Saint Jean, fils de Marie

Qui est vraiment Saint Jean, le disciple bien-aimé, que Marie a reçu de Jésus au pied de la Croix ?

Un apôtre très atypique

La Tradition nous le présente comme un apôtre très atypique qui était à la fois,

· le plus jeune des Douze,

· un des 3 apôtres, avec Pierre et Jacques, son frère, que Jésus prenait avec lui dans des circonstances particulières (Thabor, Agonie, Résurrection fille chef synagogue),

· le « bien-aimé » ou le « préféré » de Jésus,

· le seul qui a posé sa tête sur la poitrine de Jésus à la Cène,

· le seul des Douze qui ait été présent au pied de la Croix,

· le premier qui « vit et qui cru » en voyant le Linceul vide dans le tombeau vide.

· celui qui est resté, de longues années, après le martyre de Philippe au Pont en 81 et jusqu’au règne de Trajan si l’on en croit Saint Irénée ou Saint Jérôme, comme le dernier Apôtre vivant.

· le seul qui ne soit pas mort martyr, et dont le destin a été évoqué de manière mystérieuse par Jésus : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? »,

· celui qui a reçu l’extraordinaire révélation de l’Apocalypse,

· le seul qui ait révélé dans ses Epitres que « Dieu est amour »,

· celui qui a composé un Prologue et un Evangile d’une hauteur de vue tout à fait singulière.

Comment peut-on expliquer ce destin absolument extraordinaire ?

Le secret de Saint Jean est sans doute à chercher dans le fait qu’il a été le seul qui fût confié comme fils à la Vierge Marie et qui la prit ainsi « chez lui » pendant une très longue période.

Une vie extraordinaire

Quand on met en perspective la vie de Saint Jean, on s’aperçoit des fantastiques privilèges qu’il a reçus et qui l’ont conduit à devenir cet « aigle » que la Tradition reconnaît en lui. Jean a été d’abord disciple de Jean-Baptiste, puis disciple de Jésus pendant 3 ans, puis il a passé une vingtaine d’années seul avec la Vierge Marie, la mère de mémoire, qui l’a aidé à mûrir cet Evangile étonnant de clairvoyance et de précision, qu’il va ensuite enseigner oralement pendant 40 ans, avant de recevoir la grande révélation de l’Apocalypse qui lui donnera alors une vision encore plus aiguisée du mystère du Christ à travers la méditation du mystère de l’Incarnation, que Saint Jean a médité de longues années, avec la Vierge Marie.

Le Pape Jean Paul II a très souvent insisté sur ce moment si important où Jésus va confier à sa Mère ce disciple qu’il aimait et qui l’aimait tellement, et dans lequel chaque disciple du Christ est invité à se reconnaître :

« Le nom du disciple était Jean. C’est précisément lui, Jean, fils de Zébédée, apôtre et évangéliste, qui entendit les paroles du Christ venant du haut de la Croix : « Voici ta mère ». Auparavant, le Christ avait dit à sa Mère : « Femme, voici ton Fils ». C’était là un testament admirable. En quittant ce monde, le Christ donna à la Mère un homme qui serait pour elle comme un fils : Jean. Il le lui confia. Et par la suite de ce don, de cette remise entre ses mains, Marie devint la mère de Jean. La mère de Dieu est devenue la mère de l’homme. A partir de cette heure-là, Jean la « prit chez lui » et il devint sur terre le gardien de la Mère de son Maître ; c’est en effet pour des enfants un droit et un devoir de prendre soin de leur mère. Mais Jean devient surtout, par la volonté du Christ, le fils de la Mère de Dieu. Et à travers Jean, tout homme devint son fils à elle. » (Jean-Paul II - Homélie de la messe du 13 mai 1982 à Fatima)

Chronologie de la vie de Saint Jean

On peut essayer de reconstituer la chronologie de la vie de Jean, à partir de ce que l’Ecriture, la Tradition et les recherches historiques nous donnent aujourd’hui.

