Oui, le "Shema Israël" est bien une étonnante évocation du mystère de la Trinité

L’affirmation fondamentale du peuple juif a toujours été le Chema : «Ecoute Israël, l’Éternel notre Dieu, l’Éternel est Un. » Littéralement : "Dieu, Dieu, Dieu = UN"

3 fois de suite le nom de Dieu : cela ne se fait pas normalement en hébreu

"Cette triple répétition du nom du Seigneur est contraire aux règles de la grammaire et au génie de la langue hébraïque" explique David Paul Drach (LRC 1 page 12) : "Les rabbins sentent fort bien l'inconvénient de la triplication insolite du nom de Dieu en cet endroit" et il cite plusieurs commentaires rabbiniques à ce sujet.
Les juifs messianiques d'aujourd'hui disent de même (cf. livre pdf page 4)
Rachi donne de cela une explication spécialement capillotractée (cf. Minute par Minute sur Episode 2 à 8'38) alors qu'il est évident que cette curiosité doit avoir un sens extrêmement fort et profond.
C'est bien le cas en préfigurant et annonçant le grand mystère de l'intimité trinitaire du Dieu unique.  

Le mot "ehad" désigne une unité et il ne signifie pas "unique" (yahid)  

Le mot «ehad», utilisé dans le Chema pour proclamer l’unité de Dieu, est très frappant : il permet la possibilité d’une pluralité ou d’une diversité dans l’unité, ce qui ressort de façon particulièrement claire dans plusieurs passages par exemple :

  • Genèse 2,24 : dans le mariage, l'homme et la femme deviennent UN (ehad) alors qu'ils sont deux personnes différentes
  • Esdras 2,64 : des membres d'une assemblée sont UN (ehad) alors qu'ils sont des personnes différentes
  • Ézéchiel 37,17 : deux pièces de bois sont UNES (ehad) dans la main du prophète alors qu'elles sont des entités distinctes.

A chaque fois l’unité résulte respectivement de la réunion de l’homme et la femme, des membres individuels d’une assemblée, de deux pièces de bois. Il existe cependant en Hébreu un autre mot qui, lui, désigne une unité indivisible : yahid.

Ainsi, il se fait que, lorsqu’il a rédigé ses célèbres Treize Articles de Foi, l’érudit Maïmonide a substitué le mot yahid au mot ehad dans la description de la nature de Dieu. Depuis lors, l’idée de l’unité indivisible de Dieu a fait école dans le judaïsme ; néanmoins, la Bible elle-même donne de multiples références pour montrer qu’il existe une diversité à l’intérieur de l’unité de Dieu.

Le Zohar commente comme d'autres de manière très claire les "trois noms qui ne font qu'un" dans le "Chema"

Le Zohar, livre de base du mysticisme juif, montre que l’idée d’une «pluralité dans l’unité» n’est pas étrangère à la pensée juive. Bien que l’opinion des mystiques médiévaux sur la Trinité diffère de celle des Chrétiens, le concept fondamental d’une pluralité du Dieu unique prédomine toujours. On peut lire par exemple ainsi le passage du Zohar qui commente le Chema :

«Écoute, Ô Israël, YHVH Élohenou YHVH est un.» Ces trois noms ne font qu’un.
Comment cela se peut-il ? Uniquement par la perception de la foi : par la vision intérieure de l’Esprit Saint qui habite en nous. On peut comparer cela au mystère de la voix audible : elle est composée de trois éléments – feu, air, eau – qui sont cependant devenus « un » dans le mystère de la voix. Ainsi en est-il de la triple manifestation divine désignée par YHVH Élohenou YHVH – trois composants qui cependant forment une unité »

(Zohar, III : Exodus 43b, traduction Soncino).

David Paul Drach cite le commentaire de Behhai (LRC 1 page 13) : "Moïse énonce ainsi l'unité de Dieu afin de prescrire à notre croyance que les trois principaux attributs de la Divinité se réunissent en UN, savoir : l'éternité, en soph ; la sagesse, Hhohhma ; la prudence, bina".

 

Bref, peut-on faire plus clair ?