Signification personnelle de la virginité de Marie (patristique)

Signification personnelle de la virginité de Marie (patristique)

La virginité: une attitude intérieure

Les Pères de l'Église ont vu la virginité de Marie comme un signe de la divinité du Christ, mais ils s'intéressent aussi à l'attitude intérieure de Marie.

Marie a conçu le Christ, « d'abord en son esprit puis dans son ventre » (Léon le Grand), « d'abord en son esprit puis dans son corps » (Augustin) [1]. Marie a une foi intègre qui s'exprime dans son intégrité corporelle. Marie est consacrée à Dieu par la virginité volontaire.

Virginité libre, volontaire

« Déjà avant d'être conçu, le Christ voulut se choisir, pour naître, une vierge consacrée à Dieu, comme l'indiquent les mots par lesquels elle répondit à l'ange qui lui annonçait la maternité imminente : "Comment cela se fera-t-il, je ne connais pas d'homme?" Elle ne se serait pas exprimée de cette manière si d'abord elle n'avait pas consacré à Dieu sa virginité. Elle s'était fiancée parce que la virginité n'était pas encore entrée dans les coutumes des Juifs ; mais s'était choisi un homme juste, qui n'aurait pas recouru à la violence pour lui prendre ce qu'elle avait dédié à Dieu, mieux, qui l'aurait protégée contre toute violence... L'obligation de rester vierge aurait venir de l'extérieur, pour que le Fils de Dieu assume la forme de serviteur par un miracle digne de l'événement. Mais il n'en fut pas ainsi: ce fut Marie elle-même qui se consacra à Dieu avant de savoir qu'elle aurait conçu. » [2]

Virginité et foi ; « conceptio per aurem »

Plus curieuse et chanceuse est la formule « conceptio per aurem » qui apparaît pour la première fois dans la rédaction arménienne de l'apocryphe l'Évangile de l'enfance: "Le Verbe de Dieu pénétra en elle (Marie) à travers l'oreille, et la nature intime de son corps fut sanctifiée... Et au même moment commença la grossesse de la Vierge."[3]

L'image de la conception par l'oreille illustre l'idée augustinienne de la conception par la foi.

Virginité dans l'enfantement avec saint Irénée

Saint Irénée introduit la problématique de l'enfantement virginal avec ce texte célèbre : « Le fils de Dieu est devenu fils de l'homme, qui, en tant qu'il est pur, ouvrit purement le sein pur, celui qui régénère les hommes pour Dieu et que lui-même a rendu pur. »[4]

Cette phrase est complexe par les thèmes qu'elle évoque parmi lesquels celui de la participation de Marie à la régénération des hommes et de la purification au moment de la naissance de Jésus.

Certains commentateurs soulignent l'adverbe purement pour affirmer l'enfantement virginal. Cette interprétation est confirmée par Irénée quand il applique à la Vierge la prophétie d'Isa?e : « Avant les douleurs de l'enfantement, elle mit au monde un fils. »[5]

Virginité perpétuelle

Athanase, Hilaire, Epiphane et Jérôme déduisent la virginité perpétuelle du texte de Jn 19,25-27: « Si Marie avait des fils et si son mari était encore en vie, pour quel motif le (Christ) aurait-il confié Marie à saint Jean ?» [6]


[1] Augustin, Sermo215, 4, PL 38,1074; Léon le Grand, Sermo 21, I, PL 54,191.

[2] Augustin,. De sancta virginitate 4,4. CSEL.41, 237-238; Sermo 291,5, PL 38, 1318; Sermo 225.2. PL 38.1096-1097

[3] L'Evangile de l'enfance V ,9, in C. Michel et P: Peeters, apocryphes, vol. II, Paris 1914, p.97.

[4] Irénée, Adversus Haereses, IV 33, 11

[5] Irénée, Epidexis 54, SC 65,115

[6] Epifanio. Adversus haereses 78.10. PG 42. 714 : cf T. Koehler, Les principales interprétations traditionnelles de Jn 19,25-27 pendant les douze premiers siècles in EtMar 16 (1959) 119-155.


Cf. S. DE FIORES, "Vergine",

Nuovo dizionario di mariologia, a cura di de Fiores, ed. san Paolo 1985, p.1309-1315

Synthèse F.Breynaert.