Enfance à Bethsaïde

Jean serait né aux alentour de l’an 10 après Jésus-Christ. Jusqu’à 12 ans, il passe son enfance à Bethsaïde, au bord du Lac de Tibériade, dans l’un des plus beaux lieux du monde. On peut imaginer que le petit Jean est émerveillé par la beauté de la nature, et qu’il se demande très jeune qui peut être l’Auteur de tant de merveilles. Son père, Zébédée, est, au témoignage de l’Evangile, responsable d’une petite entreprise de pêche, propriétaire de ses barques, et faisant travailler quelques ouvriers. Le poisson est péché puis vendu à Capharnaüm, ou séché puis transporté pour être vendu dans la Décapole par André et Philippe qui parlent grec et pour Jacques et Jean à Jérusalem, où le bon poisson de Galilée devait être particulièrement apprécié. A partir de 12 ou 13 ans, Jean se rend donc certainement souvent à Jérusalem, en suivant son grand frère Jacques, pour les affaires de son père ou pour les fêtes de pèlerinage, et le jeune homme, spécialement attiré par les choses de Dieu, devait fréquenter les impressionnants maîtres de l’époque : le notable Schammaï, le grand Hillel, et son neveu Gamaliel, déjà enseignant renommé. Au témoignage de l’Evangile, Jean connait très bien la ville, les fêtes et même l’entourage du grand Prêtre (Jn 18,15-16).

Disciple de Jean-Baptiste

Mais sur la route de la Cité qu’il emprunte régulièrement, Jean adolescent trouve en Jean-Baptiste quelqu’un de plus extraordinaire et de plus fascinant encore, dont il est vite devenu le disciple, avec Jacques, en compagnie de leurs amis pécheurs : André et son frère Pierre, Philippe et Nathanaël. De 24 à 27 environ, ils resteront quelques années élèves et admirateurs de Jean le Baptiste jusqu’à ce que celui-ci leur désigne Jésus, en le désignant comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », ce que Jean n’oubliera jamais, et qu’il mettra au centre de son Evangile comme du livre de l’Apocalypse.

Disciple bien-aimé du Christ

De 27 à 30, Jean passera ensuite 3 ans à suivre le Christ et à recevoir avec la fraîcheur de son âme pure et enfantine l’enseignement du Maître divin. Il deviendra ainsi le « bien-aimé », le disciple « préféré », ou plus exactement, selon la tradition orientale, le disciple ainsi désigné parce qu’il pénètre plus profondément la pensée du Maître et parce qu’il peut la restituer avec les mots même de son Maître. Son amour est si fort qu’il sera le seul Apôtre présent au pied de la Croix, à l’heure des ténèbres qui a dispersé tous les autres : « Marie, la Mère du Seigneur, était debout devant la Croix de son Fils ; nul autre ne me l’a dit que Saint Jean l’évangéliste. Jean m’a appris comment Jésus sur la Croix a appelé sa Mère. C’est le Testament du Christ en Croix, et Jean y apposait sa signature, digne témoin d’un si grand testateur. Testament précieux qui lègue non de l’argent mais la vie éternelle ; qui est écrit non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant. Et tandis que les Apôtres étaient en fuite, Marie se tenait debout au pied de la Croix, et de ses yeux maternels, elle contemplait les blessures de son Fils. Elle en attendait non la mort de son bien-aimé, mais le salut du monde. » (Saint Ambroise de Milan +397). « Dans la personne de Jean, comme l’Eglise l’a toujours cru, explique Léon XIII, le Christ désigna celle du genre humain, de ceux surtout qui croiraient en lui ».

Fils de Marie après l’Ascension

Après l’Ascension de Jésus, Jean restera avec Marie pendant une vingtaine d’année. De 30 à 36, après la Pentecôte, Jean, qui n’a que 20 ans, est très proche de Pierre, qu’il seconde un peu partout lors de la première évangélisation de Jérusalem, comme on le voit dans les Actes des Apôtres, en restant silencieux, comme son caractère et son jeune âge l’y inclinent, jusqu’à ce que la persécution qui suit la révocation de Ponce Pilate oblige les Apôtres à s’en aller. C’est certainement dès 37 que Jean part avec la Vierge Marie pour s’établir à Ephèse, comme en témoigne une tradition locale solide, rappelée en 431 par la lettre officielle que les Pères du Concile d’Ephèse envoyèrent à Nestorius. Mais curieusement, ce ne sont pas Jean et Marie qui fondent l’Eglise à Ephèse et c’est Paul qui devra le faire, 17 ans plus tard lorsqu’il viendra pour 2 ans sur place. Comment expliquer cette curiosité, alors que tous les autres Apôtres profitèrent de la dispersion pour fonder des Eglises et répandre la Bonne Parole ? Il semble que Jean et Marie ont inauguré à Ephèse un genre de vie nouveau, sans apostolat direct, dans le silence et la prière.

