : "Celui qui est honoré en Palestine, où il fut mis en croix pour avoir introduit ce nouveau culte parmi les hommes ... Le premier législateur [des chrétiens] les a encore persuadés qu'ils sont tous frères. Dès qu'ils ont une fois changé de culte, ils renoncent aux dieux des Grecs et adorent le sophiste crucifié dont ils suivent les lois". Citons enfin un document judaïque, le Talmud de Babylone (Sanhédrin 43a), compilé à partir du IIIe siècle et qui indique : "La veille de Pâques, on a pendu Yéshu (Jésus). Pendant les 40 jours qui précédèrent l’exécution, un héraut allait en criant : 'Il sera lapidé parce qu'il a pratiqué la magie, trompé et égaré Israël. Si quiconque a quelque chose à dire en sa faveur, qu’il s’avance en son nom.' Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et on le pendit la veille de Pâques". Autre exemple : « Alexamenos adore son dieu », un graffiti méprisant trouvé au Palatin : première représentation connue de « croix chrétienne », du 2ème ou 3ème siècle.
- le critère d'embarras ecclésiastique : les évangélistes rédigèrent leurs écrits en vue de montrer que Jésus de Nazareth était le Messie attendu par les Juifs. Or, ces derniers attendaient du Messie qu'il libérât son peuple du joug des Romains, si besoin au moyen de la force. Dès lors, on voit mal comment un récit mettant en scène le Messie mort sur la croix et même renié par les siens pourrait avoir été inventé. En outre, la description que font les Évangiles des événements entourant la mort de Jésus concorde avec les usages qui avaient cours à l'époque. Par exemple, le partage des vêtements ou encore la boisson enivrante donnée au crucifié étaient « un usage régulier à l’époque » (Supplément au Dictionnaire de la Bible, t. 6, 1960, p.1481).
Jésus lui-même a prédit sa mort à venir en Mc 8,31-33.
- le témoignage du Linceul de Turin : l'analyse de ce linge unique et extraordinaire montre qu'il ne peut s'agir que du Linceul qui a enveloppé le Christ après sa Passion et que l'image impossible à reproduire en l'état de nos connaissances scientifiques actuelles ne peut être qu'en effet du "flash" de la Résurrection. Or le Linceul donne une description de la Passion qui est en tous points conforme au récit des Evangiles, et qui contient une vingtaine de détails que personnes ne pouvait connaître ou imaginer au Moyen Age.
- les prophéties sont aussi éloquentes : alors que le supplice de la crucifixion n'était pas encore connu, les Psaumes prophétisent les détails de la mort du Christ et notamment celui-là : "Ils ont percé mes mains et mes pieds" (Ps 21,17). Les juifs pouvaient tuer le Christ par lapidation selon leur loi mais ils voulaient qu'il soit mis à mort sur le bois de la Croix pour faire passer un test à Jésus, car l'Ecriture dit "Maudit celui qui pend sur le bois" (cf. Deutéronome 21, 23 expliqué par Galates 3, 13 : le Christ est maudit parce qu'il a pris sur lui nos péchés - explication complète dans la vidéo : "Pourquoi suis-je sauvé par la mort d'un homme il y a 2.000 ans"). On peut encore mentionner la prophétie d'Amos qui annonce qu'en ce jour "de deuil" Dieu fera "disparaître le soleil en plein midi" : "en plein jour, j'obscurirai la lumière sur le terre" (Amos 8,9) ; C'est bien ce que les Evangiles rapportent : "il y eut ce jour là les ténèbres sur toute la terre" (Mt 27,45) et divers documents contemporains confirment ce fait ainsi que l'astronomie moderne (laquelle parle évidemment d'éclipse).
Dans les premiers temps de l'Eglise, aucun des adversaires du Christ juif, grec, romain ou autre n'a remis en cause la réalité de sa crucifixion et de sa mort.
A la fin du 2ème siècle est apparue l'hérésie docète a prétendu que le Christ n'avait été crucifié qu'en apparence, mais ses arguments étaient très faibles et ils n'ont pas eu beaucoup d'impact avant leur condamnation par le 1er Concile de Constantinople en 381.
Il y a eu encore une remise en cause avec l'Islam au 7ème siècle mais le Coran se contredit dans les deux passages où il évoque la mort de Jésus : en 4:157 il est dit à propos des juifs : "et à cause leur parole: "Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d'Allah"... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant (shubihha la-hum).Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude: ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué" ce qui pourrait laisser penser que Jésus n'est pas mort (même si ailleurs, en 3:169 il est écrit : "Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d’Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus" et plus loin) mais en 19:33, Jésus dit selon le Coran : ''Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant'' ce qui montre à l'inverse qu'il est véritablement passé par la mort.
La dernière remise en cause est celle des Témoins de Jéhovah qui ont pensé pouvoir affirmer au 19ème siècle que le Christ avait été cloué non à une croix mais à un poteau, mais ils méconnaissent la réalité historique romaine et sa pratique attestée en Palestine au 1er siècle.