Les chants du Serviteur (Is 42-53)

Les chants du Serviteur, une révélation pour le temps du retour d’exil

Le retour d'exil

En ce temps là, les Juifs sont en exil à Babylone, depuis près de 40 ans.

Le roi de Babylone (Nabonide) délaisse la ville et le culte de Mardouk, pour adorer la lune...

En Perse, un jeune chef, Cyrus, conquiert un vaste empire, de la Lydie aux frontières de l’Inde. Cyrus se présente comme envoyé des dieux des peuples qu’il combat et rend un culte à ces dieux : de cette façon, il séduit et combat très peu.
Il prend Babylone en 538 sans combat, et publie un décret permettant aux Juifs de rentrer dans leur pays et d’y reconstruire leur Temple.

Ce retour d’exil est très humble, sous la domination perse et samaritaine.

Les poèmes du Serviteur

Dans le premier poème, le Serviteur est appelé l’élu (Is 42,1). Contrairement aux prophètes, il « n’élève pas le ton » (Is 42,2). Il « expose le droit », pour la terre (Is 42,1.4). Mais les îles aussi (le monde entier) attendent sa loi : « Je t’ai façonné et donné comme alliance du peuple, comme lumière des nations » (Is 42,6).

Dans le second poème, le Serviteur a pour mission de restaurer les tribus de Jacob et de ramener les préservés d’Israël (Is 49,5). La réussite de cette double tâche va révéler la gloire de Dieu à toutes les nations (Is 51,5.7.10). Mais l’épreuve frappe le serviteur (Is 49,7).

Dans le troisième poème (Is 50,4-9a et 50,10-11) la persécution est devenue ouverte, elle s’est abattue aussi sur les rapatriés et leur chef est envoyé soutenir ceux qui sont épuisés (Is 50,4). Le chef invite à se confier en Dieu (50,10) et menace les adversaires (50,11).

Le quatrième poème (Is 52,13-53,12) révèle que la souffrance et la mort du Serviteur ont un sens dans le dessein de Dieu, elles vont obtenir le pardon des pécheurs qui n’avaient pas pu jusque là être libérés du poids de leurs fautes.

Les poèmes dans le contexte historique

Pour comprendre les oracles du Serviteur, il est essentiel de comprendre aussi :

- Comment Isaïe se situe dans le contexte de la religion perse de Cyrus.

- Les accents et les dimensions de la théologie d’Isaïe (chapitres 40 à 55) :


  • La foi d’Isaïe en un Dieu d’amour

  • La foi d’Isaïe en Dieu Sauveur parce que Créateur

  • La dimension universelle de la perspective d’Isaïe


- Comment les exilés vont retrouver leurs compatriotes, ils n’auront pas parcouru le même chemin, ils n’ont plus les mêmes spiritualités, les mêmes théologies.

Nous verrons aussi que les chants du Serviteur, en particulier le dernier (Is 53) dépassent le contexte historique et ne ressemble à aucun personnage connu.

La question de l'identité du Serviteur souffrant, innocent, offrant sa vie en sacrifice d'expiation, demeurera une question ouverte.


F. Breynaert

Situer Isaïe dans l’histoire d’Israël