La création de « l’Eglise mariale » et du monachisme à Ephèse

En reprenant le langage de l’Apocalypse, on peut dire que la Femme poursuivie par le Dragon s’est enfuie au désert où Dieu lui a préparé une place et, c’est dans ce désert de la vie cachée que Dieu va la nourrir pendant quelques années. Jésus à confié Jean à la Vierge Marie pour qu’il soit comme son fils et la Vierge obéissante va lui faire vivre à Ephèse ce qu’elle a fait vivre à Jésus à Nazareth, en le faisant grandir de la même manière, comme pendant les 30 années de vie cachée à Nazareth. La « Maison de Marie » à Ephèse est donc un peu comme le premier monastère où Jean prendre le temps d’approfondir puissamment le mystère du Christ, avec Marie, dans une vie de silence, de prière et de contemplation qui aura une immense postérité puisque toute l’Eglise mariale, l’Eglise des religieux et religieuses, centrée sur la vie de prière, la contemplation et l’approfondissement du mystère du Christ, loin du monde, dans le silence d’une vie cachée se rattache d’une certaine manière à ce qu’ont vécu Marie et Jean. Les premiers moines appelaient Jean leur « père », comme Evagre le Pontique le mentionne, et Epiphane de Salamine confirme qu’ils se réunissaient « pour imiter la vie de Marie et Jean à Ephèse » (règle monastique des Agapètes). Par la suite, Saint Augustin et beaucoup d’autres désigneront en Saint Jean le modèle de la vie contemplative : « Jean est à l'origine de notre plus haute spiritualité. Comme lui, les "silencieux" connaissent ce mystérieux échange de cœurs, invoquent la présence de Jean et leur cœur s'enflamme » (Athenagoras, Patriarche œcuménique de Constantinople - « Dialogues avec Athenagoras » O. Clément Turin 1972, p. 159).

L’approfondissement du mystère du Christ avec la Vierge Marie

La découverte de "Meryem Ana", la "Maison de la Vierge" à Ephèse suite aux visions de Anne-Catherine Emmerich eut lieu sous le pontificat de Léon XIII (1878-1903). Informé de la chose, il manifesta ouvertement sa satisfaction, et Pie X, Benoit XV, Pie XI s’intéressèrent beaucoup à cette découverte. Paul VI, Jean-Paul II et Benoit XVI ont depuis fait pèlerinage sur place, indiquant que la vie contemplative de Jean auprès de la Vierge Marie à Ephèse est d’une certaine manière un modèle pour tous : « le Saint Esprit guide les efforts de l'Eglise, l'engageant à adopter le même comportement que Marie. Dans le récit de la naissance de Jésus, Luc note que sa mère « conservait toutes ces choses, les méditant dans son cœur », s'efforçant donc de « mettre ensemble » (en grec : Symballousa), avec un regard plus profond, tous les événements dont elle avait été le témoin privilégié. De façon analogue, le peuple de Dieu et lui aussi poussé par le même Esprit à comprendre en profondeur tout ce qui est dit de Marie, pour progresser dans l'intelligence de sa mission intimement liée aux mystères du Christ. Le mystère de Marie engage chaque chrétien, en communion avec l'Eglise, à méditer dans son cœur ce que la révélation évangélique affirme de la mère du Christ. » (Jean-Paul II). C’est aussi à Ephèse qu’Héraclite a popularisé la notion de Logos, et c’est certainement là que Jean composera, avec Marie, le Prologue de son Evangile, et le reste de son enseignement qui sera centré sur le mystère de l’Incarnation, que la Vierge Marie lui aura permis de découvrir en profondeur et qu’il aura dès lors soif de transmettre.

D’après Jean-Paul II

Catéchèse 8 novembre 1995

Jacques, frère de Jean, premier Apôtre martyr

Après la fin de la persécution, les Apôtres essayeront de se retrouver à Jérusalem, vers 41, mais Jacques de Zébédée, frère de Jean, sera arrêté et décapité par surprise par Hérode Agrippa. Le frère de Jean est le premier Apôtre à donner le témoignage du sang, et ça a forcément beaucoup marqué Jean, à qui Jésus avait aussi promis « ma coupe, vous y boirez ».

La transmission des trésors de la Vierge à Saint Luc

Les Apôtres finiront par se retrouver en 48 puis vers 49 avec Paul, pour ce qu’on appelle le « Concile de Jérusalem », réunion au cours de laquelle sera définie la doctrine sur la circoncision et seront relus et vérifiés les , et c’est sans doute à ce moment que la Vierge Marie, avec Jean, aura transmis à Luc les de l’enfance, les paraboles de la Miséricorde et le récit de la Passion, avant de rejoindre son Fils Jésus au Ciel par son Assomption quelques temps après. Jean-Paul II explique ainsi que « les premières communautés chrétiennes elles-mêmes ont recueilli les souvenirs de Marie sur les circonstances mystérieuses de la conception et de la naissance du Sauveur. En particulier, le récit de l'Annonciation répond au désir des disciples de connaître de façon plus approfondie les événements ayant trait au début de la vie terrestre du Christ ressuscité. Marie est en dernière analyse, à l'origine de la révélation sur le mystère de la conception virginale par l'opération de l'Esprit Saint. Cette vérité, qui démontre l'origine divine de Jésus, a été immédiatement saisie par les premiers chrétiens dans sa dimension importante, est inscrit au nombre des affirmations clés de leur foi » (Jean-Paul II, Catéchèse du 13 septembre 1995)

40 ans d’enseignement

Pendant les 40 ans qui suivront le départ de Marie, Saint Jean sera, selon la Tradition, le grand enseignant des évêques et disciples de la première génération (comme Ignace ou Polycarpe, qui formeront à leur tour Pothin et Irénée), qu’il reçoit et forme longuement en séminaires de formation de tradition exclusivement orale, à Jérusalem, puis à nouveau Ephèse, jusqu’à l’avènement de Domitien qui est le premier Empereur de Rome à vouloir durablement se faire adorer comme un dieu de son vivant. A Ephèse, où Jean réside régulièrement, Domitien fait construire un Temple imposant de 64 mètres par 85, avec un périptère de 24 mètres sur 34, ainsi qu’une statue gigantesque le représentant. L’équipe d’archéologues autrichiens qui a travaillé sur le site d’Ephèse précise qu’il a aussi financé sur place une fontaine, un troisième système d’adduction d’eau, le pavement de l’Embolos, et un nouveau gymnase et qu’il avait sur place un « délégué à la construction » le procurateur Ti. Claudius Clemens (d’après : Helmut Halfman, Ephèse et Pergame urbanisme et commanditaires en Asie Mineure – Ausonius 2004). Jean, qui est alors le dernier Apôtre encore en vie, n’a pas dû rester silencieux devant le blasphème de Domitien parce qu’il est traduit, en 94 selon plusieurs traditions, à Rome devant l’Empereur, qui le questionne et le soumet au supplice de l’huile bouillante, à la Porte Latine, devant le temple de Diane, qui est l’Artémis d’Ephèse.

Jean plongé dans l’huile bouillante à Rome à la Porte Latine

Plusieurs écrivains anciens (Polycarpe, Tertullien, Jérôme, Ambroise, Bède le vénérable, et les Apocryphes d’Abbdias, de Jean ou de Prochore) rapportent le miracle qui est fêté depuis chaque année à Rome le 6 mai : « Il sortit de la chaudière plus frais et plus vigoureux qu'il n'y était entré. » (Saint Jérôme). Tertullien insiste sur les 3 grands martyrs de l’Eglise de Rome : « Si tu vas en Italie, tu trouves Rome, où toute autorité est à notre disposition. Oh ! Combien est heureuse cette Eglise (de Rome) où quelques apôtres ont répandu toute la doctrine et versé leur sang ; où Pierre subit un martyre semblable à celui du Seigneur Jésus ; où Paul reçu la même couronne que Jean (le Baptiste) ; et où l’apôtre Jean immergé dans l’huile bouillante ne fut pas endommagé et fut condamné à l’exil dans l’île. » (Tertullien, « La prescription des hérétiques » chap. 36 – P.L. II, 59)

Saint Jean exilé à Patmos où il reçoit la révélation de l’Apocalypse

Après le miracle de l’huile bouillante, l’Empereur possiblement effrayé ou impressionné l’exile alors dans l’île de Patmos où il recevra en 96 la vision de l’Apocalypse, après avoir évangélisé l’île avec son scribe Prochore. Certains exégètes modernes voudraient faire douter de l’attribution de l’Apocalypse à Jean, mais la Tradition (Justin, Irénée, Jérôme, Clément, etc.) est unanime et les discussions qui ont pu exister à ce sujet au IV° siècle ont été closes par le Concile de Tolède qui conclut en 633 : « L’autorité de beaucoup de conciles et les décrets synodiques des saints évêques romains établissent que le livre de l’Apocalypse est de Jean l’Evangéliste et statuent qu’il doit être rangé au nombre des divins Livres. Or, il en est qui ne reçoivent pas son autorité et refusent de la proclamer dans l’Eglise de Dieu. Si quelqu’un désormais ne la reçoit pas et ne la reconnaît pas publiquement dans l’Eglise au temps des messes entre Pâques et Pentecôte, il sera frappé d’une sentence d’excommunication. » (ch 17, Dnz 486). Dès lors, et jusqu’au XIX° siècle, la Tradition a été absolument unanime dans toutes les Eglises apostoliques comme sur place, dans l’île de Patmos.

Ecriture de l’Evangile et apostolat à Ephèse au retour de Patmos

Jean retournera ensuite à Ephèse, et ce sera même sa période la plus active sur le plan apostolique, selon les Apocryphes (Actes de Jean, Actes de Prochore). Jean publia finalement en grec avec son scribe Prochore la substance affinée de son enseignement oral, et ce sera l’Evangile spirituel, tout centré sur le mystère de l’Incarnation du Verbe, manifestant pleinement la divinité du Christ. « L’acuité de son intelligence spirituelle fait comparer l’Apôtre Saint Jean à un aigle (…) l’Apôtre parle de la divinité du Seigneur comme nul n’en a jamais parlé. Il rendait là ce qu’il avait vu lui-même, car son propre Evangile raconte, non sans motif, qu’à la Cène il repose sur la poitrine du Seigneur (St Augustin Traité 36,1) C’est un Evangile unique et essentiel, qui reflète la personnalité unique de son auteur : « Il faut oser dire que, de toutes les Ecritures, les sont les prémices et que, parmi les , les prémices sont celui de Jean, dont nul ne peut saisir le sens s'il ne s'est renversé sur la poitrine de Jésus et n'a reçu de Jésus Marie pour mère. » (Origène)

La mort étonnante de Saint Jean

« Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » avait prophétisé le Christ en réponse à Pierre à propos de Jean, qui est demeuré très âgé, et qui a été pendant longtemps le dernier Apôtre encore en vie. L’Evangile rapporte en le corrigeant « le bruit qui s’était répandu parmi les disciples qu’il ne mourrait pas ». Jean est finalement mort à Ephèse, sous le règne de Trajan, d’après Saint Irénée, c’est-à-dire après l’an 104 et donc presque centenaire. Son tombeau est encore vénéré sur place dans l’immense Basilique Saint Jean qui lui a été consacrée. Le 8 mai, l’Eglise d’Orient célèbre la Synaxe en l'honneur de la cendre ou "Manne" que produisait le tombeau du saint et illustre. Après le repos et l'ensevelissement merveilleux du Saint Apôtre Jean le Théologien à Ephèse (qui est fêté chaque année le 26 septembre), son tombeau fut trouvé vide, et il devint une source de miracles. En particulier, chaque année, en ce jour du 8 mai, il se trouvait soudain recouvert d'une sorte de cendre, que les Chrétiens du lieu appelèrent la "Manne", laquelle avait la vertu de guérir les maladies de l'âme et du corps de ceux qui s'en oignaient avec foi. Ce miracle procura donc l'occasion à l'Eglise de célébrer solennellement une seconde fois, tous les ans, le Disciple Bien-aimé du Seigneur, fils chéri de la Mère de Dieu.

Les apparitions de Saint Jean avec la Mère de Dieu dans l’histoire de l’Eglise

Saint Jean apparut ensuite bien des fois dans l’histoire de l’Eglise : dès le III° siècle, à Grégoire le Thaumaturge, à Saint André le fou dans l’Eglise des Blachernes à Constantinople, à Catherine de Sienne, à Saint Jean de Dieu, au Pape Célestin V (1215-1296), à Ferdinand du Portugal (1402-1443), à un jeune cistercien admis par Saint Bernard, à Flodoard de Reims (v.893-966), à Gherardesca de Pise (+1269), à Marie Amice Picard le 19 mai 1634, à Heroldsbach (1949-1952, à Knock en Irlande le 21 août 1879, ou à Séraphin de Sarov, mais ces apparitions étaient toujours en compagnie de la Vierge Marie, sa mère, comme pour insister sur le lien unique qui avait avec la Mère de Dieu et qui lui a donné cette place si étonnante dans le plan de Dieu. La Révélation de Dieu se termine avec les écrits johanniques, et elle est définitivement close à la mort de Saint Jean.